En 2019, cinquante ans après l’introduction du nouveau missel, et quarante ans après la publication de la Thèse de Cassiciacum sur le n° 1 des Cahiers du même nom, le Centro librario Sodalitium, par respect pour la figure de ce grand théologien que fut Mgr Guérard des Lauriers publie le livre sur le N.O.M. inédit jusqu’à ce jour ; le Père Guérard commença la rédaction de ce travail en 1976 – année du fameux ‘été chaud’ de la ‘suspens a divinis’ de Mgr Lefebvre qui rendit la question de la Messe connue du monde entier – et il espérait le publier en 1979.
Dans cet ouvrage, le Père Guérard examine l’invalidité intrinsèque de la “nouvelle messe” de trois points de vue différents : le point de vue du droit, le point de vue de la praxis, le point de vue de la “sagesse” qui consiste à remonter aux causes. Le passage le plus intéressant de son étude consiste dans l’examen de l’intention du célébrant, que le Père Guérard examine ici ex novo. Les étudiants en théologie verront comment cette étude du Père Guérard sur ce sujet, indépendamment des disputes sur le nouveau missel, est d’une particulière importance.
Aujourd’hui, on peut constater toujours davantage les horribles conséquences de la vacance formelle du Siège Apostolique et de la privation quasi universelle du sacerdoce et du Sacrifice, conséquences visibles à tous, sauf aux aveugles volontaires. Cet ouvrage est un remarquable support intellectuel pour persévérer dans la défense et dans l’amour de l’Oblation pure de la Nouvelle et Éternelle Alliance. À qui, au contraire, préfèrerait à la théologie d’improbables miracles que le Ciel susciterait en faveur de la ‘messe de Luther’, nous ne savons que dire, sinon les paroles de l’Évangile : “Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles. Or, si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous les deux dans une fosse” (Matth. 15, 14).
Attention, ce livre est un véritable ouvrage d’étude, pour des lecteurs avertis.
396 pages
Prix 20,00€
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Préface de l’éditeur
Le premier numéro de la revue de théologie Cahiers de Cassiciacum porte la date “mai 1979” et, comme on le sait, publiait l’étude du père dominicain M. L. Guérard des Lauriers intitulée Le Siège Apostolique est-il vacant ? Il s’agissait de la thèse devenue célèbre sous le nom, précisément, de Thèse de Cassiciacum, selon laquelle Paul VI était “pape” seulement materialiter, mais n’était pas Pape formaliter. Élaborée au cours des années précédentes, publiée dans une première version à diffusion réduite, elle était enfin diffusée dans une version augmentée dans la belle et élégante revue d’études théologiques dédiée au Père Guérard des Lauriers et à ses écrits.
À la fin de ce volume – que nous pouvons définir comme historique – était publié également un bref article (cinq pages) écrit par un des jeunes prêtres qui avaient quitté la Fraternité Saint Pie-X pour suivre le Père Guérard des Lauriers : l’abbé Bernard Lucien. L’article (Le livre du R.P. Guérard des Lauriers sur le N.O.M.) commençait avec cette annonce qui, hélas, ne put tenir sa promesse : “attendu et désiré depuis plusieurs années par les esprits qu’anime l’Amour de la Vérité, le livre du Père Guérard sur le N.O.M. (Novus Ordo Missæ) sera bientôt achevé. Bref article d’une trentaine de pages, à l’origine, il est devenu en trois ans une étude extrêmement poussée et précise qui paraîtra, si Dieu veut, en trois volumes”. Mais le livre en question est resté incomplet (comme le resta la Somme de saint Thomas, si parva licet componere magnis) et c’est aussi pour cela qu’il est resté inédit jusqu’à maintenant.
C’est pourquoi il nous semble de notre devoir, par respect pour la figure de ce grand théologien que fut le Père Guérard et pour l’utilité d’un nombre peut-être restreint mais qualifié de lecteurs, spécialement prêtres (espérons-le), de faire imprimer (1) cette œuvre qui commença dans la lointaine année 1976 – le fameux ‘été chaud’ de la ‘suspens a divinis’ de Mgr Lefebvre qui rendit la question de la Messe connue du monde entier – et qu’il espérait publier en 1979. Au cours de toutes ces années, le texte dactylographié du Père Guérard des Lauriers a été lu et étudié par peu de personnes, parmi lesquelles les séminaristes de notre séminaire “Saint Pierre Martyr” quand ils doivent aborder le traité des sacrements.
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La “question de la Messe” naquit avec la rédaction d’un “novus ordo missæ” entré en vigueur le premier dimanche de l’Avent de 1969, il y a 50 ans. Le Père Guérard des Lauriers, alors enseignant à l’Université Pontificale du Latran à Rome, rédigea le Bref examen critique du Novus Ordo Missæ qui fut approuvé et présenté à Paul VI par les Cardinaux Ottaviani et Bacci ; sur la revue française La Pensée catholique (n° 122), dirigée par l’abbé Luc Lefebvre, il publia en même temps une autre étude théologique intitulée L’ordo missæ. Ces deux études (la première fut publiée par les soins de l’écrivain Cristina Campo) sont à la base du refus doctrinal du Novus Ordo Missæ, puisqu’étranger à la foi catholique telle qu’elle est définie solennellement par le saint Concile de Trente ; refus que le Père Guérard des Lauriers manifesta publiquement par la “Déclaration” publiée sur la revue Itinéraires d’avril 1970.
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Le refus du N.O.M. posait ensuite, dans l’ordre de la praxis, un premier dilemme aux fidèles catholiques : celui de la licéité ou de l’illicéité de l’assistance à la “nouvelle messe”. En même temps, et d’accord entre eux, prirent position contre la possibilité d’assister à la “messe” selon le nouveau rite tant le Père Vinson, que le Père Guérard des Lauriers, avec l’article Assister à la messe ?, publié dans le n° 24 de mars 1972 de la revue de catéchèse Forts dans la Foi, dirigée par le R.P. Barbara. Mgr Lefebvre acceptera de fait la conclusion du Père Guérard des Lauriers seulement au cours de l’été 1981, à l’occasion de la crise ouverte au séminaire d’Ecône par un professeur, l’abbé Piero Cantoni (favorable à la licéité d’assister à la ‘nouvelle messe’).
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Restait la question de la validité du “novus ordo”. Le Bref examen critique n’ignorait pas le problème, traitant de la question dans la note 15 : “Telles qu’elles figurent dans le nouvel ‘ordo’, les paroles de la Consécration peuvent être valides en vertu de l’intention du prêtre. Mais elles peuvent aussi ne l’être pas, car elles ne le sont plus par la force même des paroles (ex vi verborum) ; ou, plus précisément : elles ne le sont plus en vertu de leur signification propre, du modus significandi qu’elles ont dans le Canon romain du Missel de saint Pie V. – Les prêtres qui, dans un proche avenir, n’auront pas reçu la formation traditionnelle, et qui se fieront au nouvel ‘ordo’ pour ‘faire ce que fait l’Église’, consacreront-ils validement ? Il est légitime d’en douter”.
Dans l’édition de 1982 du Bref Examen Critique rédigée par Mgr Guérard des Lauriers, notre auteur intégrait cette note avec les conclusions auxquelles il était arrivé dans le livre que nous publions et dans la Thèse dite de Cassiciacum.
Mais déjà en 1969 le Bref Examen posait donc, avant même que Paul VI “promulguât” le Nouveau Missel, le problème de la validité.
De fait, la première conclusion à laquelle arrivait le Bref examen, était que les paroles de la consécration telles qu’elles se trouvent dans le “Novus Ordo” ne garantissaient pas la validité de la consécration et donc de la Messe : “les paroles de la Consécration (…) peuvent aussi ne pas l’être (valides, n.d.r.) ex vi verborum ; ou, plus précisément : en vertu du modus significandi qu’elles ont dans le Canon romain du Missel de saint Pie V”. Or, selon les rubriques du Missale Romanum, un changement de la forme sacramentelle qui en changerait le sens (idem non significarent) rendrait invalide le sacrement (De defectibus, V : de defectibus formæ, 1).
Cependant, la même note examinait la possibilité que l’intention encore catholique du prêtre, pût rendre valide la célébration avec le N.O.M., surtout dans les premiers temps :
l’intention subjective et personnelle du “bon” prêtre pouvait-elle suppléer à l’“intention” objective de l’autorité véhiculée par le texte liturgique du nouveau rite ? C’est pourquoi la question (l’intention catholique subjective du “bon prêtre ” qui adoptait un rite objectivement invalide) méritait un approfondissement et un éclaircissement que la présente étude du Père Guérard des Lauriers aborde avec une profondeur non dénuée d’un théologique “sens de l’humour”.
On remarque que le seul fait de supposer possible une grave erreur doctrinale dans un rite de la Messe approuvé par l’Autorité, et même son éventuelle non validité, présupposait en réalité, bien qu’encore implicitement, que Paul VI n’était effectivement pas l’Autorité. La solution du problème de l’Autorité contribuera à éclairer et à clore la question du problème de la (non) validité du N.O.M.
C’est ainsi qu’après la publication de la Thèse sur les Cahiers de Cassiciacum, l’étude sur la (non) validité du N.O.M. perdait une bonne partie de son intérêt, devenant comme un corolaire et une conséquence de la thèse principale, celle sur la vacance (formelle) du Siège Apostolique.
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Revenant à l’article de l’abbé Lucien, bien qu’étant conscients qu’“on ne résume pas un tel ouvrage”, nous essayerons de résumer pour notre lecteur le contenu du livre. Un livre qui aurait dû sortir en trois volumes, puisqu’il aborde la question de la possible invalidité de la “nouvelle messe” de trois points de vue différents : le point de vue du droit, le point de vue de la praxis, le point de vue de la “sagesse” qui consiste à remonter aux causes.
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Le premier point de vue est celui de la validité du N.O.M. du point de vue du droit. Qu’est-ce que cela signifie ? “Examiner le N.O.M.” explique l’abbé Lucien “selon son contenu objectif, en rapport avec les normes de validité des sacrements”. Eh bien : pour le Père Guérard des Lauriers, “l’on ne peut atteindre de certitude au point de vue du droit. Car il manque l’apport de la lumière surnaturelle, tel qu’il eut lieu avec Léon XIII pour les ‘ordinations anglicanes’”. Selon l’auteur, donc, du point de vue du droit, on ne peut pas dire qu’est démontrée la validité du N.O.M. (ou même que la question de la non-validité ne peut pas non plus être posée) mais on ne peut pas non plus soutenir, comme faisait le R.P. Barbara, alors chef de file des “sedevacantistes” français, que le N.O.M. était certainement invalide.
Sur la “question de la messe”, le Père Guérard des Lauriers se distinguait donc tant des “lefebvristes” que des “barbaristes” (comme on disait alors), exactement comme ce sera le cas sur la “question du Pape”.
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“Le volume II” (pour nous le chapitre II) “répondra affirmativement à la question : ‘Peut-on prouver, avec certitude, que le N.O.M. doit être tenu comme non valide au point de vue de la pratique”. L’abbé Lucien expose l’argument : “rappelons d’abord qu’en matière sacramentelle on doit, en pratique, s’en tenir au plus sûr. Le jugement de prudence surnaturelle qui commande une action dans cet ordre est donc subordonné au tutiorisme. En ce qui concerne le N.O.M., le Père Guérard montre que le plus probable c’est la non-validité ; toutefois, rappelons-le, on ne peut en prouver avec certitude l’invalidité en droit. On peut donc conclure, a fortiori, qu’il est impossible de prouver avec certitude la validité : si on ne peut démontrer le plus probable, on ne peut non plus démontrer le moins probable. Il faut donc, en vertu du tutiorisme, tenir en pratique le N.O.M. comme non valide”. “Toute la difficulté de la preuve” – poursuit l’abbé Lucien – “réside évidemment dans la ‘majeure’ : le plus probable c’est la non-validité. Le Père Guérard l’établit soigneusement, mettant en évidence le caractère objectivement équivoque du N.O.M., caractère incompatible avec la sainteté de l’Église”.
Pour démontrer la “majeure” de son syllogisme (la non validité du Nouveau missel est plus probable), l’auteur examine tant la forme sacramentelle du N.O.M., que l’intention du célébrant (la validité dépend en effet, rappelons-le, de la forme, de la matière et de l’intention).
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Sur cet aspect de la question également, l’étude du Père Guérard des Lauriers se distingue par son absolue originalité. Les autres auteurs qui ont traité de la critique du N.O.M. et de sa possible invalidité du point de vue de la forme sacramentelle, se sont arrêtés, avec des arguments valables, sur la signification que prend la ‘forme’ dans le contexte du nouveau missel (en perdant précisément son caractère de ‘forme’ pour devenir un simple ‘récit de l’institution’) ou sur les changements de la ‘forme’ de consécration du vin, où les omissions d’une partie de la ‘forme’ traditionnelle sont évidentes. Le Père Guérard s’arrête au contraire sur la ‘forme’ de consécration du pain, dans laquelle il n’y a pas omission, mais ajout (du “quod pro vobis tradetur”) ; ajout, qui plus est, qui est utilisé couramment par les défenseurs de l’orthodoxie du nouveau missel pour soutenir que la nouvelle ‘forme’ sacramentelle exprime mieux que l’ancienne le caractère sacrificiel de la Messe (ainsi, par exemple, l’abbé Cantoni, dans sa thèse universitaire publiée avec une présentation de Mgr Gherardini). Le Père Guérard des Lauriers, au contraire, n’hésite pas à dénoncer justement dans l’ajout du “quod pro vobis tradetur” à la ‘forme’ de consécration du pain, la principale viciosité du N.O.M. du point de vue de la ‘forme’ sacramentelle, et ce malgré les objections historicistes (les hypothétiques anciennes formes sacramentelles) ou celles tirées de la liturgie orientale.
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Mais la partie peut-être la plus intéressante du livre que nous présentons au lecteur consiste dans l’examen de l’intention du célébrant : rappelons, en effet, le doute, exprimé dans le Bref examen critique sur l’intention subjectivement catholique d’un bon prêtre qui pourrait garantir la validité de la célébration selon le nouveau missel, ou au contraire l’influence d’une intention subjectivement non catholique du célébrant qui pourrait comporter l’invalidité de ladite célébration. Le Père Guérard des Lauriers examine ex novo toute la question de l’intention du ministre dans la célébration des sacrements, et particulièrement dans la célébration de la Sainte Messe : “le Père Guérard établit ensuite la même conclusion, toujours au point de vue de la pratique, par un deuxième argument plus spécifique : c’est la preuve fondée sur l’‘intention’ du célébrant. La théologie de l’intention du ministre dans les sacrements a subi de nombreuses vicissitudes depuis quelques siècles, sous l’influence du volontarisme. Le Père Guérard rétablit d’une manière lumineuse les droits du réalisme, se fondant essentiellement sur les documents du Magistère et sur la doctrine de S. Thomas. Et il prouve magistralement, résolvant au passage toutes les difficultés qui ont pu être présentées, que le prêtrequi célèbre selon le N.O.M. prend en fait l’‘intention de l’Autorité’ qui a promulgué ce rite. Et comme cette intention signifiée est objectivement ambiguë(ceci a été démontré dans l’argument précédent) il est impossible d’êtreassuré que cette célébration soit valide : ce qui nous conduit à la mêmecertitude pratique que précédemment”. Tout étudiant de théologie connaît les longues disputes non résolues entre les différentes écoles théologiques (y compris) sur la question de l’intention requise chez le ministre pour l’administration valide des sacrements. Indépendamment des disputes occasionnées par le nouveau missel, l’étude du Père Guérard sur l’intention du ministre est d’une particulière importance – à mon avis – dans l’étude de la théologie, pour la solution de l’éternel problème.
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L’exposition du “principe de l’intention droite” dans l’exposition théologique de la question de l’intention du ministre des sacrements, est sans doute la contribution la plus importante à la théologie que l’auteur donne dans cette œuvre fondamentale. De cette manière, le Père Guérard des Lauriers corrige – également dans ce domaine – une tendance qui a causé, et depuis longtemps, une profonde et négative influence sur la pensée théologique : le volontarisme. L’abbé Lucien écrit (en employant parfois une terminologie en vogue à cette époque, comme l’expression “Église conciliaire”) :
“L’apostasie immanente de l’Église conciliaire n’a si bien proliféré que parce qu’elle a trouvé un terrain favorable. Et ce terrain est le fruit des grandes hérésies du siècle dernier, mais aussi des gauchissements plus anciens qui ont fini par produire ce qu’ils contenaient en germe dès l’origine. Or ceux qui s’opposent farouchement aux effets directement contraires à la foi, sont souvent imprégnés des principes qui en sont la cause profonde. Les suites de cette situation sont graves, et parmi elles se trouve notamment la paralysie croissante da la résistance catholique. Le Père Guérard se livre donc à un exposé critique détaillé du volontarisme, du libéralisme et du modernisme. Il montre aussi comment ces divers constituants de la pensée moderne ont empêché que soit posé avec objectivité, à de (trop) rares exceptions près, le problème de la non-validité du N.O.M”. Les prêtres, les théologiens (et les laïcs aspirants théologiens) qui se sont opposés aux réformes conciliaires sont, on peut bien l’espérer, à l’abri ou exempts du modernisme et au moins pour une bonne partie aussi du libéralisme ; mais bien peu sont exempts de ce volontarisme qui en philosophie et en théologie a d’abord conduit à la décadence de la scolastique avec le nominalisme, et qui a survécu aussi dans la seconde scolastique où l’on chercha une synthèse entre la pensée de saint Thomas et celle des autres écoles théologiques, portant à ce gauchissement, à cette distorsion intellectuelle qui, après Vatican II, n’a plus trouvé ni remède ni frein dans le Magistère. C’est aussi pour ce motif, en plus d’un “libéralisme” diffus (entendu comme mentalité), que les thèses du Père Guérard des Lauriers sur la “question de la Messe” et sur la “question du Pape” sont restées incomprises sinon combattues y compris dans ce qu’on appelle le monde “traditionaliste”.
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Il nous reste encore – avant de laisser le lecteur au texte même du Père Guérard des Lauriers – le devoir d’illustrer le troisième chapitre ou volume : une tâche ardue, puisque la partie conclusive de l’ouvrage, comme déjà dit, n’a jamais été écrite, même si elle est anticipée dans ses conclusions dans les premiers volumes. Ainsi nous nous en remettrons encore à la plume de l’abbé Lucien, pour exposer au lecteur le raisonnement et les conclusions qui auraient dû être exposés dans le troisième et dernier chapitre.
“Après avoir étudié ce volume (le second), le lecteur s’interrogera certainement : l’opposition du N.O.M. aux notes de l’Église, en particulier à la sainteté (premier argument), les nombreuses données mises en œuvre pour établir le principe de l’intention droite (deuxième argument) ne permettent-elles pas de construire la preuve que le N.O.M. est en droit invalide ? Le Père Guérard maintient sa réponse négative : car pour construire cette éventuelle preuve ‘de droit’, il faudrait faire état de données d’observation (autres que le contenu objectif du N.O.M.) et donc se placer au point de vue du fait.
Toutefois, cette interrogation invite à dépasser le point de vue de la pratique, qui conduit à une certitude subjective subordonnée au ‘tutiorisme’, pour se placer au point de vue de la Sagesse : et c’est l’objet du troisième volume.
Le N.O.M. et ses effets, maintenant manifestes pour tous les observateurs, ont une cause : l’intention qui en est l’origine. Le Père Guérard montre que par cette voie, avec toutes les données que l’on possède sur Paul VI, on peut obtenir une certitude objective de la non-validité du N.O.M. (et plus seulement une certitude subjective portant sur l’utilisation du N.O.M.). Mais la preuve ainsi construite demeure liée à l’induction qui la constitue, et se distingue ainsi essentiellement de l’impossible preuve ‘de droit’ de type déductif. L’écart qui existe entre ces deux espèces de raisonnements est ‘l’humble envers de notre hommage à la Lumière de la très sainte Foi’.
Le Père Guérard étudie en détail le cas de Paul VI, à partir de l’observation de ses actes. Il prouve que ce qui arrivait sous ce pontificat, et que le pape SEMBLAIT désapprouver, en RÉALITÉ il le voulait. De cette observation bien établie découlent la non-consistance de cette (pseudo-) autorité et la non-validité du N.O.M : non-validité fondée à la fois sur l’identité entre l’intention du pape et ce qui en est objectivement signifié (le N.O.M. équivoque) et sur l’inexistence d’une promulgation authentique qui aurait garanti ce rite par l’infaillibilité du Magistère ordinaire”.
La preuve inductive en Sagesse (c’est-à-dire par les causes plus hautes) est donc parallèle à la preuve inductive de la thèse de Cassiciacum, dont les arguments constituent en bonne part ceux de ce troisième volume inédit.
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Ayant eu recours jusqu’ici à l’article de l’abbé Lucien, nous nous en servirons aussi pour la conclusion de notre présentation du livre du Père Guérard des Lauriers :
“Ce bref aperçu, qui n’est qu’une annonce des grandes parties de l’étude du Père Guérard a seulement tenté d’en faire pressentir la richesse à ceux qui connaissent la qualité des travaux de ce vrai théologien. Nous voudrions surtout que tous les fidèles se décident à faire l’effort de lire cet exposé et de le diffuser au maximum, non seulement auprès des traditionalistes convaincus, pour les conforter dans leur foi, mais aussi auprès de tous les ‘bons prêtres’ et de leurs ‘théologiens’ pour qu’ils acceptent enfin de porter un regard objectif sur la crise de l’Église”.
Cinquante ans après l’introduction du nouveau missel, et quarante ans après la publication de cet article et du n° 1 des Cahiers de Cassiciacum, alors que l’on peut constater toujours davantage les horribles conséquences de la vacance formelle du Siège Apostolique et de la privation quasi universelle du sacerdoce et du Sacrifice, conséquences visibles à tous, sauf aux aveugles volontaires, l’Institut Mater Boni Consilii et le Centro librario Sodalitium offrent donc aux catholiques d’aujourd’hui, spécialement aux prêtres, en signe de déférence à la mémoire de Mgr Guérard des Lauriers, ce remarquable support intellectuel pour persévérer dans la défense et dans l’amour de l’Oblation pure de la Nouvelle et Éternelle Alliance. À qui au contraire, préfèrerait à la théologie d’improbables miracles que le Ciel susciterait en faveur de la ‘messe de Luther’, nous ne savons vraiment que dire, sinon les paroles de l’Évangile : “Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles. Or, si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous les deux dans une fosse” (Matth. 15, 14). Que Dieu nous préserve d’une telle cécité spirituelle.
Abbé Francesco Ricossa
4 août 2019
1) Une version informatique partielle au format PDF a été diffusée par l’abbé Hervé Belmont en 2006 sur son blog Quicumque. À son avis : “ce texte est impubliable tel qu’il est demeuré : trop fortement marqué par les controverses de l’époque de sa rédaction, trop touffu ou morcelé par les multiples corrections et additions qui n’ont pas été unifiées par la suite”.