« Laissez venir à moi les petits enfants…
car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu »
(Mc X, 14)
(Extrait de Sodalitium n°35 édition française de mai 1994)
Par M. l’abbé Ugolino Giugni
Préambule
On parle souvent (et hors de propos) de nos jours de l’éducation des enfants et de la jeunesse. L’État (laïc-maçon et antichrétien ! n.d.a.) tend désormais toujours plus à s’approprier un rôle dans l’éducation des enfants, qui est par droit naturel propre aux parents et aux éducateurs chrétiens qu’ils ont choisis. Il est évident que cette “éducation” [les guillemets sont de rigueur parce qu’il serait préférable de parler de “déséducation”, sinon carrément de perversion de la jeunesse] qui procède d’une organisation (l’État) non plus chrétienne et non plus informée dans ses institutions par les principes de la Religion Catholique, tend à former des “citoyens” destinés à vivre dans le “nouvel ordre mondial”. Ces fils du vingtième siècle devront être ouverts à toutes les idées et tolérants envers toutes les religions (surtout les fausses… ou mortifères…). Leur unique ennemi sera l’intolérance et l’exclusivisme. Pour arriver à cela, ces enfants devront être déchristianisés, pervertis dès leur jeunesse, par une “déséducation” perverse dispensée par l’État.
Le Pape Léon XIII observait déjà en 1884 que « si selon la prétention des Naturalistes et des Francs-Maçons, on fait disparaître les principes [d’un Dieu qui a créé le monde et qui le gouverne par sa Providence, d’une loi éternelle dont les prescriptions ordonnent de respecter l’ordre de la nature et défendent de le troubler, d’une fin dernière…] de toute justice et honnêteté, il sera impossible de savoir en quoi consiste la science du juste et de l’injuste, ou sur quoi elle s’appuie. Quant à la morale, la seule chose qui ait trouvé grâce devant les membres de la secte maçonnique, et dans laquelle ils veulent que la jeunesse soit instruite avec soin, c’est celle qu’ils appellent morale civique – morale indépendante – en d’autres termes, morale qui ne fait aucune place aux idées religieuses.
Or combien une telle morale est insuffisante, jusqu’à quel point elle manque de solidité et fléchit sous le souffle des passions, on le peut voir assez par les tristes résultats qu’elle a déjà donnés. Là en effet, où après avoir pris la place de la morale chrétienne, elle a commencé à régner avec plus de liberté, on a vu promptement dépérir la probité et l’intégrité des mœurs, grandir et se fortifier les opinions les plus monstrueuses, et l’audace des crimes partout déborder » (1).
Je voudrais suggérer ici aux parents et aux éducateurs quelques pensées sur l’éducation, conformément à la morale et à la doctrine catholique, m’inspirant particulièrement de la méthode eucharistique expliquée par l’Abbé Edouard Poppe.
Origine et histoire de la Croisade Eucharistique : le décret de saint Pie X
Au cours du XIXème siècle, il y eut déjà des prêtres éducateurs de la jeunesse, comme saint Jean Bosco, qui comprirent l’importance des sacrements, et des sacrements bien reçus, dans l’éducation des enfants. Don Bosco exprimait ainsi sa pensée : “On doit tenir éloignée comme de la peste, l’opinion de quelqu’un qui voudrait différer la première Communion à un âge trop avancé, quand en général le démon a pris possession du cœur de l’enfant causant un dommage incalculable à son innocence. (…) Quand un enfant sait distinguer entre pain et pain, et fait preuve d’une instruction suffisante, qu’on ne tienne plus compte de l’âge et que le Souverain Céleste vienne régner dans cette âme bénie” (2).
Bien vite se forma un courant de pensée favorable à la communion précoce des enfants. De ce courant faisait partie aussi Mgr Giuseppe Sarto, le futur Pape saint Pie X, qui une fois élevé sur la Chaire de saint Pierre, codifia et promulgua avec force de loi cette idée de la Communion précoce, qui était désormais opinion quasi commune et aspiration de beaucoup d’âmes pieuses. Le 8 août 1910, le décret “Quam singulari” par lequel saint Pie X changeait les usages ecclésiastiques concernant la première Communion vit le jour.
Voici la pensée du Saint Pontife : “Cette coutume qui, sous prétexte de sauvegarder le respect dû à l’auguste Sacrement, en écarte des fidèles, a été la cause de maux nombreux. Il arrivait, en effet, que l’innocence de l’enfant, arrachée aux caresses de Jésus-Christ, ne se nourrissait d’aucune sève intérieure ; et, par suite, la jeunesse, dépourvue de secours efficaces, et entourée de tant de pièges, perdait sa candeur et tombait dans le vice avant d’avoir goûté aux saints Mystères. Même si l’on préparait la première Communion par une formation plus sérieuse et une confession soignée, ce qu’on est loin de faire partout, il n’en faudrait pas moins déplorer toujours la perte de la première innocence, qui peut-être eût pu être évitée si l’Eucharistie avait été reçue plus tôt.
Et certes, puisque dans l’antiquité on distribuait les restes des Saintes Espèces aux enfants encore à la mamelle, on ne voit aucune raison légitime d’exiger maintenant une préparation extraordinaire des petits enfants qui vivent dans la si heureuse condition de la première candeur et de l’innocence et qui ont le plus grand besoin de cette nourriture mystique au milieu des multiples embûches et dangers de ce temps.
À quoi attribuer les abus que nous réprouvons, sinon à ce que, en distinguant deux âges, l’un pour la Pénitence, l’autre pour l’Eucharistie, on n’a ni nettement ni exactement défini ce qu’est l’âge de discrétion ? Et pourtant le Concile de Latran ne requiert qu’un seul et même âge pour ces deux sacrements, quand il impose simultanément l’obligation de la Confession et de la Communion.
Ainsi donc, de même que pour la Confession on appelle âge de discrétion celui auquel on peut distinguer le bien du mal, c’est-à-dire auquel on est parvenu à un certain usage de la raison, de même pour la Communion on doit appeler âge de discrétion celui auquel on peut discerner le pain eucharistique du pain ordinaire, et c’est précisément encore l’âge même auquel l’enfant atteint l’usage de la raison.
L’insigne de la Croisade Eucharistique
La connaissance de la religion requise dans l’enfant pour qu’il soit convenablement préparé à la première Communion est qu’il comprenne, suivant sa capacité, les mystères de la foi (…) et qu’il sache distinguer le pain eucharistique du pain ordinaire et corporel, afin de s’approcher de la Sainte Table avec la dévotion que comporte son âge” (3).
Par ce décret, saint Pie X fixait désormais l’âge de la première Communion à l’âge de raison, c’est-à-dire à sept ans environ.
Suite à cette décision papale historique d’anticiper l’âge de la Communion des enfants naquit, s’inspirant du décret de saint Pie X, la Croisade Eucharistique. La Croisade Eucharistique est une association religieuse, faisant partie de la plus vaste œuvre de l’Apostolat de la prière, dont elle est une section. Elle fut fondée en 1915 à Toulouse par le Père A. Bessières, et se diffusa rapidement dans le monde entier. En Italie elle commença à se propager en 1921. En Belgique, à partir de 1920, elle bénéficia de la collaboration du Père Poppe qui écrivit son livre : “La Méthode Eucharistique”, considéré comme un chef-d’œuvre de la formation des petits Croisés (4).
Ce qu’est la Croisade Eucharistique
“La Croisade Eucharistique est l’armée juvénile de l’Apostolat de la prière, qui dans tous les pays rassemble des milliers d’enfants et de jeunes autour de l’autel, où, dans sa réalité, vit le Cœur de Jésus” (5). Elle fut appelée Croisade par analogie aux Croisades du Moyen-Age, qui avaient pour but de libérer le tombeau de Jésus-Christ de la domination des Turcs. À leur ressemblance, les petits Croisés de l’Eucharistie cherchent à libérer les âmes, qui par malheur seraient tombées dans le péché, pour les faire redevenir les temples vivants du Saint-Esprit.
Les petits Croisés selon leur devise “Adveniat Regnum Tuum”, désirent défendre le Règne du Sacré-Cœur, c’est-à-dire lui apporter de nouvelles âmes qui, vaincues par sa grâce, soit viennent pour la première fois à la lumière de la vérité, soit y retournent, si elles s’en étaient éloignées. De même que les royaumes terrestres deviennent plus grands en portant leur bannière hors des frontières, ainsi le Règne de Jésus-Christ se diffuse-t-il en dressant sa Croix dans les autres pays et en conquérant de nouveaux sujets à sa loi. Ils mettent vraiment tout en œuvre pour consolider ce Règne de Jésus, priant et faisant des sacrifices afin que l’on ait pas à déplorer des défections, mais qu’au contraire s’accroisse le nombre de ceux qui s’intéressent à la diffusion de ce même Règne.
Le but de cette Croisade est de susciter dans les cœurs des jeunes la flamme du zèle, en formant des petits apôtres et d’augmenter en eux l’amour pour Jésus au Saint-Sacrement. Elle est dite “Eucharistique” parce que, comme on le verra, la Communion fréquente est une des armes puissantes dont se servent les petits Croisés de l’Eucharistie pour obtenir de Jésus le zèle pour triompher dans les âmes.
Les Croisés étant comme des soldats, ils auront à leur disposition des armes (spirituelles) et seront au service d’un Roi. Leurs armes sont :
a) La prière apostolique (6), c’est-à-dire l’offrande quotidienne au Cœur de Jésus (Divin Cœur…) par laquelle chaque souffrance se transforme en prière pour le salut des âmes.
b) La Communion apostolique fréquente, offerte au Seigneur pour la diffusion de son Règne d’Amour.
c) Les Sacrifices apostoliques, qui forment le Trésor du Sacré-Cœur (Trésor de la Croisade) et sont de petits sacrifices spirituels offerts pour la même fin, qui tempèrent le caractère des petits Croisés.
d) L’action apostolique en faveur des petits compagnons, spécialement en propageant auprès d’eux la dévotion au Sacré-Cœur.
L’Eucharistie est l’âme de la prière des Croisés. Par la Communion et l’offrande de la journée ils transforment toutes leurs actions en prière. Prie !
L’Eucharistie les unit à Dieu dans la Sainte Communion. Le Tabernacle est le lieu où Jésus donne rendez-vous à ses amis. Il dit en effet : “Celui qui mange ma chair, demeure en moi, et moi en lui” (Jn VI, 56). Communie !
L’Eucharistie sera l’âme de leurs sacrifices. La Sainte Messe est le renouvellement du Sacrifice du Calvaire. Face à la Croix, aux difficultés, aux épreuves, la première réaction du Croisé est de dire : “Jésus, je vous l’offre”, avec amour et avec joie, sans résignation ni tristesse. Sacrifie-toi !
L’Eucharistie est l’âme de leur Apostolat. En elle les Croisés trouvent la force et l’enthousiasme nécessaires pour faire le bien à leur prochain, pour porter les hommes à Jésus. Sois apôtre !
Ces quatre points fondamentaux, qui se réfèrent tous à l’Eucharistie, sont exprimés dans la devise des Croisés : Prie, Communie, Sacrifie-toi, Sois apôtre !
Leur Roi est le Sacré-Cœur de Jésus, qui vit et palpite au ciel et dans la Sainte Eucharistie. Au service de ce divin Roi d’Amour, les petits Croisés prennent leurs armes, pour étendre toujours plus Son Règne, parmi les hommes, dans les familles, dans la société. Et c’est pourquoi ils s’appellent aussi les Croisés du Sacré-Cœur.
Le champ d’action des petits Croisés sont les âmes sauvées par le Sang de Jésus-Christ, spécialement celles de leurs chers parents, pour les récompenser de l’amour dont ils les entourent et des sacrifices qu’ils affrontent pour eux, de leurs maîtres et éducateurs ainsi que de ceux qui coopèrent à leur formation intellectuelle et religieuse, de leurs compagnons d’école, de collège, etc., et de toute la jeunesse du monde, spécialement de celle de leur patrie.
Les enfants inscrits à la Croisade Eucharistique sont divisés en plusieurs grades (comme dans toute armée). Ils y entrent comme Pages, après une première période de probation ils deviennent Croisés, pour devenir enfin Chevaliers. Ces trois degrés engagent les enfants à maintenir des Promesses différentes :
Le Page s’engage à :
– Dire les prières du matin avec l’acte d’offrande.
– Dire les prières du soir avec le trésor.
Le Croisé s’engage à :
– Dire les prières du matin avec l’acte d’offrande.
– Dire tous les jours au moins deux dizaines de chapelet, ou un chapelet entier si possible.
– Recevoir la Sainte Communion tous les dimanches, et plus souvent, si possible.
– Faire un sacrifice tous les jours.
– Lutter contre le défaut particulier.
– Se confesser une fois par mois.
Le Chevalier, en plus des promesses du Croisé, s’engage à :
– Réciter le chapelet chaque jour.
– Faire la communion spirituelle, ou faire la visite au Saint Sacrement, si possible.
– Se confesser tous les quinze jours, si possible.
– Faire un quart d’heure de méditation chaque jour.
Qu’ont pensé les Papes de la Croisade Eucharistique ? “Tenant la place du bon Jésus, Nous ne pouvons qu’entourer d’un amour de prédilection les petits, les privilégiés de son Cœur divin. Que dire des Petits Croisés et des petits apôtres ?… Du plus profond de notre cœur paternel, donc, Nous invoquons la plus tendre bénédiction sur eux, sur leurs familles et sur tous ceux qu’ils aiment et qui leur font du bien”. Ainsi s’exprimait Pie XI, à l’occasion d’une de ses nombreuses audiences qu’il accorda aux petits Croisés.
Benoît XV, le 30 juillet 1916, supplia les chers et puissants enfants d’élever les mains vers l’autel ; et à six reprises, au cours de son Pontificat, bénit cette Croisade Eucharistique.
Le Congrès Eucharistique International de Lourdes en 1914, avait émis un vœu pour une Croisade Eucharistique internationale des enfants.
Plus de deux cent Cardinaux et Évêques du monde entier ont encouragé et béni la même initiative.
Ce que veut dire éduquer
“Éduquer un enfant chrétiennement, c’est l’aider à se rendre conforme au Christ” (7) (Rom. VIII, 29). Pour fuir le danger du naturalisme et du semi-pélagianisme (8) nous devons rappeler ici l’économie dans laquelle cette éducation doit avoir lieu. L’homme après le péché originel se trouve dans un état de “nature déchue” qui a été cependant “réparée” par la Rédemption opérée par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Si notre but, en éduquant les enfants, est celui de “les rendre conformes au Christ”, nous devons tenir compte qu’eux, comme leurs parents… et tous les hommes qui naissent dans cette “vallée de larmes”, sont souillés par le péché originel ; donc, nous devrons faire aussi un travail de “réformation”.
Cette introduction faite, l’éducation aura comme point de départ l’enfant dans l’état de “nature déchue” à la suite du péché originel ; comme procédé éducatif, la réforme méthodique de l’enfant du vieil Adam pour le conformer au nouvel Adam qui est Jésus-Christ ; enfin le terme final sera justement cette conformité parfaite de l’enfant avec Jésus, conformité qui se réalisera en deux temps : par la grâce, sur la terre, et par la gloire de la vision béatifique, au ciel.
La méthode eucharistique
Dieu nous a “prédestinés à être conformes à l’image de son Fils” [“quos… prædestinavit conformes fieri imaginis Filii sui” (Rom. VIII, 29)] ; ce commandement, ou prédestination, vaut pour tous les hommes, donc aussi pour les enfants. Ils devront être aidés par l’éducateur à se conformer dans toute leur vie et leurs actions à Notre-Seigneur, à penser, à agir, comme Jésus aurait pensé et agi. Si tel est le but auquel on tend, il est clair que cette éducation est une œuvre purement surnaturelle.
L’éducation a donc un but et des moyens purement surnaturels ; elle est nécessairement œuvre de la grâce. Sans cette grâce du Christ tous nos efforts et les moyens naturels resteront inefficaces [“sans Moi vous ne pouvez rien faire” (Jn XV, 5)]. L’éducateur devra compter, avant tout, sur la grâce, aussi bien pour lui que pour ses élèves.
C’est à ce point que l’éducation devient “eucharistique” parce qu’elle recourt comme moyen-fin à l’Eucharistie, l’auguste Sacrement qui contient l’auteur même de la grâce (Jésus-Christ). Ainsi raisonne l’Abbé Poppe :
« 1) Toutes les grâces ont leur source première dans la miséricorde de la Très Sainte Trinité.
2) Elles ont leur source méritoire dans le Sacrifice sanglant de la Croix de l’Homme-Dieu, de l’unique-Prêtre, et Souverain-Pontife, Jésus-Christ, né de la Bienheureuse Vierge Marie » (9).
Comme le sacrifice du Calvaire est le centre de l’histoire universelle, de la même manière la Sainte Messe est le centre et la source d’énergie de toute notre vie personnelle et de tout système d’éducation. Toute la vie de l’éducateur, comme celle de ses élèves, doit être ordonnée vers le saint Sacrifice. Or, il n’y a pas de participation plus intime, plus efficace, plus ordonnée, au Sacrifice renouvelé de la Croix, que la sainte Communion. Il devient donc nécessaire de mettre l’éducation en relation étroite avec la sainte Messe, et ce, au moyen de la pratique de la Communion : Communion fréquente, Communion fervente, Communion fructueuse. Les grâces reçues par elle devront être employées à la correction des défauts de l’enfant et à lui faire acquérir l’esprit et les vertus de Jésus-Christ (le conformer au Christ veut dire l’éduquer).
Le serviteur de Dieu, l’Abbé Edouard Poppe (1890-1924)
Les moyens pratiques pour faire participer les enfants à la sainte Messe et pour leur faire faire des Communions fréquentes-ferventes-fructueuses, seront de les faire souvent penser à ces choses avec de continuelles invocations et observations du genre : “Mes enfants, Jésus vous attend demain…” ; leur faire remarquer comment le Saint Sacrifice est continuellement offert dans toutes les parties du globe (cadran eucharistique), en leur faisant s’en souvenir durant la journée pour mettre leurs actions actuelles en relation avec la Sainte Messe célébrée à ce moment. Il y a beaucoup d’autres moyens pédagogiques que nous suggère l’Abbé Poppe :
a) le point particulier : parce que recevoir la grâce (dans la Communion) ne veut pas dire encore avoir ni la sainteté ni la perfection, mais seulement avoir le principe de cette sainteté et perfection, il est nécessaire que ces grâces reçues soient développées dans la vie de l’enfant, selon ses capacités et son tempérament. La Communion fructueuse doit diriger la grâce divine vers la correction des défauts de l’enfant, pour acquérir l’esprit de Jésus-Christ, au moyen de la pratique du point particulier. Parce qu’il est impossible d’appliquer l’attention et l’effort de l’enfant (la même chose vaut pour l’adulte… qui est un enfant un peu plus grand…) à acquérir toutes les vertus, et à corriger tous les défauts, il faut concentrer son effort et son attention sur un point déterminé de sa vie, comme : un défaut dominant, ou une vertu qui s’oppose à ce défaut. Il faut apprendre à l’enfant à contrôler, à graduer ce point particulier pour pouvoir se corriger, selon son caractère et sa capacité. On doit aussi tenir compte, dans l’application du point particulier, de l’idée directrice, qui est comme une résolution générale ou un propos, qu’on détermine et qu’on réalise en particulier. Par exemple, si on a comme règle générale : “je veux me convertir… je veux devenir saint…” elle sera appliquée sur un point particulier “j’irai me confesser… je n’irai plus dans cet endroit… demain je communierai…”.
b) Le billet de conduite : le prêtre ou l’éducateur en confectionne plusieurs et il y écrit un point particulier, différent pour chaque enfant, sous forme d’un souhait de Jésus, comme par exemple : “Cher enfant, Jésus te demande pour cette semaine une petite mortification à chaque repas”. Chaque enfant prendra un billet dans la “boîte de Jésus”.
c) Le billet de la semaine : l’enfant recevra un petit billet, sous forme de questionnaire, sur lequel il écrira en détail la manière dont il aura observé le point particulier. Ces billets, sans signature, seront mis dans une boîte déposée au pied d’une statue du Sacré-Cœur, de la T. S. Vierge, ou de saint Joseph (selon le mois), et les meilleurs pourront aussi être lus à titre d’exemple.
d) L’offrande de la journée à faire chaque matin dès le lever, avec la prière suivante : « Divin Cœur de Jésus, je vous offre, par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie, les prières, les actions, et les souffrances de cette Journée, en réparation de nos offenses, et pour toutes les intentions pour lesquelles vous vous immolez continuellement sur l’Autel. Je vous les offre en particulier pour l’Eglise, pour avoir de saints prêtres, pour les intentions de la Croisade Eucharistique ».
e) Le Trésor du Sacré-Cœur : il s’agit d’une feuille sur laquelle chaque soir l’enfant note les bonnes actions qu’il a faites (sacrifices, actes d’amour, actes d’apostolat, prières, Communions, etc.) et les victoires remportées sur son défaut particulier ou contre le démon. Ce Trésor sera ensuite offert, avec celui des autres petits Croisés, à Jésus-Christ durant la Sainte Messe (10).
Par cet exposé, on peut voir comment dans la méthode eucharistique tout est coordonné et étroitement lié pour poursuivre le but qui nous était proposé : conformer l’enfant à Jésus-Christ, et comment tous les moyens sont rigoureusement surnaturels.
Les fruits de la Croisade Eucharistique
On pourra légitimement chercher quels fruits a produit cette méthode eucharistique, apparemment aussi complexe dans son explication. Elle à produit des fruits admirables de sainteté et d’abnégation chez les enfants. On dit que saint Pie X en promulguant le décret “Quam singulari” avait dit : “Il y aura des Saints parmi les enfants…” ; cette prédiction du saint Pape s’est vérifiée.
Anne de Guigné
La Croisade Eucharistique a eu aussi ses Saints ; ce sont des enfants qui en furent les précurseurs. À l’école de Don Bosco, de nombreux enfants, parmi lesquels nous pouvons citer saint Dominique Savio, Michel Magone et tant d’autres encore, se sont sanctifiés au moyen de la pratique de la Communion fréquente, qui fut ensuite l’âme de la Croisade Eucharistique.
D’autres enfants se sont sanctifiés, réalisant en eux-mêmes le but de la C. E. (les rendre conformes au Christ), avec les moyens qu’elle avait mis à leur disposition. Nous citerons brièvement les plus connus, invitant les parents à les faire connaître à leurs enfants, en les leur donnant comme exemple.
Anne de Guigné : née le 25 avril 1911, manifesta tout de suite une nature très difficile ; elle était orgueilleuse, jalouse, impérieuse, désobéissante, gourmande, coléreuse. Quand son père mourut à la guerre, les larmes de sa mère furent lumière pour elle, qui se “convertit à quatre ans” et se prépara à la première Communion, qui marquera en elle le début de l’ascension régulière vers le Dieu d’Amour, au moyen de la souffrance, de l’offrande pour la conversion des pécheurs, et surtout par le moyen de la mortification ferme et résolue de la volonté et de la curiosité (choses naturelles chez les enfants !). Anne mourra à dix ans et neuf mois. À sa mère qui lui disait qu’elle “était une bonne petite fille”, elle avait répondu : “Maman, si je suis bonne, c’est parce que vous m’avez bien élevée !”. Terrible leçon pour nous autres éducateurs…
Voici quelques phrases d’Anne de Guigné, qui nous donnent la preuve du degré d’amour et de sainteté atteint par cette enfant : “Il y a tant de joies, ici-bas, mais éphémères. La joie durable consiste dans le sacrifice accompli” ; “Il faut aimer beaucoup Jésus et faire tout pour son amour” ; “Il suffit que Jésus soit content” ; “J’offre tous mes sacrifices à Marie, afin qu’elle les présente à Jésus au Paradis”.
Louis Olivarès : né en 1913, dans une bonne famille, à Bogota en Colombie. Doué d’une intelligence au-dessus de la moyenne, à trois ans il désire faire sa première Communion. Puisque, même en connaissant le décret de saint Pie X, on lui répondait qu’il ne savait pas lire et ne connaissait pas le catéchisme, pour apprendre à lire, 1l épia les leçons données à son frère aîné Edouard, jusqu’à ce qu’un beau jour il dit à sa mère : “Maman, je sais lire, je fais ma première Communion… !”. Après une vérification consciencieuse (il lisait mieux que son frère !) et diverses discussions, à quatre ans, Louis fit sa première Communion.
Malgré les talents dont il est doté, il fait tout pour ne pas briller par eux. Il est capable de composer de la musique, il dessine avec art, possède le don de la récitation théâtrale, écrit des poésies, mais surtout déteste se mettre en avant.
Après la mort prématurée de son frère Édouard, il manifeste à seize ans le désir de “quitter cette terre” et semble avoir connaissance de sa mort prochaine. Bien vite il tombe malade ; c’est en communiant tous les jours qu’il se prépare avec joie à la mort, considérée comme un martyre ; pris de terribles maux d’estomac, il peut recevoir la Sainte Communion une fois encore, et meurt en dix jours, en désirant uniquement l’“Hostie”, comme il convient à un Croisé de l’Eucharistie.
Herman Wijns : fut un vrai Croisé, adorateur de Notre-Seigneur Jésus-Christ immolé durant la Sainte Messe. Né en Belgique, dans une famille de fervents chrétiens, fils d’un boucher qui possède un commerce prospère. Le père, homme extraordinaire, conduira son fils sur la voie de l’héroïsme, avec une grande fermeté, comme un très grand directeur spirituel. De la prospérité la famille Wijns passa à la misère la plus noire, parce que le père s’était porté garant d’un collègue qui avait fait faillite, et pour ce faire, avait dû vendre son propre commerce, changer de maison et s’était trouvé sans travail. C’est au milieu de ces tribulations que le caractère du petit Herman se forma : à l’âge de deux ans, le soir 1l surprenait son père à prier le chapelet dans sa chambre et se mettait à le réciter avec lui, bien vite il en connut tous les mystères. Le père se rend à la Messe tous les matins, Herman, de lui-même, l’accompagne ; chemin faisant, le bon père lui enseigne le catéchisme qui est reçu de manière remarquable par l’enfant. A six ans, il est admis à la première Communion, devient Croisé, connaît bien le catéchisme et la Sainte Messe, manifeste le désir de devenir prêtre en disant : “Ou prêtre, ou rien du tout !”.
Recherchant la perfection jusqu’à l’héroïsme, son amour pour Jésus se manifestait dans l’exacte exécution de la liturgie, à tel point que le curé résolut de faire entendre à ses séminaristes en vacances, de la bouche d’un enfant de neuf ans, “comment on prononce la langue vivante de l’Église”.
Aux sacrifices que lui imposait la pauvreté familiale (il dut souffrir la faim), Herman en ajouta d’autres, comme quand il resta jusqu’au soir sans boire une goutte d’eau durant une journée très chaude ; souvent il restait éveillé la nuit, au froid, à prier et à faire pénitence pour la mère qui, découragée, ne voulait plus aller à l’église.
« Seigneur Jésus, vous le savez : du travail pour papa, de la force et de la résignation pour maman, pour moi, mon école des Frères (11) ». Avec cette intention, Herman fait vingt-cinq neuvaines qu’il marque méthodiquement sur son carnet ; à la vingt-cinquième neuvaine, il avait dit à Jésus : “Mon Dieu, c’est ici ma neuvaine jubilaire, c’est la dernière…”. Jésus qui a dit : “Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous l’obtiendrez” (Mc XI, 24), l’exauça : papa trouve une place au ministère (nous sommes en 1940, la Belgique est envahie par les Allemands), la misère prend fin et Herman peut rester dans son école.
Herman Wijns,
petit Croisé de l’Eucharistie
Fidèle à la parole donnée à son père afin que lui fût accordée la permission de servir la Sainte Messe, de la servir toujours, tous les jours même pendant les vacances, même quand les autres garçons iraient en excursion, d’être donc servant de messe à cent pour cent – Herman ira à l’église même durant l’hiver, dans la neige, prenant des engelures aux pieds. À son père qui lui ordonnait de rester huit jours au lit, l’enfant répond suppliant : “Ma Messe, ma Communion !”. Le père, qui veut le bien d’Herman, dira que son autorité paternelle ne pouvait forcer le sanctuaire qu’était la conscience de son fils, domaine réservé à Dieu, et accordera la permission.
Après avoir pressenti sa mort, et s’y être préparé, Herman mourut à la suite d’un tragique accident causé par l’imprudence de ses compagnons. Les deux opérations auxquelles il fut soumis furent inutiles ; dans le délire, on l’entendait réciter : Confiteor, Kyrie, Gloria, ses dernières paroles furent : “In sæcula sæculorum. Amen”.
D’autres saints enfants que l’on peut citer sont : Nellie du Dieu Saint (Nellie of Holly God), orpheline irlandaise, consommée en sainteté à quatre ans et demi et Louis Vargues, Croisé et enfant de chœur expérimenté, qui servit jusqu’à six Messes par jour en disant que la Messe mettait l’ordre en sa vie (12).
Jésus aime les petits Croisés ? Comment pouvons-nous en douter ! Eux L’aiment : les enfants cités l’ont démontré avec un héroïsme au-dessus de leur âge, d’autres ont embrassé la Croisade avec grande générosité, Jésus-Christ leur rend par son affection. N’at-Il pas dit en effet : « “Laissez les petits enfants venir à moi, ne les en empêchez pas, car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume de Dieu. En vérité je vous le dis : Celui qui n’acceptera pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera pas”. Et, après les avoir serrés dans ses bras, il les bénissait en leur imposant les mains » (Mc X, 14-16), et encore : “Si vous ne redevenez comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Celui donc qui se fera petit comme le petit enfant que voici, c’est lui qui sera plus grand dans le royaume des cieux” (Matth. XVIIL 3-4). Jésus n’a-t-Il pas blâmé dans la sentence suivante, ceux qui scandalisent les enfants : “Celui qui scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui que l’on suspendît une meule de moulin à son cou, et qu’on le précipitât au fond de la mer” (Matth. XVIIL, 6) ?
La Croisade Eucharistique aujourd’hui
Beaucoup de lecteurs peuvent se demander : que reste-t-il de la C.E. après le Concile Vatican Il ? À dire vrai, bien peu, parce qu’elle dérangeait le modernisme ; le coup de grâce lui fut asséné, encore avant le Concile, par le “bon” Jean XXIII. Avec l’excuse que le titre de Croisade “faisait de la peine aux musulmans”, à l’occasion d’un grand pèlerinage à Rome des délégations de la Croisade du monde entier en 1960, Jean XXIII par sa volonté expresse changea le nom de la Croisade Eucharistique en celui de Mouvement Eucharistique des Jeunes (M.E.J.).
La révolution conciliaire a porté ses fruits… avec le Novus Ordo Missæ et la communion dans la main, il n’y a plus de sens de parler des croisés et de respect pour l’Eucharistie [on ne peut plus inculquer aux enfants ce que plus personne des adultes, et des prêtres, n’a… (13) [nemo dat quod non habet…].
Après que la C.E. eût changé de nom, l’esprit du nouveau mouvement (M.E.J.) ne fut plus celui de ses origines ; il faut toutefois dire qu’elle a continué à exister au sein du traditionalisme. La méthode de la C.E. a été ressuscitée dans certains camps ou colonies pour enfants organisés par des traditionalistes opposés aux innovations du Concile.
Donc si la C.E. a cessé d’exister canoniquement, elle est restée toujours vivante comme procédé éducatif accepté, voulu, approuvé par la Sainte Église, et béni par les Pontifes Romains, et rien ne peut nous empêcher de nous référer à eux comme nous faisons nous-mêmes, prêtres et séminaristes de l’Institut Mater Boni Consilii, dans les camps que nous organisons pour les enfants. Mais aujourd’hui nous devons porter une attention particulière à la crise de l’Église. Il est en effet important, étant donné l’absence d’autorité dans l’Église, de faire que la Croisade ne parte pas battue d’avance : car, comme nous l’avons vu, elle fait de la sainte Messe et de l’Eucharistie le centre éducatif et la source de toute grâce. Il est absolument nécessaire que la sainte Messe soit pure de toute tache [Messe non “una cum”], non injurieuse à Dieu, mais qu’elle lui soit agréable, afin que par elle puisse descendre sur nos enfants et sur les éducateurs cette grâce divine sans laquelle toute œuvre humaine sera vaine.
Enfin, je ne voudrais pas terminer cet article sans recommander aux parents d’utiliser eux-mêmes, dans l’éducation de leurs enfants, cette méthode ou de s’inspirer d’elle. La C.E. est un procédé sûr, qui a déjà porté de grands fruits, et est tout à fait “catholique” dans ses origines et dans les moyens qu’elle utilise pour éduquer. Elle est bien éloignée de certains essais de donner une coloration catholique à d’autres méthodes d’origine maçonnique imprégnées de philosophie naturaliste comme celle des Boys-Scouts, fondée par Baden-Powel (14).
Recommandons la Croisade Eucharistique et tous les enfants qui en font partie, ou veulent en faire partie dans le futur, aux saints protecteurs de la C.E. et aux autres saints auxquels elle se réfère, ou dont elle incarne l’esprit.
À saint Jean Bosco, apôtre de la jeunesse, qui eut le charisme de l’éducateur et qui comprit l’importance de l’Eucharistie administrée en bas âge.
À saint Pie X, le Pape des enfants, qui lutta contre le modernisme et qui porta les enfants à Jésus, ou mieux Jésus aux enfants, grâce à son décret “Quam singulari Christus amore”.
À saint Louis de Gonzague à qui saint Pie X voulut donner le titre de patron de la jeunesse, afin que comme déjà saint Jean Berchmans et saint Gabriel de l’Addolorata, saint Dominique Savio et tant d’autres jeunes qui se sont modelés à son école, la jeunesse actuelle fasse la même chose. À saint Louis innocent et pénitent, modèle de toutes les vertus, les Croisés sont liés par une dévotion très particulière puisqu’il semble qu’“entre Louis et la jeunesse chrétienne une sorte de noble émulation se soit élevée, à qui l’emportera de Louis prodiguant ses trésors célestes à la jeunesse, ou de celle-ci entourant de ses hommages son céleste patron” (15).
À saint Stanislas Kotska qui “même dans un âge tendre a obtenu la grâce d’une sainteté accomplie” (16) et fut consolé et réconforté par le Pain Eucharistique qui lui était donné par les anges.
Que tous ces Saints du ciel où ils règnent glorieux, bénissent les enfants qui se recommandent à eux, et intercèdent pour eux et pour ceux qui s’en occupent, auprès du divin Cœur de Jésus. Afin que tous, enfants et éducateurs, puissent un jour lui rendre grâce éternellement devant le Trône de ce Dieu d’Amour qui par Amour des hommes a voulu être “Pain vivant descendu du ciel” (Jn VI, 41), puisqu’Il a dit : “si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde” (Jn VI, 51).
Notes :
1) Lettre encyclique Humanum genus, 20/4/1884 sur la secte des Francs-Maçons in : Lettres Apostoliques de S.S. Léon XIII, pp. 257-259, Maison de la Bonne Presse, Paris 8ème, rue François Ier, sine data. On ne peut pas ne pas remarquer que ce que Léon XIII observait en 1884, comme une conséquence de la morale laïque, est en train d’arriver point par point aujourd’hui, SOUS nos yeux et jour après Jour, de manière toujours plus terrible. Il suffit de nous dire que dans notre société moderne, où désormais on vit selon la “morale civique ou indépendante”, exécrée par Léon XIII et aujourd’hui appelée “morale laïque”, il y a eu plusieurs cas d’enfants qui en sont arrivés à tuer leurs parents pour profiter avant de l’héritage. Sunt lacrimæ rerum…
2) G.B. Lemoyne, “Vita di S. Giovanni Bosco”, SEI Torino 1977, vol. II, Appendice : Il sistema preventivo nella educazione della gioventù, n. II-VII, p. 708.
3) Décret de la S. C. des Sacrements (8 août 1910) sur l’âge d’admission à la Première Communion, in Actes de Pie X, tome V, p. 258, Maison de la Bonne Presse, Paris 8ème, 5 rue Bayard, sine data.
4) Une brève allusion à la Croisade Eucharistique en Belgique, est ici nécessaire, du fait de la personnalité de l’Abbé Edouard Poppe, prêtre flamand mort en odeur de sainteté, qui en fut l’animateur en ce pays.
En Belgique, la C.E. fut lancée par les moines prémontrés de l’Abbaye d’Averbode, qui depuis le début (1920) s’assurèrent la collaboration “librement irrégulière” de l’Abbé Poppe. A partir du 2 mai de cette année, le journal “Zonnerland” publia son premier article, à la suite duquel d’autres suivirent avec un rythme quasi hebdomadaire. Les écrits de cet “apôtre des enfants” ainsi adaptés à leur mentalité, firent augmenter prodigieusement les abonnements : à la fin de l’année, ils étaient 50.000 et deux ans plus tard ils dépassaient les 100.000. L’Abbé Poppe orienta l’œuvre Eucharistique d’abord vers la formation de cadres solides et bien préparés ; parce que, disait-il, l’œuvre ne serait vraie qu’autant que seraient vrais les éducateurs. C’est ainsi que naquit la C.E. des professeurs, avec comme point de départ celle des enfants, puis celle des universitaires, des soldats, etc. De Belgique la C.E. selon la méthode de l’Abbé Poppe fut “exportée” dans d’autres pays : Italie (1921), France, Hollande, Allemagne, Portugal, Canada, Brésil, Congo, Chine et d’autres encore.
5) Ainsi était-elle définie par les feuilles de propagande de l’Apostolato della preghiera, édité par “Il Messagero del S. Cuore” à Rome dans les années trente ; cf. feuilles n° 4, 24.
6) Le mot “apostolique” est pris ici dans le sens de zèle, de mission, c’est-à-dire comme une œuvre qui a pour but de convertir les âmes, de propager et défendre les vérités de la foi et de la morale catholique.
7) E. Poppe, La Méthode Eucharistique, Téqui, Paris, p. 17.
8) Le naturalisme et le semi-pélagianisme sont des doctrines qui nient que l’homme soit tombé avec le péché originel d’Adam, pour qui la nature humaine ne serait pas corrompue, et l’homme pourrait se sauver avec ses seules forces, indépendamment de la grâce. Le pélagianisme fut condamné par l’Église du Vème siècle.
9) E. Poppe, op. cit., p. 20.
10) Pour toute cette exposition de la méthode eucharistique, se reporter au livre cité de l’Abbé Poppe.
11) Du fait de l’indigence les parents ne pouvaient plus payer la pension de l’école et pensaient mettre leur fils à l’école communale (laïque) ; connaissant le danger auquel il serait exposé, l’unique sacrifice qu’Herman n’avait pas voulu faire était celui de changer d’école. Nous comprenons par là l’importance – à tout point de vue – d’une école qui donne une éducation catholique : tant de celui de la morale que de celui de la Foi. Nous devons être prêts à tous les sacrifices, à tout faire pour mettre nos enfants dans des écoles chrétiennes, et pour permettre à ces écoles catholiques de survivre.
12) Pour la partie biographique de ces enfants, cf. Luce Quenette, L’Éducation de la pureté, Dominique Martin Morin, éditeurs 1974, pp. 113 ss.
13) En outre il faut noter qu’étant donné l’invalidité du N.O.M., parler d’une éducation eucharistique centrée sur une “présence réelle” qui, précisément, n’existe plus… et dans laquelle, en admettant qu’elle existe, plus personne ne croit, n’a pas de sens.
14) Que le protestant Baden-Powel fondateur des Boys-Scouts fût maçon est chose notoire ; quant aux origines et aux intentions du mouvement institué par lui, je me limiterai à cette citation qui, je l’espère, peut éclairer beaucoup de gens. Même le Père jésuite J. Sevin, ardent défenseur du scoutisme, ne peut nier qu’« un certain patronage maçonnique ait contribué à l’extraordinaire diffusion du scoutisme, je le crois tout à fait. Il est notoire, que dans presque tous les pays, la Maçonnerie s’est montrée immédiatement favorable au scoutisme » (J. Sevin s.j. “Le Scoutisme”, éd. Spes 1918).
On peut lire aussi les articles de Copin Albancelli in “Critique du libéralisme” de l’Abbé Barbier, dans lesquels il montre les relations entre scouts et maçonnerie. On relève en outre comment le “décalogue des scouts” est absolument laïc : Dieu et la Religion ne sont pas nommés et la valeur suprême est ou l’honneur ou la Patrie.
15) Pie XI, Lettre apostolique “Singulare illud” 13/06/1926 au Général des Jésuites à l’occasion du deuxième centenaire de la canonisation de saint Louis de Gonzague, in Actes de S.S. Pie XI, tome III, p. 231, Maison de la Bonne Presse, Paris 1932.
16) Pie XI, “Singulare illud”, in op. cit., pp. 233-234.