Le dernier numéro de Sodalitium a paru en octobre 2018. Vous pouvez le trouver dans nos chapelles, nous le commander ou le télécharger en PDF.
Au sommaire :
- Éditorial – p. 2
- Les noces de Cana, le premier miracle accompli par Jésus, et la médiation de Marie – p. 5
- La secte maçonnique, 1717-2017 : 300 ans de franc-maçonnerie moderne – p. 21
- Le général Hermann Kanzler – p. 53
- Bergoglio change le Catéchisme à propos de la peine de mort – p. 61
- Marie antithèse de Satan – p. 28
- RECENSIONS
- Gérard ou Guérard ? – p. 66
- La vergogna della tradizione – p. 72
- VIE DE L’INSTITUT
- L’apostolat de l’abbé Arnold Trauner, membre de l’Institut Mater Boni Consilii – p. 73
- Vie de l’Institut du 15/5/17 au 24/06/18 – p. 75
Rappel : Les numéros de notre revue Sodalitium sont disponibles sur notre site, depuis le numéro 38.
Éditorial
Le passage de Ratzinger que nous avons cité est daté du 29 septembre 2014, mais était jusqu’alors inédit (il a été publié par Il Foglio le 8 mai 2018) et est extrait d’un texte envoyé par le “Pape émérite” à l’ancien président du Sénat italien, le libéral Marcello Pera, en commentaire de son livre publié en 2015, Diritti umani e cristianesimo. La Chiesa alla prova della modernità. Il n’y a donc pas de continuité entre le magistère des Papes et la nouvelle doctrine sur la liberté religieuse, c’est évident : cela saute aux yeux, il n’y a pas besoin de démonstration ; en deux lignes Ratzinger met à la poubelle de la théologie toutes les tentatives désespérées de conciliation mises en acte par quiconque s’efforce de croire encore au magistère et à son autorité, comme Dom Basile du Barroux, le père de Blignières, l’abbé Lucien, et d’autres. Mais cela ne signifie pas que Ratzinger croie un instant que le magistère de l’Église contre la liberté religieuse soit encore à prendre en considération ! En effet, il n’écrit pas “magistère” mais “affirmations”. Il ne dit pas, comme nous, “de l’Église”, mais : “des Papes du XIXe siècle”. Les Papes du XIXe siècle – pour Ratzinger – n’enseignent pas mais affirment, et bien évidemment, sont enfermés – allons donc ! – par la cage de l’historicisme, dans le XIXe siècle (gare à en sortir, gare à prétendre enseigner une vérité immuable, et pas seulement une opinion muable).
Jamais comme au cours de ces dernières années, depuis que Jorge Mario Bergoglio a été élu (attention ! seulement élu) au Souverain Pontificat, s’élèvent les voix de certains membres (materialiter) de la “hiérarchie” qui arrivent à parler parfois même d’hérésie, ou à mettre quand même en doute des documents du “magistère”. Après le front ouvert par Amoris lætitia (où est mise en cause toute la morale chrétienne sur le péché, le mariage, l’adultère, les sacrements de pénitence et de l’eucharistie) s’est ouvert aussi celui concernant la communion aux hérétiques, qui a divisé l’épiscopat allemand. Des cardinaux comme Burke, Brandmüller, les défunts Meisner et Caffarra, les cardinaux Pujats et Eijk, soutenus par des évêques comme les trois Kazakhs, Peta, Lenga et Schneider, les Italiens Vigano et Negri, Mgr Laun (auxiliaire de Salzbourg), un théologien (toujours, bien évidemment, à la retraite…) comme Mgr Livi, sans parler des nombreux “correcteurs filiaux” parmi lesquels – mais tiens, tiens ! – même Mgr Fellay, ont parlé de rupture, d’incompatibilité avec la Foi et la Morale, et même d’hérésie. Mais ces réactions désordonnées ne donnent, pour le moment, aucune espérance. Tout d’abord parce qu’ils disent précisément “corrections filiales”, reconnaissant ainsi en J. M. Bergoglio leur Père et le Vicaire du Christ. Ils entendent donc s’opposer au Vicaire du Christ et condamner ou mettre de côté les documents de son magistère comme s’ils n’existaient pas. Exactement comme fait Ratzinger avec les “affirmations des Papes du XIXe siècle”. Ensuite, pourquoi ont-ils tous (sauf peut-être Mgr Fellay, au moins jusqu’à maintenant) accepté Vatican II et ses réformes, la liberté religieuse, la collégialité, l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, la réforme liturgique, le nouveau code de droit canon (qui admet des cas dans lesquels on peut donner des sacrements aux non catholiques : cf. Sodalitium n° 56 pp. 20-27, Le nouveau code de droit canon, l’administration des sacrements et l’œcuménisme). Et alors ? À juste titre, celui qu’ils reconnaissent comme Vicaire du Christ leur répond qu’il ne fait rien d’autre qu’appliquer le Concile. Et comment peut-on opposer à la morale matrimoniale d’Amoris lætitia le “magistère” de Paul VI et Jean-Paul II, avec toute leur “sainteté” canonisée ? Amoris lætitia s’oppose à Paul VI et Jean-Paul II ? Mais Pacem in terris et Dignitatis humanæ s’opposent aussi de manière évidente aux affirmations des Papes du XIXe siècle, et tous ces cardinaux, évêques et théologiens qui doutent, résistent et corrigent n’ont eu aucun problème à accepter la liberté religieuse et à oublier les Papes du XIXe siècle. Le Novus Ordo Missæ de “saint” Paul VI s’éloigne de manière impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique telle qu’elle a été codifiée au Concile de Trente (cardinaux Ottaviani et Bacci), pourtant aucun de ces cardinaux, évêques et théologiens ne considèrent illégitime le rite “ordinaire” réformé précisément par Paul VI. C’est la même main qui a signé Amoris lætitia qui a signé l’autorisation aux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X (qui en sont très heureux) de confesser ou de bénir les mariages, et l’autorisation pour ses évêques d’ordonner des prêtres. Et même les résistants à Mgr Fellay, au nom d’une plus stricte fidélité à Mgr Lefebvre (surtout pas de dialogue avec le Pape et avec les “Romains”), comme Mgr Williamson et l’abbé Nitoglia (o quam mutatus es ab illo !) ne semblent plus avoir de grands problèmes avec la réforme liturgique, considérée légitime, valide, honorée par des miracles divins, raison pour laquelle – ben voyons ! – on peut aussi assister à la messe réformée (ce grand libéral de Mgr Fellay n’est pas encore arrivé à dire aussi clairement des choses de ce genre). Pauvre “traditionalisme”, à quoi est-il réduit !…
Nous espérons toujours que les occupants des sièges épiscopaux abjurent finalement toutes les erreurs modernistes véhiculées par Vatican II et par les réformes subséquentes : alors, et seulement alors, leur action sera profitable à l’Église et à toute la chrétienté. Tant au contraire que les différents “correcteurs filiaux” continueront à reconnaître la légitimité de Paul VI et de ses successeurs, en s’attribuant ainsi la mission de “corriger” à leur gré ce qui pour eux sont le Pape, le magistère, la liturgie ou la discipline de l’Église, ils ne contribueront qu’à augmenter la confusion dans laquelle nous vivons et la gravité de la situation. Que Notre-Dame du Bon Conseil les éclaire, que le Christ-Roi nous sauve et règne.