Réponse à des objections (Sainte Écriture, Secret de la Salette, etc.)

(Extrait de Sodalitium n°49)

Nous signalons à nos lecteurs que nous proposons à la vente une brochure reprenant les documents du Saint-Siège au sujet du Secret de La Salette. En outre, vous pouvez aussi trouver sur ce site l’article intitulé « Notes pour l’étude de la Sainte Écriture (et des autres sciences ecclésiastiques en général) » .

L’article de l’abbé Ricossa “L’Apocalypse selon Corsini” et son appendice “à propos de certaines prophéties et révélations privées” (Sodalitium n° 48, pp. 45-61) a suscité la réaction négative de Les Amis du Christ Roi de France (A.C.R.F., B.P. 2, F – 44140 Aigrefeuille; mai 1999) et de son responsable, Louis-Hubert Remy. Citons les critiques: “On a été atterré de lire dernièrement dans une revue estimable une violente attaque contre le secret de La Salette. Nous croyions l’auteur plus savant et au courant des polémiques sur le secret. La reine de France n’est pas venue chez nous, chez elle, pour ne parler que de pommes de terre. Relire ‘Les Secrets de La Salette’ de Max Le Hidec, N.E.L., 1969, où l’auteur explique les condamnations qui ne se prononcèrent pas sur l’authenticité: ‘Il est possible que le Saint-Office ait voulu uniquement viser les commentaires du Secret et cette interprétation est d’autant plus vraisemblable que la première phase du décret semble faire allusion aux livres condamnés de l’abbé Combe’. Les éléments du secret sont bien réels puisque tous accomplis ou presque et renouvelés par le message de Fatima. Pourquoi cet article? L’auteur ne sait-il pas que tous ceux qui ont attaqué La Salette ont mal fini? Le dernier exemples est l’abbé de Nantes” (p. 4, n. 1). “Ainsi parlait le Cardinal Pie. Que ceux qui suivent des révélations privées, sérieuses, non condamnées, éprouvées, soient rassurés. Que ceux qui les rejettent systématiquement, n’imposent pas aux autres leur sectarisme. Ces derniers sont bien souvent de pseudo-théologiens, plus attachés à une formation universitaire sceptique, libérale et naturaliste que çatholique” (p. 7). Sur la “prédiction de Saint François”: “On a l’impression qu’elle gêne. On se demande bien pourquoi. (…) On nous a objecté qu’elle devait s’appliquer à la période du grand schisme d’Occident. Et des articles apparemment fort savants, avec une ‘documentation irréfutable à l’appui’, nous assure (sic) qu’elle se réfère à Boniface VIII et Jean XXII. ‘Elle serait un texte ‘sedevacantiste’, mais forgé par des ‘sedevacantistes’ du XIVième siècle qui, par dessus le marché, avaient tort!’. Nos critiques commencent par parler d’hypothèses et finissent par une condamnation sans nuance. Procédé bizarre. Quoi qu’il en soit, plus on la médite, plus elle décrit bien notre époque. Et si ce qui est annoncé dans les 19 premières lignes s’est réalisé, les persécutions prophétisées dans les huit dernières sont très probables” (p. 18). “Nous avons lu dernièrement dans une revue estimable une recension moderniste épouvantable qui n’honore pas son auteur. Qu’il lise la préface introductive de l’abbé Drach dans ‘La sainte Bible’ édition Lethielleux, 1879, tome 23, Apocalypse de saint Jean: il y a trois systèmes d’interprétation” (p. 19, n. 3).
Nous avons demandé à l’abbé Ricossa, qui est l’auteur (non cité, mais bien reconnaissable) accusé de modernisme, naturalisme, libéralisme, scepticisme et sectarisme, une réponse à M. Remy. La voici.
Ma réponse sera double: elle portera d’une part sur les points controversés (et sera nécessairement brève), et elle portera d’autre part sur M. Remy en général.
Quant à la controverse, je réponds ainsi: 

1) A propos du Secret de La Salette:

a) Mon attaque n’était pas violente: je n’ai fait que rapporter les prises de position de l’glise.

b) Dans le message approuvé par l’Eglise, la Sainte Vierge ne parle pas seulement de “pommes de terre”. Elle parle des péchés des hommes (profanation du jeûne, blasphèmes, profanation de la fête), du châtiment du péché, de son rôle de médiatrice auprès de Jésus-Christ. Il est atterrant de constater l’ironie et le mépris de M. Remy pour ce que certainement la Sainte Vierge a dit à La Salette.

c) Je suis bien au courant de la littérature en défense du secret. Moi-même je ne me suis pas prononcé sur l’authenticité de celui-ci (pp. 57-59, 61). Mais, c’est le texte même du secret, tel qu’il a été édité par Mélanie, qui a été “réprouvé et condamné” (dans le décret de 1923) et non ses interpolations (réponse de 1957) ou seulement ses commentaires. Donc la thèse de Le Hidec est insoutenable, parce qu’elle se heurte aux interprétations que le Saint-Siège a données de ses décrets.

d) Le pourquoi de l’article est clairement exprimé dans l’éditorial (p. 3) et dans l’article même: pp. 57, 61. Défendre la vérité avec des arguments non probants détériore la vérité que l’on veut défendre (un bel exemple de cette attitude sont les articles de M. Remy et les livres de Delacroix).

e) Il ne me semble pas que Léon XIII, saint Pie X, Pie XI et Pie XII aient mal fini. Si je finis mal (à Dieu ne plaise) ce ne sera certainement pas pour avoir cru et obéi à l’Eglise.

2) A propos du Cardinal Pie, sur les révélations privées: Le Cardinal Pie, cité par l’A.C.R.F., écrit textuellement: “L’Eglise, quand elle a formé sa conviction sur la valeur de la révélation, si elle en autorise la croyance, ainsi que les actes de piété qui s’y rattachent, ne fait pourtant de commandement et n’impose d’obligation à personne” (p. 7). Avec cette citation M. Remy se donne des verges pour se faire battre, puisque si l’Eglise n’oblige même pas à l’égard des révélations privées qu’Elle a sagement approuvées, encore moins peut-on imposer de croire à des ‘révélations’ qu’Elle a explicitement réprouvées (ou pas approuvées). Quant à moi, je crois et embrasse toutes les dévotions et révélations approuvées et recommandées par l’Eglise.

3) A propos de la “prédiction de Saint François”:

a) Personne n’a parlé du Grand Schisme (à moins que M. Remy croie que Boniface VIII et Jean XXII aient régné à cette époque).

b) “Cette prophétie est très étonnante par sa clarté”, écrit M. Remy (p. 18). Que nous dise alors le sedevacantiste Remy où donc est “ce vrai Souverain Pontife” auquel très peu de chrétiens voudront obéir, dont nous parle la “très claire” prophétie.

4) A propos de l’interprétation de l’Apocalypse:

a) L’Eglise n’a pas imposé une exégèse particulière (M. Remy écrit: “il y a trois systèmes d’interprétation”).

b) Je n’impose à personne a l’exégèse de Corsini.

c) Mais je ne vois pas en quoi cette exégèse serait moderniste (M. Remy ne l’explique pas non plus). Peut-être considère-t-il comme modernistes même le cardinal Billot et Mgr Spadafora?

d) M. Remy ne peut pas imposer non plus l’exégèse d’Holzauser.

Quant aux positions de M. Remy, il me semble que l’on doive relever une dangereuse incohérence. Il impose un système moral et dogmatique extrêmement rigide (qui le pousse à déclarer à la p. 14 “pas digne d’un catholique” ce qui est autorisé par Pie XII), qui attire pour cette raison des âmes ferventes. Mais cette rigidité est souvent rigorisme, et même pharisaïque (“ils attachent des fardeaux pesants et qu’on ne peut porter, et ils les mettent sur les épaules des hommes; mais ils ne veulent pas même les remuer du doigt” Matth. XXIII, 4). En effet, il écrit à propos de l’“église conciliaire”: “l’église conciliaire est-elle catholique? Ce ne peut être un oui, mais… Ce ne peut être un non, mais… De votre réponse dépend une attitude cohérente. Si c’est un oui, vous devez… Si c’est un non, vous devez… Pour nous, l’église conciliaire n’a plus rien de catholique (…). Nous qui passons notre vie à nous conformer à une pensée catholique, à une vie catholique, savons en croyant et faisant ce qui a toujours été cru et fait, ce qu’est être catholique. Et nous savons que l’église conciliaire n’est pas catholique. Un point, c’est tout” (p. 2). “On ne peut, sous peine d’apostasie, accepter telle ou telle partie de l’autre (église), aussi minime soit-elle. (…) On doit TOUT lui reprocher, TOUT refuser. Refuser ses ‘papes’, sa ‘hiérarchie’, ses ‘dogmes’, son ‘enseignement’, son ‘catéchisme’, ses ‘sacrements’, ses ‘rituels’, etc. etc.” (p. 6).

Il faut TOUT refuser, même la MINIME partie, sous peine d’APOSTASIE… Sauf les messes célébrées en communion avec Jean-Paul II, auxquelles M. Remy assiste tranquillement. Et sauf les déclarations de nullité matrimoniales prononcées au nom de Jean-Paul II par la Sacrée Rote: puisqu’alors dans ce cas l’“église conciliaire”, ses “papes” etc. sont à nouveau l’Eglise et le Pape, et ce, pour permettre à M. Remy un second mariage. Non seulement il faut refuser les sacrements aux femmes en pantalons (et ce n’est certes pas beau pour une femme qui n’est pas Jeanne d’Arc de porter des pantalons) mais les proches de ces “pécheresses publiques” ne devraient même plus les recevoir chez eux ou à leur table (p. 25): c’est M. Remy, qui a deux épouses, qui donne des leçons aux “pécheurs publics” et à leurs parents.

Nous devons de la reconnaissance à Louis-Hubert Remy, puisqu’il est de ceux qui nous ont fait connaître le Père Guérard des Lauriers. Mais ce souvenir nous blesse particulièrement en le voyant publier et inspirer un livre, comme celui de l’abbé Paladino, Petrus es tu?, qui combat la Thèse du Père Guérard. Mais que voulez-vous: cette Thèse ne refuse pas TOUT (sauf les nullités de mariage et les messes de la Fraternité). La longue crise que nous traversons éprouve tant d’âmes généreuses et fidèles qui, en temps normal, auraient été admirables, sous la conduite de bons prêtres. L.-H. Remy aussi en fait partie. Tant d’exemples de chutes sacerdotales lui ont fait croire que plus qu’être dirigé par un prêtres, il doit, de fait, diriger lui-même (plus ou moins en coulisses) les prêtres. Nous comprenons ses difficultés, nous admirons, parfois, son zèle. Mais il faudrait, à mon avis, un peu plus de prudence, d’humilité, de capacité de rester à sa place…”.

 

Nous signalons à nos lecteurs que nous proposons à la vente une brochure reprenant les documents du Saint-Siège au sujet du Secret de La Salette. En outre, vous pouvez aussi trouver sur ce site l’article intitulé « Notes pour l’étude de la Sainte Écriture (et des autres sciences ecclésiastiques en général) » .