[DOCUMENT n° 1]
LA DICTATURE WOJTYLIENNE
(Extrait de la revue Bulletin de l’Occident Chrétien, nos 79 – 80 de avril-mai 1983)
Par Mgr Guérard des Lauriers
Le “cardinal-archevêque” de Paris, et l’“archevêque” de Lyon, ont invité quatre prélats d’Europe à parler en public, les quatre derniers samedis de janvier 1983, à N.D. de Fourvière ; les quatre derniers dimanches, à N.D. de Paris. Le thème commun de ces quatre instructions est : “Transmettre la foi aujourd’hui” (Editions CERP ; Nous renvoyons aux pages de cette édition).
Monseigneur DERNOT J. RYAN, archevêque de Dublin, exposa comment : “Dégager les leçons du passé” (Ps 78-2).
Non sans de fort courtoises allusions aux occurrences ecclésiales communes à la France et à l’Irlande, l’archevêque met en valeur le rôle que doit avoir la mémoire dans la catéchèse. Et il fait observer que cette requête, propre à la psychologie, se trouve organiquement entée dans la nature même de l’Église militante, à la fois liée au temps et en transcendant l’écoulement. C’est en effet à l’Église comme telle que son divin Fondateur a intimé de se tourner vers Sa Mémoire à Lui [“in mei memoriam facietis”] pour accomplir l’acte principal, et partant tous les autres actes, de la religion. On regrette très vivement que Monseigneur D.J.R. ait délibérément laissé de côté la question que soulève l’interprétation de cette formule : question qui est convertible avec celle de la validité même de la Messe. – Monseigneur D.J.R. insiste au contraire sur la phénoménologie (L1) de la confrontation entre la catéchèse d’une religion révélée, et la nature humaine à la fois inchangée et lourdement conditionnée. Affleure ici et là, d’une manière encore plus incisive que discrète, l’“authentique humanisme, celui de l’homme total, que ne cesse d’invoquer le saint-père” (p. 13)
Libido cardinalice, psychanalyse judaïque et pansexualisme wojtylien
Monsieur le “cardinal” G. DANNEELS expose quel est le rapport entre “Foi chrétienne et blessures de l’homme contemporain”. Le fil directeur de cet entretien est une hypothèse que le “cardinal” D emprunte au psychiatre hollandais J. Van den Berg. Cette hypothèse est introduite par quatre observations qui s’enchaînent : 1) “Le refoulement de la sexualité et de l’agressivité a été la cause d’un certain nombre de névroses chez l’homme en occident.” 2) “Les études et la pratique clinique de ce qu’on appelle la psychanalyse ont contribué beaucoup à la guérison de l’homme, et elles continueront à le faire.” 3) “La sexualité et l’agressivité qui étaient jusqu’à une époque très récente objet d’un refoulement inconscient, se sont métamorphosées en une véritable nourriture terrestre obligatoire pour tous.” 4) Or, “si la sexualité et l’agressivité ne sont plus refoulées, si donc cette cause apparente de nos névroses a disparu, pourquoi ne nous portons-nous pas mieux ?” (p.6). Voici l’hypothèse [de Van den Berg] qui est censée l’expliquer : “Nous avons refoulé une autre composante de notre existence humaine, de la conscience claire dans le subconscient. Comme ce fut le cas de la sexualité et de l’agressivité, nous avons refoulé le sens de Dieu et du transcendant” (pp.6-7). Et le “cardinal” D commente comme suit l’hypothèse qu’ainsi il fait sienne : “Voilà donc notre blessure profonde. L’homme contemporain refoule ce sens du transcendant qui précisément le constitue dans son humanité. Car la relation à Dieu est constitutive de l’homme” (p.7).
Cet argument de base, intitulé “Une nouvelle névrose ?”, fait suite à un développement sur “les vertus thérapeutiques de la foi” [La foi chrétienne, à quoi sert-elle ? pp.2-5] et débouche sur la thérapeutique : “la nouvelle névrose est spirituelle, c’est là qu’il faut guérir”. Le symptôme de cette névrose, c’est la misère de l’homme privé de Dieu “Lorsque le père s’en va, les enfants ont froid”. Il faut donc retrouver le sens de Dieu comme Père (pp.7-l0). Cela est possible du côté de Dieu, parce qu’“Il nous accepte tels que nous sommes” (pp. 11, 12) ; de notre côté à nous, parce que la pratique de l’Évangile à la lettre peut assurer maintenant la joie même qui rayonna en saint François (pp. 12-13). Il faut dire à Dieu un OUI sans MAIS, “abandonner tout pour recevoir au centuple” (p.14), “nous tenir le langage des Béatitudes… [lesquelles] constituent notre nature seconde, celle que la grâce est en train de faire naître dans toute l’humanité, depuis que le Christ est ressuscité des morts” (p. 15). “Alors qu’attendons-nous pour faire comme Elisée” (p. 16), c’est-à-dire pour ressusciter, par le message chrétien, l’enfant mort qui figure l’actuelle humanité. Une exhortation si lyrique et si hardie n’aurait possibilité d’être vraie et efficace, qu’exprimée d’abord en actes. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, cette exhortation clôt les paragraphes qui sont consacrés à la thérapeutique de l’humanité blessée, et contiennent d’heureux rappels. Mais ces rappels sont viciés par l’humanisme radical, incompatible avec la Vérité révélée, qui est inhérente à l’hypothèse ci-dessus précisée, et partant à tous les développements dont elle est la clé. Il est impossible de ne pas signaler les erreurs les plus graves ; elles viennent de ce que le “sens du transcendant”, revendiqué par le “cardinal” D comme “constituant l’homme en son humanité” (p.7), est en fait conçu et exploité d’une manière radicalement faussée. Il s’agit, on va le voir, du pseudo-transcendant forgé par la psychanalyse, sous mesuré par le psychisme lui-même subordonné à la temporalité, et à la faveur duquel sont érigées en lois les séquelles mêmes du péché.
“L’homme est comme un arbre. Dieu l’a planté dans le jardin de sa création, solidement chevillé dans la terre, enraciné trois fois. Et nos racines sont le désir inné de possession, de sexualité, d’épanouissement du moi. C’est ainsi que Dieu nous a créés, comme nous le lisons à la première page de la Bible. Et avec le commentaire : ‘Et Dieu vit que cela était bon’” (p. 14). Comment ce “cardinal” [?] lit-il la Bible ? Les “racines” dont il parle sont consécutives au péché de l’homme décrit dans Genèse III 7 sv. L’approbation divine clôt le ch. I, AVANT le péché. Il faut derechef dénoncer l’imposture et la forfaiture. L’imposture consiste à ‘faire passer’, sous l’autorité de la Bible, ce qui n’est pas dans la Bible [Il suffit, pour y réussir, de juxtaposer des citations dont la portée se trouve ainsi altérée. “Judas alla se pendre (Matt., XXVII, 5). Allez et faites de même (Luc, X, 37)”. Bravo, “cardinal” Danneels, vous excellez à tirer de la Bible des enseignements qui peuvent vous être précieux, même pour votre conduite personnelle]. Les forfaitures, et le blasphème, consistent à attribuer au Créateur Lui-même les viciosités qui sont, dans la créature, les conséquences du péché commis par la créature. Est-ce donc là “le renouveau décisif de la foi en la Création” préconisé par le “cardinal” Ratzinger ? (p. 14). Le “cardinal” D observe : “Quelque part, nous portons une blessure dès l’origine. Voilà la cause de notre manque de joie : l’arbre est bon, et les racines aussi. Mais il y a le ver… !” (p. 14). NON, Monsieur le “cardinal”, il faut le répéter, les “racines” dont vous parlez ne sont pas bonnes ; puisque ce sont, selon vous : “ce désir inné de possession, de sexualité, d’épanouissement du moi”, et que ces choses sont semence du péché. Et s’il est vrai de dire que “nous portons une blessure dès l’origine”, c’est à la condition de préciser comme on l’a toujours fait et comme vous auriez du le faire, que cette blessure c’est le péché originel, et que la créature intelligente, angélique ou humaine, se recevant elle-même de son Créateur en vertu de sa propre nature, cette créature intelligente fut, en son premier instant, absolument vierge de quelque blessure que ce soit.
Cette prétérition du péché originel est manifeste, hérétique et scandaleuse, dans la dernière partie de l’exposé ; mais elle l’affecte tout entier, et elle se trouve impliquée dans l’affirmation faite par le “cardinal” D, et ci-dessus précisée, d’un “transcendant” qui est en réalité pseudo et radicalement vicié. Comment oser comparer, sous quelque incidence que ce soit, fût-ce celle d’un processus de “refoulement” et de “défoulement” : d’une part, l’agressivité et la sexualité, viciosités qui ont dans la nature déchue raison de péché ; et, d’autre part, l’inclination religieuse qui est inhérente à la nature elle-même ? Et comment, derechef, oser comparer, et en fait confondre, deux choses qui ne sont semblables qu’au regard d’un phénoménologisme avachi dans le matérialisme, savoir : l’inclination à la religion qui ressortit à l’ordre naturel d’une part, la vocation gratuite à une religion surnaturelle et révélée d’autre part ? Monsieur le “cardinal”, retournez au Catéchisme, à celui de Trente en particulier ; ne profanez pas, par des propos aussi absurdes que scandaleux au regard de la très sainte Foi, les enceintes sacrées où vous êtes invité à pénétrer. Si le défoulement de l’agressivité et de la sexualité n’a guéri aucune névrose, la raison en est qu’en quelque domaine que ce soit, il est impossible de s’opposer RÉELLEMENT au mal, en le laissant aller au paroxysme. Si savante paraisse-t-elle être, la politique du pire est métaphysiquement une absurdité qui est en contradiction avec la Sagesse. L’irascible et le concupiscible sont des composantes de la nature humaine, originellement bonnes comme la nature elle-même au moment où elle est créée. Ces choses sont créées bonnes, selon la mesure immanente qui leur est assignée : “omnia in mensura… disposuisti” (Sag. XI 21). Cette mesure originelle, la créature intelligente devait la respecter, la conserver, s’y conformer, comme à la Loi éternelle. En désertant cette mesure, la créature, ange ou homme, a péché ; et la nature humaine en a été altérée, viciée. Cela est vrai TRÈS PARTICULIÈREMENT de tout ce qui concerne la sexualité. Puisque vous traitiez de ces questions, voilà Monsieur le “cardinal”, ce que, sous quelque forme que ce soit à votre choix, vous aviez le DEVOIR DE PROCLAMER, au nom de l’Église, au nom du Concile de Trente [Session V, 1546 ; D.S. 1510-1516]. Affirmer, comme vous le faites, que, par le truchement de la psychanalyse, le défoulement de l’agressivité et de la sexualité “ont contribué beaucoup à la guérison de l’homme”, c’est affirmer que l’homme puisse guérir, en affirmant, en proclamant, en affichant qu’il n’est soi-même qu’en étant, et si l’on peut dire “en faisant état d’un état,” qui implique le péché. Monsieur le “cardinal”, vous blasphémez. “Si le sel s’affadit, il ne peut être utile ni pour la terre ni pour le fumier ; on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende” (Luc, XIV 34).
L’exposé du “cardinal” Ratzinger
Monsieur le “cardinal” J. RATZINGER exposa quel doit être le rapport entre “Transmission de la foi, et sources de la foi.” Il se réfère, dit-il, au Concile de Trente ; en réalité, à l’ordre d’exposition adopté dans le Catéchisme dont l’édition a été décrétée par ledit Concile. Voici les considérants par lesquels le “cardinal” Ratzinger induit ses interlocuteurs à entrer dans sa propre pensée.
La première partie de l’entretien s’intitule : “La crise de la catéchèse et le problème des sources”.
Les causes qui ont provoqué l’“écroulement de la catéchèse classique” sont de deux sortes. Les unes ressortissent à l’ordre naturel, profondément dégradé par la technocratie. L’homme s’y rencontre d’abord lui-même ; il en oublie [pour le moins] le Créateur. “Le langage et la conscience ne se nourrissent plus que de l’expérience d’un monde qui se veut son propre créateur” (p.2). “La question du salut ne se pose plus en fonction de Dieu… la morale s’identifie à la sociabilité… ; la foi semble condamnée au mutisme” (ibid.). Et en effet, la nouvelle catéchèse suit “l’évolution générale de l’enseignement et de la pédagogie, qui se caractérise elle-même par une hypertrophie de la méthode en fonction du contenu” (p.3). Ériger l’âge des enseignés en un pseudo-impératif qui conditionne l’objet même de l’enseignement a en fait “subordonné la vérité à la praxis (L2”, la théologie à l’anthropologie (L3), ce qui a derechef accéléré l’amenuisement indéfini du contenu.
L’effondrement de la catéchèse classique tient également à des causes d’ordre surnaturel une “certaine défiance à l’égard de la totalité” (p.3), c’est-à-dire de la “foi comme [constituant] un tout organique en soi”. “Il en résultait que la catéchèse omettait généralement le dogme et qu’on essayait de reconstruire la foi à partir de la Bible directement” (p.3). Or la mise en œuvre, dans ce but, de la méthode historique libérée de la tutelle du Dogme et de l’Église, a détruit l’objet qu’elle prétendait mettre en valeur ; parce que, méconnaissant la certitude seule transcendante de la Foi, elle s’est avérée incapable d’assigner quels peuvent être les critères de sa propre véracité.
Ces fort pénétrantes analyses débouchent donc sur deux questions : celle du rapport entre exégèse dogmatique, et exégèse historico-critique ; celle du rapport entre méthode et contenu, entre expérience et foi.
La seconde partie de l’entretien : “Pour surmonter la crise”, est consacrée à la résolution de ces questions.
Elle vise donc à être constructive et comprend trois parties : 1) Qu’est-ce que la foi ? 2) Qu’est-ce que les “sources” ? 3) La structure de la catéchèse. Dans chacun de ces paragraphes, le “cardinal” Ratzinger procède de la même manière. Il poursuit donc systématiquement un propos qui peut être mis en lumière, familièrement mais fidèlement, par la comparaison que voici, dont nous précisons d’ailleurs qu’elle n’est pas une véritable analogie.
Le contenu, le bocal et l’étiquette
Le bon ordre exige, dans une cuisine ou dans une pharmacie, que des étiquettes soient apposées sur les bocaux dont elles désignent le contenu. Il y a donc trois choses, différentes par nature ; le plus apparent, c’est le bocal, ensuite l’étiquette et enfin le contenu. Cependant, l’ordre réel est à l’inverse. Ce qui importe avant tout, c’est le contenu ; ensuite l’étiquette, par le rapport d’ordre intelligible qu’elle doit soutenir avec le contenu. Enfin le bocal doit évidemment être approprié aussi bien à la conservation du contenu qu’à la commodité des usagers ; mais, étant respectées ces deux conditions, la forme et les dimensions peuvent en être librement assignées. — Voici maintenant la portée de cette comparaison. Le “bocal” représente la FORME adoptée dans le Catéchisme du Concile de Trente en vue d’exposer toute la doctrine chrétienne. “C’est donc avec une profonde sagesse que nos Pères ont ramené toute la doctrine et toute la science du salut à quatre points principaux qui sont le Symbole des Apôtres, les Sacrements, le Décalogue, et l’Oraison dominicale”. (Préface V) [Editions “Itinéraires” N° 136 ; p.13]. “En conséquence, nous croyons devoir avertir les pasteurs que chaque fois qu’ils auront à mettre en lumière un passage de l’Evangile ou de toute autre partie de l’Ecriture sainte, ils pourront toujours le ramener à l’un de ces quatre points et y prendre comme à sa source l’explication désirée” (p. 14).
Voilà donc qui est clair : les usagers sont avertis qu’ils peuvent [c’est seulement une POSSIBILITÉ] trouver dans l’un des quatre bocaux, TOUT ce dont l’exercice du ministère leur ferait découvrir le besoin. Le “contenu”, c’est d’abord, au chapitre I, l’exposé de ce en quoi consiste la vertu de Foi : “assentiment plein et entier aux vérités révélées de Dieu… Connaissance par laquelle, sans hésitation aucune, nous tenons pour certain tout ce que l’autorité de la sainte Église notre mère nous propose comme révélé de Dieu” (p. 15). Le “contenu”, ce sont ensuite les 45 chapitres qui exposent respectivement les articles du Credo, les Sacrements, les demandes du Pater, les dix commandements. Enfin, l’“étiquette”, ou désignation intelligible du “contenu”, c’est, par définition même : Dépôt de la Doctrine, ramené à l’essentiel ; ou : ensemble des vérités qu’il faut croire, précédé du rappel de ce en quoi consiste l’acte de croire. — Voilà donc le Catéchisme du Concile de Trente, dont la Préface expose le plan et le propos.
Première opération Ratzinger : Teilhard de Chardin sous l’étiquette du Concile de Trente
Voici maintenant l’“opération R”, réalisée spectaculairement sous la mouvance dudit Catéchisme, mais en réalité et objectivement contre la Doctrine exposée dans ce Catéchisme. Les causes qui ont entraîné, par l’ordre naturel, “l’effondrement de la catéchèse classique” convergent épistémologiquement (L5) en la préséance accordée à la méthode sur le contenu. “Surmonter la crise” requiert donc de restituer le contenu là où on en observe la carence. Or les causes prochaines, et surnaturelles, de la crise, ce sont précisément trois privations qui affectent la Foi : a) on la refuse comme “totalité” ; b) on prétend la reconstruire directement, “ad placitum”, à partir de la Bible, ce qui en néantise le caractère révélé ; c) on introduit par le fait même une insurmontable compétition entre l’exégèse dogmatique et l’exégèse historico-critique, et cette tension dialectique stérilise la Foi, alors que celle-ci doit être Vie. Le “cardinal” R. en appelle donc, fort légitimement d’ailleurs, au Catéchisme du Concile de Trente ; et il préconise trois choses.
PREMIÈREMENT, il faut remettre en usage et en honneur la “foi-totalité”, la “foi comme [constituant] un tout organique en soi” (p.3). Tel est l’objet du paragraphe “1) Qu’est-ce que la foi ?” (pp.7-10). Empruntant la citation Jn XVIII, 3 au “Catéchisme Romain publié sous Pie V” (p.9 ; R. feint d’ignorer que saint Pie V est canonisé), le “cardinal” R expose que “La foi c’est la vie… De même que la foi désigne un autre pouvoir que celui d’accomplir des actions isolées, le pouvoir de vivre, de même elle possède aussi en propre un autre domaine que celui de la connaissance des êtres particuliers, à savoir celui de la connaissance fondamentale elle-même, grâce à laquelle nous prenons conscience de notre fondement…” (p.9). Tel est “le caractère personnel de notre foi. Mais ce n’est là que la moitié d’un tout… La foi n’est donc pas seulement un face à face avec Dieu et le Christ, elle est aussi ce contact qui lui ouvre la communion avec ceux à qui Dieu lui-même s’est communiqué… La foi n’est donc pas seulement un ‘Je’ et un ‘Tu’, elle est aussi un ‘nous’… Quand je dis : ‘Je crois’, cela veut dire que je dépasse les frontières de ma subjectivité, pour m’intégrer au ‘Je’ de l’Église…” (p. 10).
Maintenant, si on se reporte au Catéchisme du Concile de Trente, au Catéchisme lui-même et pas seulement à la Préface, on lit, au § 1, le texte déjà cité : “La Foi est l’assentiment plein et entier aux vérités révélées de Dieu”. — NON, M. le “cardinal”, selon la Doctrine de l’Église, exposée dans le Catéchisme du Concile de Trente dont vous vous pavanez et dont vous vous moquez, la foi n’est pas “un face à face avec Dieu et le Christ”. Saint Paul, vous le savez bien, l’exclut expressément : “Nous voyons maintenant dans un miroir d’énigme. Alors [APRÈS LA MORT, mais pas avant], nous verrons face à face” (I Cor., XIII, 12). La Foi n’est ni “Je”, ni “Tu”, ni “Nous” ; car le face à face dont vous parlez n’est qu’imaginaire séduction. La Foi est une humble Docilité à la VÉRITÉ dont la Lumière est GRATUITEMENT communiquée. — NON, M. le “cardinal”, “Je crois” ne veut pas dire que : “Je dépasse la frontière de ma subjectivité, pour m’intégrer au ‘Je’ de l’Église”. Premièrement, parce qu’il n’y a pas de “Je” créé et impersonnel, dans lequel puisse s’“intégrer” le “Je” d’une personne qui exerce par soi l’acte de subsister. Cette doctrine, radicalement erronée, est en substance professée par tous ceux qui nient l’existence d’un intellect agent personnel. Les manifestations récentes et spectaculaires de cette doctrine, au cours de la période contemporaine, sont le freudisme et le marxisme athées, qu’il est sacrilège de promouvoir en mannequin de réalités sacrées. Deuxièmement, parce que l’acte de la Foi ne peut être justifiant que s’il est personnel, ainsi que l’enseigne précisément le Concile de Trente : Sessio VI. De justificatione [Ch. 3 et 5, notamment] — NON, M. le “cardinal”, au travers des témoins de la Foi, “nous ne touchons pas l’intouchable, nous n’entendons pas l’inaudible, nous ne voyons pas l’invisible”. Ceux qui, comme vous, font miroiter ces merveilles ne sont, consciemment ou non, que des faux prophètes ou des charlatans. Car les vrais témoins affirment que “[Sur terre], nul jamais n’a vu Dieu” (Jn, I, 18) ; et que : “s’ils entendent des paroles ineffables, il n’est pas permis à un mortel de les dire” (II Cor., XII, 4). Les vrais témoins ont la MÊME Foi que nous ; ils l’ont reçue, comme nous, de l’“Auteur de la Foi” (Heb., XII, 2) et de “Celle qui a cru” (Luc, I, 45). Ils en témoignent par l’irrésistible instinct du Saint-Esprit, en qui ils ont l’évidence de recevoir uniment la grâce de croire et la conscience de l’inerrance. Les vrais témoins naissent de l’Esprit, dans la Lumière qui rénove (Jn, III, 5) et devant laquelle ils s’effacent (Jn, I, 15 ; III, 30) ; et, précisément, ils ne prétendent aucunement “transmettre la foi”, ainsi qu’on ose l’imputer aux quatre conférenciers. Car la Foi est un Don de Dieu qui ne peut être reçu, librement, que par chacun personnellement. Ce que doivent transmettre les témoins, ce n’est pas la Foi, c’en est l’OBJET ; ce n’est pas l’assentiment en quoi consiste l’acte de Foi, c’est l’affirmation RÉVÉLÉE à partir de laquelle le croyant tend vers DIEU RÉVÉLANT. Ceux qui visent à “transmettre la foi”, et à faire éclore des témoins à partir d’un panurgisme supputé ecclésial, ne transmettent en réalité qu’une foi humaine, parodie sacrilège de la Foi qui donne la Vie en Jésus-Christ ; ils ne sont pas des pasteurs mais des mercenaires (Jn, X, 11-13), à moins qu’ils ne soient “la bête aux deux cornes semblables à celles d’un agneau, et qui parle comme un dragon” (Apoc., XIII, 11).
La “Foi de l’Église” est certes une ineffable réalité, que la théologie du XIIIe siècle avait parfaitement dégagée, que les individualistes de la contre-Réforme ont saccagée, et que leurs arrière-neveux ont enterrée. Mais la fides Ecclesiæ, la Foi qui doit être en propre attribuée au collectif Église, cette Foi correspond expressément à des réalités qui, en propre, sont “d’Église” : la crédibilité divine du Dépôt révélé, l’authenticité des rites pour les Sacrements divinement institués. Présenter la Foi de l’Église comme une sorte de nuage transcendantal, dans lequel le croyant individuel doit se sublimer, pour toucher l’absolu et devenir soi-même, c’est égarer les fidèles par un mythe fort dangereux, même si ce mythe n’est en définitive qu’une facétie teilhardienne réverbérée par un plaisantin d’outre-Rhin.
Et voilà ce que nous appelons la première “opération R.” Elle consiste à exécuter simultanément, et prestigieusement, deux choses. Premièrement, déclencher l’alarme : Tradition ! Trente ! Qu’il s’agisse du Concile, ou du Catéchisme inspiré par ledit Concile, ou de la Préface dudit Catéchisme, ce sont des distinctions qui demeurent pratiquement étrangères à la quasi-totalité des destinataires. “Le pape, par le cardinal de l’ex “Saint Office”, prend la défense de la Tradition ; et même, il s’appuie sur le Concile de Trente !” : tel fut le propos du “Traditionaliste moyen”, lisant “Itinéraires” et fréquentant les prieurés de Monseigneur Lefebvre, ravi d’être encore plus sécurisé dans l’attentisme et la fidélité au pape. Deuxièmement, et nous le répétons simultanément, “faire passer” aux destinataires émus de bonheur et d’autant plus émerveillés qu’ils n’en comprennent rien, une doctrine concernant la nature de la Foi qui est étrangère au Concile de Trente [et au Catéchisme, et à la Préface !], parce qu’elle est un amalgame d’hérésies issues du marxisme et du modernisme par le teilhardisme. — Procéder à une spectaculaire monstration du “bocal” tridentin [utilisé par Luther !], et y introduire, sous l’étiquette “Tradition” [?] du poison : telle est la première “opération R”.
Deuxième opération Ratzinger : Le modernisme sous l’étiquette de la théologie du XIIIe siècle
DEUXIÈMEMENT, il faut, pour “surmonter la crise”, remettre en usage et en honneur une foi fondée sur l’authentique révélation. Tel est l’objet du paragraphe : “2) Qu’est-ce que les ‘sources’ ?” (pp. 10-12). Citons le texte même du “cardinal” R : “Lorsque voici environ trente ans, je tentais de faire une étude de la Révélation dans la théologie du XIIIe siècle, je me heurtais à une constatation inattendue : en effet, personne n’avait eu l’idée, à cette époque, d’appeler la Bible ‘la Révélation’ : de même aussi ne lui fut pas appliqué le terme de ‘source’” [a]. “C’est pourquoi on n’appliquait ce mot ‘Révélation’ d’une part qu’au seul acte à jamais inexprimable en paroles humaines par lequel Dieu se fait connaître à sa créature [b], et d’autre part à la réception par laquelle la condescendance divine devient perceptible à l’homme sous forme de Révélation [c]. Tout ce qui doit être fixé en paroles, donc l’Écriture elle-même, témoigne de la Révélation, sans être cette Révélation au sens le plus strict de la parole [d]…” “La Bible est le condensé d’un processus de Révélation beaucoup plus grand et inépuisable… elle est expression et instrument de la communion grâce à laquelle le ‘Je’ divin et le ‘Tu’ humain se touchent dans le ‘Nous’ de l’Église par l’intermédiaire du Christ” [e] (p. 11) — Voici de stupéfiantes affirmations, qui auraient pu, tout au plus, être proposées, dans un cercle restreint de théologiens avertis ; mais qui, “lancées” dans un public qui ne l’est pas, sont gravement scandaleuses parce que chargées d’hérésie. Nous devons nous borner à de brèves notations.
L’affirmation [a] est une sorte de parade d’orthodoxie, prétendument patronnée par “la théologie du XIIIe siècle” ; mais, en réalité, elle est trompeuse — “Innititur enim fides nostra revelationi apostolis et prophetis factæ, qui canonicos libros scripserunt : non autem revelationi, si qua fuit, aliis doctoribus facta” (S. Thomas, I. qI, a8, 2m) (Notre foi est fondée sur la révélation faite aux apôtres et aux prophètes qui ont écrit les livres canoniques, non sur une révélation faite à d’autres docteurs, supposé qu’il en existe une. [Et saint Thomas renvoie à l’autorité de saint Augustin qui assigne la raison de ce choix ségrégatif : c’est seulement pour les livres canoniques que l’inerrance est divinement garantie]). On voit donc que, dans ce passage, le mot : “révélation”, en tant qu’il concerne la Foi, désigne expressément le contenu des livres canoniques, c’est-à-dire la Bible [approuvée par l’Église]. Que d’autre part, le mot : “révélation”, signifie formellement l’acte par lequel Dieu révèle, cela n’entraîne aucune ambiguïté, au moins pour les fidèles soumis à l’Église. Attendu que, premièrement, IL EST FAUX d’affirmer que “La révélation [qui constitue] l’objet de la foi catholique n’est pas achevée avec les Apôtres” (S. Pie X, Décret Lamentabili, 5 juillet 1907 ; prop. 21) (D.S. 3421). C’est-à-dire que la communication divine dont les Apôtres furent privilégiés a cessé d’exister avec le dernier des Apôtres. Attendu que, deuxièmement, le développement du dogme ne peut se réaliser que par le passage de l’implicite à l’explicite qui concerne les énoncés écrits. Attendu que, troisièmement et surtout, les témoins par excellence ont expressément invité, au Nom du Christ Lui-Même, à accueillir non leur propres illuminations [ce qui d’ailleurs eût été absurde], mais ce qu’ils en ont exprimé, c’est-à-dire leur prédication (Marc, XVI, 15-16 ; Jn, XX, 30-31). “Comment croira-t-on à celui dont on n’a pas entendu parler ?… Ergo fides ex auditu…” (Rom., X, 14, 17) — On voit donc que, contrairement à l’affirmation [a], le mot : “révélation”, en tant qu’il concerne la Foi, a toujours signifié, SELON LA DOCTRINE DE L’ÉGLISE et même au XIIIe siècle, le contenu des livres canoniques, c’est-à-dire la Bible telle qu’elle est sanctionnée par le Magistère de l’Église.
L’affirmation [b] est : ou bien un truisme, ou bien un dangereux sophisme. Car l’acte révélant ne peut être considéré que de deux façons : soit en Dieu, soit dans le prophète qui le reçoit. Considéré en Dieu, l’Acte révélant est Dieu Lui-Même ; et il ne peut évidemment avoir d’autre expression que le Verbe même de Dieu. Considéré dans le prophète, voire même dans le Christ en tant qu’Il est homme, l’Acte révélant est REÇU DANS UN VERBE HUMAIN. C’est seulement in patria, en vertu du lumen gloriæ, que l’intellect créé peut voir in Verbo, dans le Verbe de Dieu. Mais alors la Foi sera “abolie” (I Cor., XIII, 10) ; et, en même temps qu’elle, la révélation qui la concerne. Tant que “nous vivons sous le régime de la foi et non pas sous celui de la claire vue” (II Cor., V, 7), le MYSTÈRE de la Révélation [car c’en est un !] consiste très précisément en ceci : DIEU LUI-MÊME, et Lui seul peut le faire, exprime une Réalité et une Vérité Le concernant dans un verbe créé [humain ou angélique]. Que ni le prophète, ni après lui le croyant, ne puissent, à partir de ce verbe RÉVÉLÉ, saisir ADÉQUATEMENT, autant qu’elle le peut être, la Réalité, tous les authentiques croyants [qui ne sont pas des illuminés !] l’ont toujours pensé. Mais si le croyant ne saisit pas TOTALEMENT EX PARTE OBJECTI la Réalité, il a la certitude d’en saisir sans errer TOUT ce qui lui en est objectivement signifié dans le verbe créé divinement révélé. Imaginer une sorte “d’hyper-révélation”, qui ne serait pas Dieu Lui-Même, et qui serait “inexprimable en paroles humaines”, une révélation créée qui transcenderait les énoncés de la Foi, c’est l’une des erreurs condamnées par saint Pie X [“Les formules de la Foi seraient inadéquates à leur objet” (Encyclique Pascendi, 8 sept. 1907 ; laquelle, étant données les conditions de promulgation, engage l’infaillibilité) (D.S. 3483)]. Une telle conception paraît émaner de la “philosophie transcendantale” allemande, dont le “cardinal” R., ancien archevêque de Munich, est certainement très in-formé, et dont le postulat aussi original que fondamental est l’existence d’une entité intermédiaire entre Dieu Lui-Même et la connaissance que l’intelligence créée peut avoir de Dieu. Ainsi y aurait-il une sorte de Révélation révélante “source à laquelle puise l’écriture” (p. 11), la “seule source à proprement parler” : entité créée, et cependant inaccessible à l’intellect créé. Ces phantasmagories sont pour le moins étrangères à la notion traditionnelle de “révélation” ; et elles sont juste à l’opposé du réalisme qui est propre à la théologie du XIIIe siècle. — L’affirmation [b] est donc, fallacieusement enrobé dans une prestigieuse “théologie”, un sophisme qui détruit la notion même de révélation, en la faisant consister en une entité non définie, dont le seul attribut certain est l’impossibilité d’être révélée. Et il en est de même de [d] qui, en substance quoiqu’en d’autres termes, reproduit [b].
L’affirmation [c], étant exclu par l’affirmation [a] le sens objectif et classique du mot “révélation”, réduit ipso facto celle-ci à “la réception par laquelle la condescendance divine devient perceptible à l’homme”. Eh bien ! NON, M. le “cardinal”, la révélation ne se réduit ni à cette réception ni à la perception qui peut en être faite. Saint Pie X a également mis en garde contre ces gauchissements immanentistes [D.S. 3484 ; et surtout le passage de l’Encyclique Pascendi qui suit immédiatement (D.B. 2082), et que D.S. (édité sous Paul VI) a omis], en renvoyant à Vatican I, notamment à l’affirmation du caractère visible, objectif, rationnel qui est propre à la révélation : “voluit Deus, cum internis Spiritus Sancti auxiliis, externa jungi revelationis suæ argumenta” (Const. de Fide catholica, cap.3 : de Fide ; D.S. 3009, 3033).
L’affirmation [e] enfin peut-elle être prise au sérieux ? On cherche en vain quelle peut en être la portée réelle, en christianisme ou même en saine philosophie. Quel est donc ce : “Nous”, qu’on ose l’appeler : “Église” ou autrement, qui est censé coordonner “le ‘Je’ divin et le ‘Tu’ humain” ? M. le “cardinal” aurait-il oublié [depuis trente ans !] que l’être n’est pas un genre. Et quelle est donc cette “Église”, par rapport à laquelle le Christ est un “intermédiaire”, et qui par conséquent est supposée Lui préexister ? Ces formules, aussi absurdes pour la raison que pour la Foi, sont en réalité le teilhardisme vulgarisé.
Telle est la deuxième “opération R”. Elle consiste à “faire passer”, dans la coulée – ou dans le “bocal” – de la “théologie du XIIIe siècle” [laquelle fut reprise et consacrée par le Concile de Trente sur des points fort importants], une notion de la Révélation qui soutient l’opposition de contradiction avec celle qu’élabora ladite théologie, et qui constitue la plus radicale des erreurs d’ordre surnaturel condamnées par saint Pie X dans l’Encyclique Pascendi.
Troisième opération Ratzinger : La réalité de la nouvelle religion sous le paravent de la structure tridentine
TROISIÈMEMENT, pour “surmonter la crise”, il faut remettre en usage et en honneur une foi fondée sur “une herméneutique (L6) et une topique (L7) de l’Écriture”. Tel est l’objet du paragraphe : “3) La structure de la catéchèse” (pp.12-17). Le “cardinal” R. procède en deux temps, soudés par surprise quoique non articulés ; le but n’est d’ailleurs pas de convaincre, mais seulement de persuader. Le premier temps consiste en une référence réitérée, chaleureuse et combien typique, au Catéchisme de Trente : “Ainsi est née, dès les premiers temps, une structure catéchétique, dont le noyau remonte aux origines de l’Église. Luther a utilisé cette structure pour son catéchisme aussi naturellement que les auteurs du Catéchisme du Concile de Trente l’ont fait. Cela fut possible, parce qu’il ne s’agissait pas d’un système artificiel, mais simplement de la synthèse du matériel mnémonique indispensable à la foi, qui reflète en même temps les éléments vitalement indispensables à l’Église : le Symbole des Apôtres, les Sacrements, le Décalogue, la Prière du Seigneur” (p. 12). Le second temps est constitué par le rappel d’une distinction classique, bien qu’elle soit délicate et ignorée des non-initiés. Il s’agit des quatre sens de l’Écriture. Comme il y a quatre composantes du Catéchisme, ÇA SE CORRESPOND : voilà la soudure ! La craignant trop fragile, notre auteur évoque il est vrai une troisième quaternité ; laquelle, “se retrouvant” dans chacune des deux premières, en assurerait l’unité.
Voici quelle est cette troisième quaternité, censément liée à celle du Catéchisme : “On trouve [dans ce catéchisme] ce que le chrétien doit croire (Symbole), espérer (Notre Père), faire (Décalogue), et dans quel espace vital il doit l’accomplir (Sacrements et Église)” (p. 13). Or ce rapprochement, certes utile pour rendre plus clair un exposé didactique, se manifeste immédiatement comme étant factice et privé de rigueur. Ainsi, par exemple, l’Église, colloquée dans l’“espace vital” [qui est le quatrième terme de la troisième quaternité] fait également partie du Symbole [qui correspond à “croire”, c’est-à-dire au premier terme de la troisième quaternité]. Ainsi encore, le pardon des offenses qui, matériellement, figure dans le Notre Père, devrait donc se trouver dans “ce qu‘il faut espérer” [qui est le second terme de la troisième quaternité] ; or le pardon des offenses est présenté par Jésus Lui-Même, non comme une chose qu’il faut espérer, mais comme un commandement qu’il faut pratiquer (Matt., XVIII, 22, 35) : ce pardon à l’égard d’autrui devrait donc figurer dans “ce qu’il faut faire” [qui est le troisième terme de la troisième quaternité]. On voit donc que cette troisième quaternité, même si elle apporte didactiquement quelque clarté parce qu’elle est prise des catégories SUBJECTIVES, emmêle, en chacune de ces catégories, les quatre composantes du Catéchisme. Faire se correspondre cette troisième quaternité et celle du Catéchisme, n’est donc, en réalité et quoi qu’en dise le “cardinal” R., qu’un jeu dialectique dont on peut tirer n’importe quoi : le faux tout autant que le vrai — Maintenant, cette même troisième quaternité, le “cardinal” R. entend la faire correspondre également aux quatre sens de l’Écriture. Les quelques lignes consacrées à cette passe dialectique contiennent de multiples déformations. Les mettre en évidence exigerait d’exposer préalablement la doctrine elle-même, ce qui déborderait de beaucoup le cadre de ces réflexions. Nous nous bornons donc à une courte citation. “Il y a d’abord le sens littéral de l’Écriture, qui s’obtient par l’attention à l’enracinement historique des événements de la Bible” (p. 13). Or cette définition est vraie dans certains cas ; mais si elle l’était absolument, si elle était LA définition formelle et rigoureuse du sens littéral, il s’ensuivrait que le Pater, ou des chapitres entiers de saint Jean, n’auraient pas de sens littéral. Nous n’imputons pas au “cardinal” R. de professer pareille énormité ; mais nous sommes obligés de faire observer qu’il se permet de substituer, aux définitions véritables, les définitions accommodatrices qui lui permettent de paraître prouver la proposition qu’il énonce seulement en termes voilés, mais dont il a absolument besoin pour établir sa conclusion. Cette proposition, en termes clairs, la voici. La troisième quaternité étant convertible avec chacune des deux premières [voilà ce qu’est censée établir la dialectique à laquelle nous venons de faire allusion], il s’ensuit que ces deux premières quaternités sont convertibles entre elles ; soit, explicitement : la quaternité qui est inhérente au Catéchisme de Trente [c’est-à-dire, les quatre composantes : Symbole, etc.…] EST CONVERTIBLE avec la quaternité qui est inhérente à l’interprétation de l’Écriture [c’est-à-dire, les quatre sens : littéral, etc…]. “Convertible” signifie que chacune des deux choses qualifiées de cette façon, implique l’autre, et joue le rôle qui est joué par l’autre.
Voici maintenant, exposés d’abord pour plus de clarté sous la forme d’un syllogisme, l’enchaînement et la conclusion du “cardinal” R. Majeure : Les quatre sens dégagés par l’exégèse classique [ou : quaternité qui est inhérente à l’interprétation de l’Écriture] sont les points fixes d’une topique et d’une herméneutique de l’Écriture. Mineure : Or, la quaternité qui est inhérente à l’interprétation de l’Écriture est convertible avec la quaternité qui est inhérente au Catéchisme de Trente. Conclusion : Donc, la quaternité qui est inhérente au Concile de Trente, c’est-à-dire les quatre composantes de ce Catéchisme, sont les points fixes d’une topique et d’une herméneutique de l’Écriture. Avant de poursuivre, nous devons évidemment “vérifier” que notre syllogisme d’exposition ne fait qu’exprimer loyalement et clairement la pensée du “cardinal” R. Il suffit de citer : “A la collection mnémonique des matières de la foi que représentent les quatre composantes maîtresses que nous venons d’énumérer [Symbole, Sacrements. Décalogue, Pater], préside donc une indéniable logique interne. C’est pourquoi le Catéchisme Romain les a caractérisées à juste titre comme les ‘lieux de l’exégèse biblique’. Dans le langage scientifique et théorique d’aujourd’hui, on dirait qu’il entend les considérer comme les points fixes d’une topique et d’une herméneutique de l’Écriture” (p. 13). Ainsi, nous n’avons fait qu’analyser et expliciter avec rigueur une démarche dont seule la conclusion éclaire les méandres. On comprend parfaitement, eu égard à la conclusion qu’il vise à affirmer, que le “cardinal” R. tienne tant à paraître prouver, par l’astuce dialectique de la troisième quaternité, la surprenante “mineure” dont il a absolument besoin. Les quatre composantes du Catéchisme, subrepticement substituées, à la faveur d’une prétendue similitude d’ordre fonctionnel, aux quatre sens inventoriés par l’exégèse, ces quatre composantes se trouvent ipso facto investies de la prérogative qui appartient à ces quatre sens, et elles sont par conséquent “les points fixes d’une topique et d’une herméneutique de l’Écriture”. C’est fort bien “joué” ; c’est, nous devrons le dire, sataniquement joué.
Une imposture satanique Teilhard et Luther dans le bocal Tridentin
Il faut, auparavant, déjouer le “jeu”. Il faut déclarer, il faut crier s’il se peut à toute l’Église, que ces propos du “cardinal” R. sont une tromperie, une imposture, une forfaiture. Une tromperie, parce que la convertibilité des deux quaternités, l’une du Catéchisme l’autre de l’exégèse, n’est qu’un concordisme artificiel, non consistant au point de vue épistémologique. Il ne conviendrait pas même de relever chose si peu sérieuse ; mais, malheureusement, elle a fait et fera impression sur de malheureux fidèles un instant éblouis mais incapables d’en juger. C’est une imposture, parce que les auteurs du Catéchisme se défendent expressément d’avoir eu l’exorbitant propos que leur attribue le “cardinal” R. “Cette sainte assemblée [le Concile de Trente] en effet (en décrétant ce catéchisme), a voulu simplement donner aux Pasteurs et aux autres Prêtres ayant charge d’âmes, la connaissance des choses qui appartiennent en propre au ministère d’une paroisse, et qui sont le plus à la portée des fidèles…” “En conséquence, nous croyons devoir avertir les Pasteurs que chaque fois qu’ils auront à mettre en lumière un passage de l’Évangile ou de toute autre partie de l’Écriture sainte, ils pourront toujours le ramener à l’un de ces quatre points, et y prendre comme à sa source l’explication désirée.” Le Catéchisme de Trente est donc un instrument de travail hautement autorisé, pour la pratique de la catéchèse dans toute l’Église. Les auteurs de ce Catéchisme, “Pères” du Concile de Trente, ont d’ailleurs défini que “la révélation surnaturelle est contenue dans les livres écrits et la tradition non écrite…” [D.S. 1501, 3006]. Ils ont assigné quels sont les critères de cette double Révélation ; et ces critères sont [évidemment !] tout autres que les quatre composantes du Catéchisme. Ils connaissaient les quatre sens de l’Écriture, dont la distinction est présupposée pour définir quelle est respectivement la portée des livres canoniques, et par conséquent la Révélation. Ils n’ont pas eu, il est impossible qu’ils aient pu avoir, l’étrange idée de subordonner les quatre sens de l’Écriture respectivement aux quatre composantes du Catéchisme. Encore une fois, cette trouvaille mérite de sombrer dans le ridicule. Mais il y a, surtout parmi les “Traditionalistes”, des “chefs de file” si ignorants et si infatués, qu’ils mettent en œuvre tout leur obscurcissement en vue d’assurer le succès du “cardinal” R.… qui les prend fort habilement au piège d’un faux zèle dévoyé par la passion.
La manœuvre se déploie cependant avec une assurance qui en rend le but manifeste. Qu’on veuille bien en effet mesurer la portée de cette surprenante affirmation. “Les quatre composantes maîtresses [Symbole, Sacrements, Décalogue, Pater] sont à considérer comme les points fixes d’une topique et d’une herméneutique de l’Écriture.” L’herméneutique de l’Écriture, c’est cela qui constitue, sous la mouvance du Magistère, la norme objective et suprême de la Foi. Par conséquent, le “cardinal” R. affirme implicitement, mais très clairement et catégoriquement, que les NORMES OBJECTIVES ET SUPRÊMES de la Foi, ce sont : le Symbole, les Sacrements, le Décalogue, le Pater. Que le lecteur veuille bien faire un effort d’attention. Qu’il veuille concentrer son attention, afin de lire ce qui est écrit, de le comprendre, de le “réaliser”, au lieu de se remettre instinctivement en l’esprit ce à quoi il croyait, et qui est juste le contraire de ce qui est écrit. Jusqu’à présent, on a toujours admis, dans l’Église fondée par Jésus-Christ, que la Révélation est la norme de toute réalité ecclésiale. Le Symbole n’est qu’un abrégé des principaux articles. Il n’est pas loisible de modifier un mot du Symbole, PARCE QUE le Symbole ne fait que reproduire des VÉRITÉS RÉVÉLÉES. La norme primitive, c’est la Révélation, et ce n’est pas le Symbole. Quelques courageux fidèles ont accompli strictement leur devoir de croyant, en protestant contre la substitution de “même nature” à “consubstantiel”. La révélation de “consubstantiel” a une base incomparablement plus large que le Symbole. Nul, dans l’Église, ne peut changer la Révélation ; il suffit en fait d’une quelconque “Conférence épiscopale” pour “faire passer” une grave altération du Symbole [“catholique” a failli devenir “universelle”…]. Substituer le Symbole à la Révélation est une mesure arbitraire, contraire à la Vérité [et à la Vérité même de la Révélation], dictatoriale, et mettant les fidèles à la merci des faux prophètes de la nouvelle religion. De même, les Sacrements ont toujours été considérés comme étant subordonnés à la Foi : sacramenta fidei. Les Sacrements sont ordonnés à promouvoir la Foi vive ; mais ils en présupposent la réalité et l’essence même. Eh bien ! c’est cette ordination que le “cardinal” R. prétend inverser. C’est la révolution ratzingérienne [… copernicienne]. La Foi ne serait plus, si on en croit le “cardinal”, le pôle autour duquel gravitent les autres valeurs ecclésiales ressortissant aux personnes ; ce serait au contraire la Foi qui serait normée par certaines de ces valeurs promues clandestinement à la dignité de “points fixes”. On doit du moins être reconnaissant au “cardinal” R. d’avertir [par inadvertance ?] ceux de ses interlocuteurs qui demeurent aptes à comprendre. Il dévoile en effet [est-ce dans un but œcuménique ?], que cette sorte de révolution dont il est le protagoniste officiellement accrédité, c’est tout simplement celle de Luther relancée par le même astucieux procédé. “Luther a utilisé cette structure [Symbole, Sacrements, Décalogue, Pater] pour son catéchisme, aussi naturellement que les auteurs du Catéchisme du Concile de Trente l’ont fait” (p. 12). Luther l’a fait si naturellement, c’est-à-dire avec tant de “naturel”, qu’il a substitué aux Sacrements définis par le Concile de Trente de pseudo-sacrements, et qu’il a réussi à propager une pseudo-foi, en imposant ces pseudo-sacrements. Le “cardinal” R. se réfère au Catéchisme de Trente. Il en conserve la forme, tout comme Luther. Luther, il est vrai, fut franc. Utilisant le bocal, il changea l’étiquette et s’en prit à Rome. Tandis que le “cardinal” R. vient au nom de “rome”, et il induit les aveugles à estimer qu’il conserve l’étiquette : Tradition ! Mais, pour ce qui est du contenu, le “cardinal” R. procède “aussi naturellement” que Luther. Car “ces sacrements” que le “cardinal” R. brandit triomphalement “au nom de Trente”, devant les “Traditionalistes” émerveillés jusqu’à l’attendrissement, ce ne sont aucunement les Sacrements définis par le Concile de Trente. CE SONT LES “SACREMENTS” WOJTYLIENS, tous invalides parce que infestés de protestantisme, de modernisme, de naturalisme [d’“hominisme”]. Les sacrements, la messe surtout, falsifiés par Luther, et diffusés sous la “forme” sécurisante du bocal tridentin, ont distillé la fausse doctrine de Luther et corrompu la foi. Les sacrements caricaturés, désacralisés, néantisés par Vatican II et Wojtyla, distillent déjà et distilleront de plus en plus la fausse doctrine qui en a inspiré sataniquement la mise au point et la promulgation. Le processus est le même ; typiquement, à cet égard : Ratzinger, c’est Luther. C’est même pire que Luther ! Car Luther était contre Rome ; tandis que le “cardinal” R. est l’agent de “rome”. Car si Luther a certes subverti la foi par les sacrements falsifiés, ce fut seulement en fait ; en respectant du moins que la Foi et la Révélation soient fondées sur l’intégralité de l’Écriture [… sous la mouvance du Magistère]. Tandis que le “cardinal” R. pose, à l’origine de la même subversion, un faux principe qui est censé la justifier. Ce seraient les sacrements nouvelle manière, ce serait le baptême “cérémonie d’introduction dans la communauté paroissiale” [et non plus le Baptême signe efficace d’une communication gratuite et surnaturelle ayant entre autres pour effet d’effacer le péché originel] ; ce serait ce nouveau baptême donc, qui devrait maintenant, d’après le “cardinal” R., être “reconnu comme le point fixe d’une topique et d’une herméneutique de l’Écriture”, et par conséquent être reconnu comme étant le principe qui norme la foi.
Telle est la troisième “opération R”, qui ne le cède en rien aux deux premières. Elle consiste à insister d’une manière spectaculaire sur la nécessité de conserver la forme du “bocal” et “l’étiquette” ; et à “faire passer”, dans une masse ainsi “tranquillisée”, un “contenu” gravement altéré. () La conférence du “cardinal” R. s’achève sur des considérations critiques qui, comme telles, c’est-à-dire en tant que critiques, sont derechef fort pertinentes. La catéchèse a négligé systématiquement la doctrine de la Création, et le Décalogue. Le “cardinal” R. fait justement observer que ce ne fut pas sans grave dommage. Et on se réjouirait certes qu’il en préconise la réintroduction, si on n’était tenu en suspens par une troublante question. Car enfin, on est bien d’accord sur le fait que la crise tient à l’hypertrophie de la “méthode” et à l’évacuation du “contenu” ; en sorte que, pour “la surmonter”, il faut restituer le “contenu” partout où on en observe la carence. Mais si, au lieu de restituer la Foi chrétienne, on proclame une foi teilhardienne ; si, au lieu de conserver ou de remettre dans le “bocal” tridentin et sous l’étiquette : “Tradition”, les Sacrements qui ont été définis par le Concile de Trente [le Concile ! et pas seulement la Préface du Catéchisme !], on persiste à en EXCLURE ces Sacrements, et à y introduire frauduleusement les “sacrements” wojtyliens, alors une telle opération s’avère catastrophique… et. sataniquement suscitée en vue de détruire l’Église en vue de la mieux détruire, en paraissant la servir.
Monsieur le “cardinal”, combien vous avez raison : oui, il faut rétablir les bases de la Foi, il faut enseigner le Décalogue et la Création. Mais avant de nous féliciter au reçu de votre exhortation, nous attendons que vous vouliez bien donner quelques précisions. Si en effet vous entendez la Création à la [célèbre] manière de Teilhard, comme vous osez entendre la très sainte Foi elle-même à la manière de Teilhard, le mieux que nous puissions faire est de vous déclarer que : “Nous vous entendrons là-dessus une autre fois” (Actes, XVII, 32)… espérant d’ailleurs vous suivre en toute théologale euphorie, quand vous aurez vous-même victorieusement “secoué la vipère” (Actes, XXVIII, 5) de l’hérésie.
Perte de la Foi et liberté religieuse
Monsieur le “cardinal” MACHARSKI traite du rapport entre : “Communication de la foi, et épreuve de la foi”. Le “cardinal” M décrit en termes pathétiques le cheminement que doit suivre, en particulier dans le monde actuel, le témoignage de la foi. “Nous voulons parler des épreuves de la foi, à la lumière de la foi” (p. 10). Le “cardinal” M rapproche “notre temps [que nous] percevons comme une nuit” (p.2), de la nuit de Gethsémani et des “nuits” de saint Jean de la Croix (pp.7-8). Voilà certes d’heureux rappels, qui montrent où puiser, pour pâtir chrétiennement l’“épreuve de la Foi”. Mais, précisément, il faut puiser, il faut vouloir puiser ; et l’exposé du “cardinal” M est à cet égard, hypothéqué de graves viciosités. D’une part, il amalgame sans les distinguer, et même comme il se devrait les opposer, les “nuits” qui sont à la fois l’œuvre et l’instrument de la sainteté avec l’obscurcissement dans lequel le monde se trouve immergé par le péché. D’autre part, ce qui revient pratiquement au même, le “cardinal” M cite, au titre de norme pour la foi et pour le témoignage, les deux textes de Vatican II qui affirment explicitement l’hérésie : hérésie de la “nature humaine innovée” [“Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme” (p.6). Et c’est ainsi que l’obscurcissement de l’humanité se trouve FAUSSEMENT assimilé à la “nuit” de Gethsémani. Nous renvoyons aux Cahiers de Cassiciacum, N° 3-4, pp. 120 sv] ; hérésie de la “liberté religieuse” publiquement affirmée (p. 20).
La dictature wojtylienne et ses complices
On devait évidemment attendre que des “cardinaux” ayant reçu et accepté leur “dignité” de la faveur wojtylienne manifestent, surtout en vue de “Transmettre la foi aujourd’hui”, leur allégeance à Monseigneur Wojtyla. Chacun le fait en se plaçant à un point de vue de son choix. Le “cardinal” Macharski révère, en Monseigneur Wojtyla, le défenseur de Vatican II, et le témoin de l’“Homme” [“L ‘épreuve de la foi, c’est la lutte pour la liberté : oui, c’est la lutte pour la liberté vers Dieu, et par Lui pour la liberté vers l’homme” (cardinal Macharski, p.2). On reconnaît, dans l’ordination des “pour”, la doctrine de “la route” développée dans “Redemptor hominis” (cf. Cahiers de Cassiciacum, N° 3-4, pp. 128-131)]. Les propos malsains du “cardinal” Danneels ne peuvent qu’être agréés, et “authentiqués” par Wojtyla l’obsédé sexuel qui a submergé les auditoires du mercredi, de masculinité et de féminité [“chrétiennement”] “défoulées”. Tout cela n’est certes pas négligeable. C’est même suffisamment scandaleux, d’une part, pour confirmer que ni ce Wojtyla, ni ses suppôts, qu’ils soient ou non “cardinaux”, n’ont actuellement dans l’Église quelque Autorité que ce soit ; d’autre part, pour exiger qu’une cérémonie spéciale de réparation soit faite à N.D. de Fourvières et à N.D. de Paris, non seulement pour les célébrations liturgiques sacrilèges, mais également à un titre tout à fait propre, pour les exécrables blasphèmes qui ont été proférés dans ces Sanctuaires vénérés, avec mépris, sarcasme et insolence à l’égard de la Vérité.
Il reste cependant à rendre manifeste et évident, ce qui est, de beaucoup, encore plus important.
Vatican II est, au dire même de ceux qui en furent les promoteurs secrets ou avoués, “dépassé”. La sexualité est, il est vrai, susceptible d’exercer une emprise quasi universelle, mais fluctuante et en définitive superficielle. Le jeu des marionnettes est utile pour capter l’attention ; mais ce qui importe, “ce qui passe”, ce qu’il faut discerner et dénoncer, c’est l’idée qui inspire et anime toute la pièce. Ce dont, en l’occurrence, il s’agit, c’est de : “Transmettre la foi, aujourd’hui”. Et comme la Foi théologale ne peut pas se transmettre humainement puisqu’elle est un don gratuit de Dieu, cette “foi” qu’il faut transmettre est en réalité, sous le déguisement d’une phraséologie ambiguë, une foi dans l’Homme c’est la foi wojtylienne, enracinée en Vatican II. Le cardinal Macharski l’a d’ailleurs laissé échapper, ainsi que nous l’avons ci-dessus relaté : “L’épreuve de la foi, c’est la lutte… pour la liberté vers Dieu, et par Lui pour la liberté vers l’homme”. L’aboutissant, c’est l’Homme. [De même d’ailleurs que si le Christ est la Voie “principale”, c’est en ce sens qu’Il reconduit à une “autre” route, “centrale, unique, première, fondamentale” qui est l’homme (Encyclique “Redemptor hominis”)]. Dieu, et le Christ et Sa Mère ne sont pas écartés ; ils sont situés à leur “juste” place, en fonction de l’Homme. La Foi théologale est encore admise, mais comme étant un rameau de la foi en l’“Homme”. Et comme cette foi, vaticandeuse et wojtylienne, ne vient pas du Ciel, elle ne peut durer sur terre que là où on l’impose. Il faut le bien comprendre : inoculer cette foi est, pour l’église wojtylienne, une question de vie ou de mort.
La révolution ne s’achève et ne perdure que dans la dictature : c’est une loi bien connue, inhérente au collectif humain considéré au point de vue politique. C’est-à-dire que les doctrinaires de la révolution se trouvent tôt ou tard acculés à la dictature, pour éviter la mort et éluder la contradiction. Comme il s’agit de religion et d’église, les doctrinaires de Vatican II n’ont pas d’autre issue qu une dictature de la foi. Tel est le choix, parfaitement cohérent et ordonnancé en logique humaine, par lequel le “cardinal” Ratzinger préside magistralement aux destinées de l’église wojtylienne. Il réussit à infiltrer, et à imposer, par le prestigieux Catéchisme de Trente, réduit à une simple structure que Luther a d’ailleurs également utilisée, une foi qui n’est pas la Foi en Jésus-Christ, puisqu’elle se trouve manifestée et même pratiquement normée par des “sacrements” autres que ceux institués par Jésus-Christ. Ces conférences sont donc, ecclésialement, par l’initiative nouvelle qui les a inspirées et plus encore par le contenu des exposés, un événement à grande portée. Elles achèvent de dévoiler quels sont, dans l’actuelle église officielle, les objectifs visés et les procédés accrédités. “Vous connaîtrez [ces faux prophètes] à leurs fruits” (Matt., VII, 16, 20). Fasciné par l’Homme, le malheureux troupeau devient allergique au sacré, et se trouve, surnaturellement, comme anesthésié.
Ces conférences sont également “le signe de contradiction par lequel seront découvertes les pensées d’un grand nombre de cœurs” (Luc, II,35). Car un dictateur ne s’impose qu’en réduisant les opposants ; et la suprême habileté consiste à les recruter comme partisans. C’est ce que devraient comprendre, et déjouer, les fidèles qui se veulent “attachés à la Tradition”, et qui se laissent en fait conduire “dans la fosse” (Matt., XV, 14) par des aveugles [utinam !] qui sont les très efficaces instruments de la dictature wojtylienne : de N., DGC, M., et influencé par eux, volens nolens Monseigneur Lefebvre lui-même. Ces personnages, certes extrêmement différents, concordent pratiquement en ceci. Qu’ils le sachent ou non, ils appliquent, et pour autant accréditent EN FAIT, le principe même, faux et subversif, qui est sous-jacent à la révolution sataniquement introduite dans l’Église. Qu’il en soit ainsi, qu’un principe faux et subversif soit EN FAIT appliqué, il est aisé de le découvrir. Lorsque Monseigneur Lefebvre, dans sa lettre au “pape” en date du 24 décembre 1978, demande qu’il y ait la Messe et ladite “nouvelle messe”, a parité, sous le contrôle de l’évêque du lieu : cela revient à demander, et donc à admettre, qu’il y ait deux religions dans la même Église. Certes Monseigneur Lefebvre n’obéit pas à Wojtyla. On dira que l’Abbé de Nantes critique très durement [et lucidement] Wojtyla, que Dom G et avec lui Jean Arfel maintiennent valeureusement “la Sainte Litugie” [Non d’ailleurs sans véhiculer l’hérésie : “Non pas que le Christ descendrait par une sorte de bilocation pour se trouver soudain entre les doigts du prêtre, ce qui serait métaphysiquement absurde” (la Sainte Liturgie. Ed. Ste Madeleine, p. 41). SI, n’en déplaise à Dom G, le Christ se trouve soudain entre les doigts du prêtre, non par bilocation, mais substantiellement.] Mais, en réalité, cette procédure spectaculaire est à l’actif de Wojtyla au point de vue publicitaire ; et elle propage, par une duplicité systématique, l’emprise de Satan triomphant. L’Église devient ainsi une sorte de cage à religion. Il y a d’abord la religion de Wojtyla, laquelle est censée garantir la continuité avec le passé, et partant l’authenticité. Et puis, dans cette même cage, qui serait l’Église, chrétienne puisque wojtylienne [?], il y a, selon chacun, une seconde religion : pour les uns, celle d’Écône et des “prieurés” ; pour d’autres, celle de St Parres et de la CRC ; pour d’autres encore celle du Barroux et de la “beauté”. Et c’est cette seconde religion, extrêmement soucieuse de s’assurer A TOUT PRIX les plus solides assises pour le proche avenir, qui est ipso facto [!] la seule à posséder les promesses de la vie éternelle. — Or, professer en acte une telle doctrine suppose que l’on admette comme étant valable au sein même de l’église le principe de la coexistence pacifique ! Cela suppose, à la fois en principe et en acte, que l’on puisse être et que l’on est AVEC [una cum !] Wojtyla, sans être POUR Wojtyla. Or, c’est ce même faux principe qu’appliquent en fait Wojtyla et ses suppôts. Ils prétendent être AVEC le Christ, parce que le Christ serait AVEC eux, et donc être l’“autorité” ; alors qu’ils prouvent manifestement et continûment, par leur comportement, qu’ils sabordent les trésors divinement commis à la garde de l’Église, et qu’ils ne sont donc pas POUR le Christ. Le Christ a expressément condamné cette duplicité. “Être avec Lui” et “être pour Lui” se distinguent, il est vrai, comme la forme et la fin, mais sont par le fait même absolument inséparables, parce que respectivement convertibles avec : “ne pas être contre Lui” (Matt., XII, 30 ; Marc, IX, 39). Tous ceux qui affirment officiellement être “una cum” Wojtyla, et qui résistent au même Wojtyla, sont en fait les propagandistes les plus radicalement subversifs, au service de la satanique tromperie perpétrée par la dictature wojtylienne, parce qu’ils préconisent obstinément et A TOUT PRIX l’application du principe même sur lequel repose ladite dictature : “ÊTRE AVEC”, SANS “ÊTRE POUR”. Deux religions, dont la divergence radicale rend impossible qu’elles soient l’une AVEC l’autre, et qui cependant sont dans la même “Église”, parce qu’elles sont censées être POUR le même Dieu.
Cette doctrine, professée et vécue, imposée et répandue, par les “prieurés” et par la CRC, par “le Barroux” et par “Itinéraires”, cette doctrine est pratiquement la négation de l’Église Corps mystique de Jésus-Christ, de cette Église dont l’unité est catholique [hat’holon : unité d’un tout organique] par NATURE, dont la splendeur ordonnée exclut toute dualité. Les propos sataniquement habiles du “cardinal” Ratzinger feront-ils comprendre à tous les wojtyliens “honteux” – mais wojtyliens quand même ! – qu’en prétendant être dans une Église où il y aurait en réalité deux religions, ils sont CERTAINEMENT hors l’Église de Jésus-Christ ; et que, s’ils veulent être DANS l’Église de Jésus-Christ, ils doivent dire NON en paroles et en actes, à la dictature wojtylienne. “Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés ?” (I Reg., XVIII, 21), clamait le prophète Élie aux enfants d’Israël compromis avec Baal. A vous tous, qui tenez à être avec Wojtyla, sans cependant être pour lui, Dieu envoie un nouvel Élie… en la personne de Ratzinger !!! Comprendrez-vous ? “Ne cherchez plus des deux côtés”. Si réellement, vous croyez avoir besoin d’être AVEC Wojtyla, alors soyez POUR Wojtyla. Et si vous refusez réellement d’être POUR Wojtyla, alors ne soyez plus AVEC Wojtyla ; cessez Monseigneur Lefebvre, de négocier avec Wojtyla ; cessez, de Nantes, d’envoyer vos fidèles chez Wojtyla ; cessez Gérard-Arfel, de propager partout avec mauvaise foi et ignare impudence [Itinéraires n° 265 juillet-août 1982 pp. 8-9, expose la thèse de Benevolens sur “le véritable sens de una cum” – Lettre non conformiste, BP 151 16105 COGNAC Cedex ; n° 34, octobre 1982, donne la réfutation de cette thèse – Or le Supplément voltigeur à Itinéraires n° 101 pp. 5-6 reprend mot à mot le texte de Benevolens, sans aucune allusion à la critique] qu’on puisse être, au cours de la MESSE una cum Wojtyla, et que le “cardinal” R. [et donc Wojtyla] défendent le Concile de Trente (Suppl. Voltigeur n° 106)
+ M.L. GUÉRARD DES LAURIERS o.p.
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LEXIQUE
(L1) Phénoménologie : Étude descriptive des phénomènes ainsi que de la conscience qui les connaît.
(L2) Praxis : du grec action – Selon le marxisme, toute activité humaine transformant le monde.
(L3) Anthropologie : Étude différentielle des croyances et des institutions conçues comme fondement des structures sociales.
(L5) Épistémologie : Étude critique du développement des méthodes et des résultats des sciences.
(L6) Herméneutique : Science qui définit les principes de la critique et de l’interprétation des textes anciens.
(L7) Topique (Psychanalyse) : Théorie qui décrit l’appareil psychique selon différents plans, à partir desquels les phénomènes psychiques peuvent être analysés. La première topique freudienne distingue trois systèmes : l’inconscient, le préconscient et le conscient ; la seconde topique freudienne distingue trois instances : le Ça, le Moi, et le Surmoi.
[DOCUMENT n° 2]
M. le “cardinal” J. RATZINGER et la TRADITION
(Extrait de la revue Bulletin de l’Occident Chrétien, no 94 d’octobre 1984)
Par Mgr Guérard des Lauriers
Les lecteurs du BOC ont déjà été entretenu de cette importante question. Comment le préposé à la “doctrine de la Foi” se situe-t-il par rapport à la doctrine traditionnelle ? Le texte qui suit prouve que Mgr Wojtyla, ne pouvait ignorer à quel personnage il s’adressait lorsqu’il fit choix de Mgr Ratzinger pour établir sa “dictature”.
« Un exemple suffira enfin pour mettre en lumière à la fois la réalité de la crise qui affecte l’Eglise, et la portée d’une indispensable rectification. L’adoration de l’Eucharistie ou la visite silencieuse à l’église ne peuvent plus être fondées de manière judicieuse sur la présence locale circonscriptive de Dieu. Des expressions telles que : “Dieu habite ici”, ou qui tiennent à ce que Dieu est pensé comme étant dans un lieu, induisent une méconnaissance du Mystère christologique et de la notion de Dieu qui heurtent inévitablement les hommes réfléchis. Prétendre fonder la venue à l’Église sur le fait que là seulement on visiterait Dieu présent, ce serait un fondement privé de sens, rejeté à bon droit par l’homme moderne. L’adoration de l’Eucharistie est en réalité fondée sur ceci. Le Seigneur, par sa vie historique et par ses souffrances s’est donné pour nous comme “Pain” ; ce qui est rendu manifeste par son incarnation et par sa mort. » (Joseph Ratzinger : “Comment l’existence du Christ est-elle fondée dans les sacrements”, 4e éditions 1973, pages 30 et 31 [livre paru avec imprimatur, à la librairie Kyrios-Verlag].)
On observe que le vrai et le faux sont emmêlés. La présence du Christ n’est, dans l’Hostie consacrée : ni définitive, ni circumscriptive (St Thomas III, q. 76, a. 5, 1m). Mais, en écartant à bon droit une erreur, le “cardinal” Ratzinger énonce une autre erreur, prétendant que la présence du Christ n’est pas liée au lieu. Or la vérité est que, l’hostie consacrée étant en un lieu, le Christ, substantiellement présent dans l’Hostie, est présent dans ce lieu. Il est faux de prétendre que la présence du Christ ne soit pas liée au lieu.