Collection guérardienne n° 4
Conférences de Mgr Guérard des Lauriers
Le Christ, notre Pâque, est immolé
Pâques est la fête de la Joie et la fête de la Foi. Cette fête nous est décrite, cependant, comme celle du Passage, et peut-être est-il opportun de la saisir dans cette lumière. Sur terre, nous sommes dans l’attente ; et si l’attente est certaine par la vertu de la foi, elle reste cependant toute empreinte des souvenirs de cette Passion qui doit nous mériter la Gloire. Pâques est donc bien, pour nous, un « passage ». C’est d’ailleurs de ce sens que la fête se trouve revêtue, liturgiquement.
Le silence de saint Joseph
Il convient que nous nous entretenions de saint Joseph : c’est une fête qui est chère à tous les cœurs chrétiens ; je m’associe à votre joie et nous prierons ensemble, nous prierons pour que saint Joseph nous protège et nous prierons surtout saint Joseph de nous introduire dans l’intimité qu’il a eue avec la Sainte Famille et qu’il a éternellement avec Dieu, et de nous faire accéder à ce degré de vie intérieure où la prière est plus une prière de louange, d’adoration qu’une prière de demande, en sorte qu’on n’a plus à prier pour quelque chose, mais on se contente d’être, de demeurer en Dieu, et c’est cet état même qui constitue le meilleur de la prière.
La ferveur
Nous sommes conviés, tout au long de notre vie, soit dans l’ordre moral, soit plus encore dans l’ordre théologal à poser des actes de vertu de foi, d’espérance, de charité, ces vertus théologales informant toutes les autres. Il importe extrêmement que nos actes soient des actes fervents. C’est le désir de Jésus. Plaçons sous son patronage quelques réflexions sur la nature de l’acte fervent.
60 pages
Prix 7,50€
Cet opuscule est disponible sur notre site.
Préface de l’éditeur
Continuant la collection guérardienne à l’occasion des 35 ans du décès de Mgr Guérard des Lauriers, notre Centro Librario Sodalitium propose aux lecteurs des textes de ses conférences. Dans cet opuscule, nous en trouvons trois : la première a pour objet la fête de Pâques et a été donnée en 1961, la deuxième porte sur l’épreuve de saint Joseph et la troisième nous parle de la ferveur. Nous ignorons l’année précise où furent écrites les deux dernières conférences, parce que dans de nombreux cas les textes retranscrits du P. Guérard furent imprimés sans mentionner la date. La grande majorité des conférences qui nous sont parvenues furent polycopiées par les Dominicaines du monastère de la Croix. Or, ce n’est pas avant 1938 que le P. Guérard a quitté Kain en Belgique pour Étiolles. C’est le 7 avril 1950 qu’il fut nommé confesseur adjoint des Dominicaines, fraîchement arrivées. En 1961, le P. Guérard, appelé par le recteur de l’Université Pontificale du Latran, Mgr Piolanti, commencera à s’absenter régulièrement d’Étiolles pour séjourner et enseigner à Rome, jusqu’en juin 1970 où il sera limogé en raison du Bref examen critique, avec une quinzaine d’autres professeurs jugés indésirables ainsi que le recteur lui-même. Le refus de la nouvelle messe plaçant déjà le P. Guérard dans une grave difficulté par rapport à ses supérieurs et à sa communauté, c’est à la suite de la fermeture du Saulchoir d’Étiolles (1971) et à l’abandon d’une partie des meubles sacrés, que le P. Guérard parviendra en partie à préserver de la destruction ou de l’usage profane, qu’il se retirera définitivement de la vie conventuelle. Pour connaître son état d’âme en cette période, nous pouvons nous reporter à ce qu’il avait écrit sur le mur de sa cellule : « Beata Trinitas stat dum volvitur orbis », la Bienheureuse Trinité demeure pendant que le monde change.
Le titre original de la première conférence est Pascha nostrum immolatus est Christus. Au-delà des considérations qui regardent proprement la fête de Pâques, elle concerne l’ensemble de notre vie chrétienne. Partant des deux pôles extrêmes que sont les états d’adoration et d’agonie, le Père Guérard met en relief l’état auquel nous devons aspirer durant notre vie sur terre, à la suite de Notre-Seigneur immolé et ressuscité. Nous devons en effet être dans la joie, parce que le Christ est ressuscité, mais pourrions-nous cependant nous réjouir comme si le Christ n’avait pas vécu sa Passion ? La réponse donnée est : choisissons tout. Et comment serions-nous en même temps dans la joie et dans la douleur, autrement qu’en acceptant avec joie les croix que Notre-Seigneur nous enverra pour faire notre salut et pour ressusciter avec Lui ?
Dans la deuxième conférence, le Père Guérard donne une interprétation à la fois particulière et éclairante sur le doute de saint Joseph, ce passage difficile des Évangiles. La Sainte Écriture nous dit de Joseph qu’il est « juste ». A-t-il donc jugé Marie ? Vraisemblablement non, de par une motion spéciale du Saint-Esprit qui lui a donné de poser un « acte totalement mû ». La nature de cet acte est expliquée par notre auteur, qui met nettement en relief l’union à Dieu de saint Joseph.
Dans la dernière conférence, le Père Guérard expose la doctrine thomiste sur la ferveur et le mérite. Nous devons être fervents, c’est la volonté de Dieu. Mais comme il est rappelé dans le texte, à tout considérer, la vie chrétienne fervente est plus facile que celle d’un niveau inférieur où l’on chercherait plutôt à porter ses croix avec résignation. Cela dit, pouvons-nous être fervents de par nous-mêmes ? Non, c’est Dieu qui pose cet acte en nous. L’acte fervent sanctifie-t-il uniquement celui qui le pose ? Non, son effet se répercute sur tout le corps mystique, de sorte qu’une manière très réelle de travailler à la sanctification du prochain est de se sanctifier soi-même.
Le lecteur découvrira dans ce petit livre des pensées très belles, qui ouvrent certains horizons sur la route que nous devons emprunter pour aller à Dieu. C’est le désir de Dieu que nous nous sanctifiions, nous devons pour cela réaliser concrètement dans notre vie les quelques aspects de la sainteté dont le P. Guérard nous parle. À tout le moins, nous devons tenter de le faire, en priant Dieu humblement de nous aider, parce que notre sanctification sera toujours son œuvre à Lui. Cependant, nous devons y ajouter, de notre part, le labeur et la patience. Nous devons éviter tant l’admiration stérile qui se contente – et s’illusionne – de scruter le vrai sans le mettre en pratique que l’illusion – pour le propre contentement – d’être déjà arrivé à un niveau suffisant, si ce n’est au terme.
Tirons donc profit des réflexions que donne le Père Guérard dans cet opuscule, cherchons à y conformer nos vies et nos actes en demandant à Dieu la grâce de mieux l’aimer, en le connaissant mieux grâce aux dons du Saint-Esprit, parce qu’il ne s’agit pas de choses qui seraient en-dehors de la voie qui nous fait aller à Lui.