« De la naissance de Jésus. »
Evangelizo vobis gaudium magnum…
Quia natus est vobis hodie salvator.
(Luc II 10-11)
La naissance de Jésus-Christ apporta une allégresse générale à tout l’univers. Il était le Rédempteur désiré depuis tant d’années, et par tant de soupirs, qu’il fut appelé, à cause de cela, le désiré des nations, et le désir des collines éternelles. Le voilà déjà venu, et il est né dans une petite caverne. Pensons que l’ange nous annonce aujourd’hui à nous-mêmes cette grande joie qu’il annonçait aux pasteurs en disant : Ecce enim evangelizo vobis gaudium magnum quod erit omni populo ; quia natus est vobis hodie Salvator. (Luc. II) Combien de réjouissances n’y a-t-il pas dans un royaume lorsqu’un roi voit venir au monde son fils premier-né ! Mais nous, en voyant naître le fils de Dieu, qui est venu du ciel pour nous visiter par les entrailles de sa miséricorde, ne devons-nous pas nous réjouir davantage ? Per viscera misericordiæ Dei nostri, in quibus visitavit nos oriens ex alto. Nous étions perdus, et voilà que le fils de Dieu est venu pour nous sauver. Propter nostram salutem descendit de cœlis. Voilà le pasteur qui est venu sauver ses brebis de la mort, en donnant la vie pour leur amour. Ego sum pastor bonus ; bonus pastor animam suam dat pro ovibus suis (Joan. XI). Voilà l’agneau de Dieu qui est venu se sacrifier pour nous obtenir la grâce divine, et pour se rendre notre libérateur, notre vie, notre lumière, et même notre aliment dans le Saint-Sacrement. Saint Augustin dit que Jésus-Christ en naissant veut être mis dans la crèche, qui est le lieu où les animaux prennent leur aliment, pour nous faire comprendre qu’il s’est fait homme pour être notre nourriture : In prœsepio, ubi pastus est animalium, sua collocari membra permittit, in æternam refectionem vescendum a mortalibus corpus suum ostendit. (Tract. 25. in Joan.) De plus, il naît tous les jours dans le sacrement par le ministère de ses prêtres et par les paroles de la consécration : l’autel est la crèche dans laquelle nous allons nous rassasier de sa chair. Il y a des personnes qui désireraient prendre le saint enfant dans leurs bras, comme fît autrefois le vieillard Siméon ; mais la foi nous apprend que lorsque nous communions nous n’avons pas seulement entre les bras, mais nous possédons encore dans le fond de nos âmes le même Jésus qui était couché dans la crèche de Bethléem. Il est né précisément à cette fin, de se donner entièrement à nous. Parvulus natus est nobis, et filius datus est nobis. (Is. IX. 6.)
COLLOQUE
Erravi sicut ovis quæ periit ; quære servum tuum. Seigneur, je suis la brebis qui, pour aller au gré de mes caprices et de mes désirs, me suis malheureusement égarée ; mais vous qui êtes en même temps le pasteur et l’agneau divin, vous êtes, ô mon Dieu, celui qui est descendu du ciel pour me sauver, en vous sacrifiant sur la croix comme une victime pour l’expiation de mes péchés. Ecce agnus Dei ecce qui tollit peccata mundi. Que dois-je craindre, si je veux me corriger ? Pourquoi ne mettrai-je pas toute ma confiance en vous, mon Sauveur, qui êtes né tout exprès pour me sauver ? Ecce Deus Salvator meus, fiducialiter agam et non timebo. Quelle plus grande preuve de votre miséricorde pouviez-vous me donner, ô mon doux Rédempteur, que de vous donner vous-même ? Mon cher enfant, combien je me repens de vous avoir déplu ! Je vous ai fait pleurer dans la crèche de Bethléem ; mais si vous êtes venu me chercher, je me jette à vos pieds, et quoique je vous voie affligé et avili dans cette crèche, où vous êtes étendu sur la paille, je vous reconnais pour mon souverain Seigneur. Je sens déjà que les douces plaintes que vous faites entendre m’invitent à vous aimer et à vous donner mon cœur. Le voici, ô mon Jésus, je suis à vos pieds pour vous l’offrir ; changez-le, et enflammez-le, vous qui êtes venu au monde pour allumer dans tous les cœurs le feu de votre saint amour. J’entends que vous me dites de cette crèche où vous êtes couché : Diliges Dominum Deum tuum, ex toto corde tuo. Et je vous réponds : Ah ! mon Jésus, et qui aimerai-je, si je ne vous aime point, vous qui êtes mon Seigneur et mon Dieu ? Vous vous appelez mien, parce que vous êtes venu au monde pour être tout à moi, et moi, je me refuserais à vous appartenir ! Non, mon bien-aimé Seigneur, je me donne tout à vous, et je vous aime de tout mon cœur. Je vous aime, je vous aime, je vous aime, ô souverain bien, ô unique amour de mon âme. Ah ! recevez aujourd’hui le sacrifice que je vous fais de moi-même, et ne permettez pas que je cesse jamais de vous aimer. Ma reine Marie, je vous prie par la consolation que vous éprouvâtes la première fois que vous avez vu votre fils après qu’il fut né, et que vous lui avez donné les premiers embrassements, faites qu’il m’accepte comme son enfant soumis, et qu’il m’enchaîne à jamais par le don de son saint amour.