Réflexions sur le Sacré-Cœur de Jésus

(Extrait de Sodalitium n°47 édition française de décembre 1998)

Par M. l’abbé Ugolino Giugni

« Si tu savais le don de Dieu » (Jn IV, 10).

Pourquoi parler du Sacré-Cœur de Jésus dans les pages de Sodalitium ? Pour mieux connaître « le don que Dieu » nous a fait en nous révélant la dévotion à son Sacré-Cœur. Et parce qu’il est juste de rendre à ce Cœur « qui a tant aimé les hommes » notre tribut d’amour et de dévotion, spécialement pendant le mois de juin qui Lui est consacré. Cet article n’a pas d’autre intention que celle de faire connaître un peu plus et de répandre cette dévotion si belle et si consolante afin que le divin Cœur soit davantage aimé des hommes ; en effet on peut aussi dire du Sacré-Cœur ce que saint Bernard appliquait à la Très Sainte Vierge : « Numquam satis ». L’auteur ne se propose donc pas d’écrire quelque chose de nouveau sur le sujet (car il n’en serait pas capable), mais de mettre à la portée des lecteurs ce qui a déjà été abondamment écrit, en se référant particulièrement aux écrits de sainte Marguerite-Marie Alacoque, la confidente du Cœur de Jésus.

Qu’est-ce que la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus ?

On pourrait dire simplement que c’est la dévotion envers Jésus. Le Sacré-Cœur n’est rien d’autre que Jésus Notre-Seigneur mieux compris et mieux aimé ; le Sauveur plus proche de ses créatures ; son amour qui se révèle à nous. La Sacrée Congrégation des Rites déclara, en instituant la fête du Sacré-Cœur, qu’elle n’a pas comme fin de commémorer un mystère en particulier de la vie de Notre-Seigneur mais de condenser toutes les fêtes en son honneur. Elle ne nous rappelle pas une grâce déterminée, mais la source même de toutes les grâces ; non pas Un mystère en particulier mais le principe même et la raison intime de tous les mystères. Le motif de ce culte réside dans le fait que toute la Rédemption, avant d’être réalisée extérieurement durant la vie sur terre de l’Homme-Dieu, s’était déjà accomplie intérieurement et invisiblement dans le sanctuaire de son Cœur. Si toutes les autres fêtes en l’honneur du Sauveur ont comme objet dans une certaine mesure la charité du Christ, aucune autre que celle du Sacré-Cœur veut honorer la charité totale en elle-même, principe de tous les mystères de l’Homme-Dieu. « Dieu est amour », Deus caritas est (1 Jn IV, 16). [Et on ne pourrait pas trouver une meilleure définition de Dieu, n.d.a.]. Son Cœur éternel a toujours aimé ; chercher dans cet amour éternel de Dieu le pourquoi de toute la succession des mystères révélés, c’est la théologie du Sacré-Cœur. Dieu aime, et aimer veut dire se donner. Il nous a tout donné, voilà la création. Aimer, c’est parler, pour se faire comprendre à celui qu’on aime : Dieu a parlé et voilà la Révélation. Aimer, c’est se rendre semblable à celui qu’on aime, et voilà l’Incarnation. Aimer, c’est souffrir pour celui qu’on aime : voilà la Rédemption. Aimer, c’est vivre à côté de celui qu’on aime : voilà l’Eucharistie. – Aimer, c’est s’unir et ne faire qu’un avec celui qu’on aime : voilà la communion. – Aimer, c’est jouir toujours avec l’être aimé : voilà le Paradis. Sic Deus dilexit.

Et comme la personne de Jésus est une personne divine, son Cœur créé synthétise tous les amours du Cœur incréé de Dieu et en résume toutes les manifestations… Il est l’expression vivante et palpitante de tous les mystères catholiques » (1).

Mais en quel sens est compris le mot Cœur ? Ou mieux, en quel sens l’Église l’entend-elle quand elle nous invite à honorer le Cœur de Jésus ? L’objet de la dévotion comprend deux éléments : l’élément matériel, sensible, immédiat qui est le Cœur physique de Jésus en tant qu’il est uni hypostatiquement (2) à la personne du Verbe ; ce Cœur s’il est considéré comme symbole de l’amour est l’élément formel ou spirituel. L’amour de Jésus est l’objet principal de cette dévotion, mais étant donné que l’amour est absolument spirituel, il a été nécessaire de lui trouver un symbole qui naturellement ne peut être que son Cœur. Puisque l’homme est composé d’âme et de corps ces deux éléments se reflètent nécessairement dans toute son activité (même le fait d’aimer) ; quand l’homme aime raisonnablement, cette activité qui procède de la volonté détermine autant de mouvements analogues et corrélatifs dans l’appétit inférieur, et donc dans le Cœur. Or le Seigneur Jésus était parfaitement homme, et plus qu’en tout autre homme son Cœur et ses sentiments étaient en complète harmonie. Jésus disait à sainte Marguerite « Je te ferai lire dans le livre d’amour » (c’est-à-dire son Cœur) « lis-y mon amour souffrant… les impressions de dégoût, de terreur, de tristesse de ma vie mortelle… ». Ce Cœur divin est maintenant soustrait aux émotions violentes et aux affections de douleur incompatibles avec son état de gloire, mais reste sensible à tous les sentiments qui ne peuvent troubler la parfaite béatitude du ciel ; c’est pour nous une douce consolation de penser que nos sacrifices, notre amour, notre affection peuvent agir sur le Cœur de Jésus pour le faire palpiter d’une amoureuse jouissance.

L’élément spirituel, l’Amour, qui a porté le Fils de Dieu à accepter la mort et à se donner à nous dans le Saint-Sacrement de l’Autel, est incomparablement plus important que l’élément matériel, tout comme dans l’homme l’âme est plus importante que le corps. Mais les deux éléments sont corrélatifs, ils constituent donc un unique objet de la dévotion. Si nous considérons en premier lieu le Cœur physique de Jésus, par la loi du symbolisme il nous conduira directement à l’Amour de Jésus. Sainte Marguerite-Marie décrivait ainsi l’objet de ce culte : « Mon divin Sauveur m’a assuré qu’ll éprouve un très grand plaisir à être honoré sous la figure de son Cœur de chair, pour toucher au moyen de cet objet le cœur insensible des hommes ». C’est donc au Cœur de Jésus vivant et véritable, qui fait partie de sa sacro-sainte humanité, qui fut transpercé sur la Croix et qui vit dans l’Eucharistie, auquel l’Église, sainte Marguerite-Marie et les fidèles pensent quand ils accomplissent une pratique en son honneur.

D’autre part le Cœur de Jésus est honoré en tant qu’il est hypostatiquement uni à sa Personne Divine : le terme de ce culte est toujours la personne de Jésus avec sa dignité infinie, incréée et divine ; et son Cœur comme partie de sa très sainte humanité. « Le Sacré-Cœur, présenté par l’Église, au culte public, est donc Jésus qui montre son Cœur ». En face de nous est placé le Cœur de l’Homme-Dieu qui du haut du crucifix avec la poitrine déchirée attire à Lui tous les cœurs (Quand je serai élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes, Jn XII, 32), avec une force qui fait mépriser le martyre, qui exulte face à la mort, qui ne connaît pour limites ni le temps ni l’espace ni la haine des méchants.

Pie XII résume ainsi la légitimité du culte qui est rendu au Sacré-Cœur : « Rien par conséquent ne s’oppose à ce que nous adorions le Cœur très sacré de Jésus-Christ en tant que participation et symbole naturel et très expressif de cet amour inépuisable que notre divin Rédempteur ne cesse d’éprouver à l’égard du genre humain. Bien qu’il ne soit plus soumis aux vicissitudes de cette vie mortelle, il n’en continue pas moins de vivre et de battre, il est uni de façon indissoluble à la Personne du Verbe divin, et, en elle et par elle, à la volonté divine. C’est pourquoi, puisque le Cœur du Christ déborde d’amour divin et humain, et qu’il est rempli des trésors de toutes les grâces que notre Rédempteur a acquis durant sa vie par ses souffrances et par sa mort, il est la source éternelle de cet amour que son Esprit répand dans tous les membres de son Corps mystique.

Le Cœur de notre Sauveur reflète donc d’une certaine façon l’image de la divine Personne du Verbe et de sa double nature humaine et divine, et en lui nous pouvons considérer non seulement le symbole, mais comme la somme de tout le mystère de notre Rédemption. Lorsque nous adorons le Cœur très sacré de Jésus-Christ, nous adorons par lui et en lui tant l’amour incréé du Verbe divin que son amour humain, ses autres sentiments et ses autres vertus, puisque c’est l’un et l’autre amours qui ont poussé notre Rédempteur à s’immoler pour nous et pour toute l’Église son épouse, selon les paroles de l’Apôtre : « Le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle afin de la sanctifier, après l’avoir purifiée dans l’eau baptismale, avec la parole, pour la faire paraître devant lui, cette Église, glorieuse, sans tache, sans ride ni rien de semblable mais sainte et immaculée » (Eph. V, 25-27) » (3).

Le Sacré-Cœur de Jésus dans l’Évangile

Où trouver sinon dans l’Évangile le fondement de cette dévotion ? Et verbum caro factum est. Et vidimus et credimus… (Le Verbe s’est fait chair… nous l’avons vu et puisque nous l’avons vu nous avons cru, Jn I, 14 ; cf. 1 Jn I, 1-2) nous dit l’Apôtre bien-aimé saint Jean l’Évangéliste, qui a appuyé sa tête sur le Cœur de Jésus durant la dernière Cène.

Jésus a dit à ses disciples (et donc aussi à nous) « apprenez de moi que je suis doux et humble de Cœur » (Matth. II, 28-30) pour attirer notre attention sur les dispositions intérieures de son âme très sainte symbolisée par son Cœur.

Ouvrons donc quelques pages de l’Évangile pour découvrir le Cœur de Dieu qui voulut attirer les hommes à lui avec sa bonté et sa miséricorde.

Marie-Madeleine. Jésus passa par les chemins de la Galilée et de la Judée en faisant du bien (transiit benefaciendo…) et en cherchant des âmes à pardonner et à racheter. Certaines vinrent à Lui spontanément pour être pardonnées : l’une d’elles fut Marie-Madeleine, la pécheresse de Magdala. La fatigue du péché s’était emparée d’elle, une grâce intime avait sollicité son cœur de retourner au bien, une parole de Jésus, entendue peut-être par hasard, avait fait le reste vainquant les dernières résistances. Prosternée aux pieds du M aître et pleurant à chaudes larmes, elle avait fait l’humiliante confession de ses fautes en implorant le pardon de son Seigneur. Ce pardon ne se fit pas attendre ; après avoir expliqué au pharisien qui la recevait que justement celui auquel la dette a été remise aime encore plus, il se retourna avec douceur vers Madeleine : « Femme tes péchés te sont pardonnés » (Luc VII, 48). En effet « Il lui a été beaucoup pardonné parce qu’elle avait beaucoup aimé » (ibidem, 46). Le Maître adorable avait reconnu en elle une âme ardente et choisie, que le plaisir peut fasciner l’espace d’un instant mais pas satisfaire, et en avait fait une conquête de son amour infini. D’une fille pécheresse et perdue d’Israël, méprisée par les pharisiens orgueilleux, Jésus avait fait une sainte, une perle pour son Paradis, un miracle d’amour, la bien-aimée de son Cœur, au point que c’est d’abord à elle (après la très Sainte Vierge) que Jésus apparaîtra après sa Résurrection. La Madeleine est l’œuvre du pardon miséricordieux du Sauveur.


Jésus dit : « Zachée hâte-toi de descendre, car je veux aujourd’hui loger dans ta maison » (Lc XIX, 5)

Zachée. Il avait péché, en suivant la voie large et facile, en s’enrichissant par des moyens plus ou moins licites, et jouissait de la vie sans souci et sans remords. Mais un jour une grâce secrète avait répandu dans son âme comme un vague désir d’une vie meilleure. Le bruit des miracles de Jésus avait dû arriver jusqu’à lui, uni au désir de voir le Maître. Pour ce faire, puisque Jésus arrivait dans sa ville, insouciant du respect humain, il était monté sur un sycomore, car il était de petite taille. « Une touche bienfaisante de la grâce le pousse à désirer de voir le Christ. Il ne tient pas à lui parler ; il n’a rien à lui dire, ce lui semble ; il veut seulement le voir. Tandis qu’il le considère, s’avançant lentement accompagné par la foule, il sent tout à coup le regard de Jésus fixé sur lui. Ce regard profond et doux, au rayonnement lumineux, qui pénètre jusqu’au fond des âmes, le remue étrangement ; et voilà qu’il s’entend appeler par son nom : « Zachée – dit Jésus avec une douceur infinie – hâte-toi de descendre, car je veux aujourd’hui loger dans ta maison » (Lc XIX, 5). Dans sa maison… bouleversé jusqu’au plus intime de son âme par cette attention du Maître, il ne peut rien répondre. Il court à son logis… il fait tout préparer… Jésus entre… que ce passe-t-il alors dans l’âme de Zachée ? Une vive lumière lui montre l’injustice de sa vie. La bonté de Jésus qui a daigné le choisir pour son hôte, malgré le mépris général dont il est l’objet de la part des Juifs, lui apparaît si miséricordieuse et si douce, que son cœur en est profondément touché. À la vue du Christ pauvrement vêtu, vivant d’aumônes, passant, en faisant le bien, en répandant la lumière et la paix, le front serein, le regard tout rempli de miséricorde, et la main toujours levée pour bénir, le riche publicain comprend la vanité des faux biens dans lesquels, jusqu’alors, il avait placé son bonheur. Il comprend que son âme est faite pour quelque chose de plus grand, de plus utile et de meilleur. Debout devant le Maître, avec un cœur large, une volonté entièrement déterminée au bien : « Voici, dit-il, que je donne la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, je lui en rends quatre fois autant » (Lc XIX, 8) (…). Quelle n’est pas la joie de Jésus lorsqu’il voit Zachée répondre si fidèlement à la grâce ! Ses regards miséricordieux ne se seront donc pas en vain fixés sur cette âme ; ses avances toutes pleines d’amour n’auront pas été, cette fois, repoussées ! Considérant l’œuvre sublime opérée par sa miséricorde, le divin Maître s’écrie : « Le salut est vraiment entré aujourd’hui dans cette maison. Celui-là est bien aussi un fils d’Abraham ». Puis il ajoute ces belles paroles, splendide et divin sommaire de sa propre vie : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (ibidem 10) » (4).

La Samaritaine. Jésus ne trouvait pas toujours des âmes aussi promptes à correspondre comme celle de Zachée, parfois il devait combattre pour les conquérir, comme dans le cas de la Samaritaine. Dans la ville de Sichar il y avait beaucoup d’âmes à sauver ; dans sa miséricorde Jésus avait vu une femme pécheresse, et Il voulait non seulement la retirer du mal mais en faire l’apôtre de ses concitoyens. Jésus fatigué par le voyage avait laissé ses apôtres continuer leur chemin et s’était assis près du puits de Jacob. Faiblesse divine, lassitude mystérieuse qui le faisait faiblir sous le poids des péchés du monde ; Il attendait l’âme pour laquelle Il s’était déjà tant fatigué mais qui jusqu’alors avait résisté à sa miséricorde. La femme s’approche pour puiser de l’eau ; disciple des doctrines erronées en tant que Samaritaine, un caractère tenace et porté à la raillerie, une nature sensuelle, ennemie du travail, étaient autant d’obstacles à son retour au bien. Mais Jésus médecin des âmes, qui est venu non pour celles qui se portent bien mais pour les malades, est là pour la sauver.

« Le Maître divin commence donc, avec la pécheresse, ce sublime colloque que nous a transmis le Saint Évangile. Le respect de Jésus pour les âmes, la rare prudence qui accompagne toutes ses paroles et tous ses actes, sa douceur, sa patience, son humilité n’y paraissent pas moins que sa profonde connaissance des cœurs. Il demande d’abord à la Samaritaine un léger service. Il supporte, sans en rien témoigner, ses impertinentes saillies. Il entre peu à peu dans son esprit, excitant, avec une sainte habileté, sa curiosité naturelle. Il l’amène ainsi à déclarer l’irrégularité de sa position. C’est seulement lorsque, d’elle-même, elle a dit : « Je n’ai point de mari » (Jn IV, 17), que Jésus lui fait voir qu’il connaît l’état de péché dans lequel elle vit. Mais il le fait simplement, sans lui adresser de reproches, sachant bien qu’elle n’est pas capable de les recevoir ; sans la frapper de son mépris, sans même l’humilier par un terme dur. Cette douceur admirable, ce regard divin qui lit dans son âme, donnent à cette pauvre femme la confiance d’interroger Jésus. Et Lui, avec une incomparable bonté, répond à ses questions, dissipe ses doutes, éclaire son intelligence. Quand Il s’est ainsi rendu maître de son esprit, Il lui déclare sa divine mission.

Elle, en proie à la plus vive agitation, retourne en hâte vers la ville. Un trouble étrange s’est emparé de son âme ; des pensées qu’elle n’a jamais eues viennent l’assaillir. Sous l’influence de la grâce, un changement, dont elle n’a pas encore conscience, s’opère en elle. Quand elle rentre à Sichar, elle se sent pressée de dire à tous ceux qu’elle rencontre : « Venez, venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait : ne serait-ce pas le Christ ? » (Jn IV, 29).Elle ne sait encore si elle doit croire ; mais elle comprend que cet homme si pur, si grave et si doux qui lui a parlé dans le chemin, n’est point une créature vulgaire. Elle veut que les autres en jugent.

Le soir de ce même jour, quand, appelé par les habitants, Jésus entra dans Sichar, Il retrouva la pécheresse : la grâce toute-puissante l’avait transformée. Elle vint alors d’elle-même à son charitable Sauveur, non pour avouer des crimes qu’il connaissait déjà, mais pour recevoir un pardon que sa foi et sa contrition réclamaient, et que le Cœur infiniment bon de Jésus avait hâte de lui donner. La miséricorde avait encore une fois triomphé. Elle avait fait, d’une créature misérable en qui tout semblait impur et vicié, une âme enrichie par la grâce, un apôtre de la vérité, un trophée glorieux pour le Christ. Elle avait opéré un miracle nouveau.

Et lorsque, deux jours plus tard, Jésus s’éloigna de la ville, ceux qu’Il avait attirés à son amour, illuminés de sa vérité et sauvés par sa miséricorde, lui donnèrent pour la première fois, d’une voix unanime, ce nom si doux de « Sauveur ».

Dix-neuf siècles déjà ont répété cette parole des heureux Samaritains : « Il est vraiment le Sauveur du monde » (ibidem, 42). Bien d’autres siècles, peut-être, la répéteront encore : les échos de l’éternité la répercuteront sans fin ! Oui, Jésus est le Sauveur du monde, parce qu’Il est la Miséricorde : le monde a tant besoin de miséricordieux pardons ! » (5). C’est justement en parlant avec la Samaritaine que Jésus prononça ces admirables paroles qui peuvent si bien se rapporter à son Sacré-Cœur : « Si tu savais le don de Dieu, et qui est Celui qui te dis – donne-moi à boire – peut-être lui en eus-tu demandé toi-même, et il t’aurait donné d’une eau vive (…). Qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif ; mais l’eau que je lui donnerai deviendra une fontaine d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle » (Jn IV, 10-14).


Jésus et la Samaritaine :
« Si tu savais le don de Dieu »

Nombreux sont les autres passages des Évangiles dans lesquels plus qu’ailleurs on voit la bonté et la miséricorde du Sacré-Cœur de Jésus. Les paraboles du bon samaritain, du bon pasteur, de la femme adultère et tant d’autres endroits de l’Évangile en sont un exemple ; je ne citerai pour finir que le cas du bon larron. C’est un criminel condamné à mort justement pour ses crimes et qui est supplicié avec le Seigneur. Dismas (c’était son nom) est frappé de la mansuétude de Jésus, qui au lieu de maudire pardonne ses ennemis : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc XXII, 34). Ces paroles de Jésus opèrent la conversion du délinquant parce que rien de semblable n’avait jamais été vu ni entendu sur la terre jusqu’alors. Touché par l’émotion, le bon larron reprend d’abord son compagnon : « Ne crains-tu point Dieu, quand tu subis la même condamnation ? Encore pour nous, c’est avec justice ; car nous recevons ce que nos actions méritent ; mais celui-ci n’a rien fait de mal » (ibidem 40-41) ; et il dit à Jésus : « Seigneur, souvenez-vous de moi quand vous serez arrivé dans votre royaume ». Ce sont des paroles remplies d’une grande humilité (il demande seulement de se souvenir de lui, il ne s’estime pas digne de lui demander autre chose), espérance (il parle du royaume de Jésus qu’il ne voit pas avec les yeux du corps ; en effet quel royaume peut avoir sur terre quelqu’un qui meurt nu sur une croix…) et foi (il appelle « Seigneur » et croit en son royaume dans lequel Il ira après la mort). La réponse du Sacré-Cœur est comme toujours au-dessus des attentes du demandeur. À celui qui lui demande de se souvenir seulement de lui, Jésus donne son royaume : « En vérité je te le dis, aujourd’hui-même tu seras avec moi au Paradis ». Ainsi pardonne l’Agneau de Dieu qui est venu enlever les péchés du monde. Tant est grande sa miséricorde et sa bonté qu’il permet au bon larron son dernier, vol, celui du ciel. Mais il s’agit d’un vol… qui enrichit le volé, et rend le Sauveur plein de joie pour cette première âme que sa Croix a sauvée en la faisant le premier membre de sa Sainte Église, après la très Sainte Vierge Marie.

Les dons de Jésus : manifestation de son Cœur très sacré

La bonté et la miséricorde du Seigneur se manifestent aussi dans les dons qu’il nous a laissés avant de monter au ciel. Pie XII, à qui le Sacré-Cœur apparut en 1954 pour le guérir d’une grave maladie écrivit (6), deux ans après, l’encyclique « Haurietis Aquas » peut-être même comme remerciement pour cette grâce. On y lit : « Lorsqu’il fut suspendu à la croix, notre divin Rédempteur sentit son Cœur bouillonner de sentiments divers et impétueux, d’un amour intense, d’épouvante, de miséricorde, de violent désir et de paix sereine, sentiments qui sont exprimés d’une façon significative par ces paroles : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc XXIII, 34) ; « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » (Matth. XXVII, 46) ; « Je te le dis en vérité aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43) ; « J’ai soif » (Jn XIX, 28) ; « Père je remets mon esprit entre vos mains » (Lc XXIII, 46). Qui pourrait décrire dignement les sentiments dont était imprégné le Cœur divin, indices de son amour infini, aux moments où il se donnait lui-même aux hommes dans le sacrement de l’Eucharistie, où il leur donnait sa Mère très Sainte et nous faisait participer à la charge sacerdotale ?

Avant de partager la dernière Cène avec ses disciples, le Christ Notre-Seigneur, qui savait qu’il devait instituer le sacrement de son Corps et de son Sang, par l’effusion duquel une Nouvelle Alliance devait être scellée, sentit son Cœur s’animer de sentiments ardents, qu’Il exprima à ses Àpôtres par ces paroles : « J‘ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir » (Lc XXII, 15) ; ces sentiments ont, sans aucun doute, été plus ardents lorsque « Il prit du pain et, après avoir rendu grâces, Il le rompit et le leur donna, en disant ‘Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi’. Et pareillement pour la coupe, après qu’ils eurent soupé, en disant : ‘Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous’ » (Lc XXII, 19-20). On peut donc affirmer que la divine Eucharistie, en tant que sacrement par lequel Il se donne aux hommes, et sacrifice par lequel Il s’immole perpétuellement « du lever jusqu’au coucher du soleil » (Saint Augustin, De sancta virginitate 6 – ML 40, 399), ainsi que le sacerdoce (7), sont des dons du Cœur très sacré de Jésus.

Un don très précieux également de ce Cœur très sacré est… Marie, la Mère de Dieu et aussi notre Mère très aimante à tous. Elle a été la Mère de notre Rédempteur selon la chair et son Associée pour ramener les fils d’Eve à la vie de la grâce, ce qui lui valut d’être appelée [par Jésus Lui-même] la Mère spirituelle de tout le genre humain » (8).

Origines de cette dévotion

La dévotion au Cœur de Jésus comme de nombreux dogmes et cultes de l’Église a eu au cours des siècles un développement homogène, pour arriver à sa véritable révélation au XVIIème siècle. Peut-être le premier « dévot » au Sacré-Cœur fut-il saint Jean qui posa sa tête sur le côté du Sauveur durant la dernière Cène : c’est lui en effet qui nous rapporte dans son évangile le coup de lance qui ouvrit et blessa la poitrine du Seigneur Jésus (Jn XIX, 31s). La plupart des Pères de l’Église dans leurs commentaires de ce passage évangélique ne se réfèrent pas au Cœur véritable de Jésus « mais au sein, à la poitrine, à la blessure du côté. Le passage était facile et spontané ; cependant il ne semble pas que les Pères l’aient accompli. Ils ont entrevu le Cœur, à travers la poitrine déchirée, mais se sont arrêtés sur le seuil du « Temple de Dieu ». Même ceux qui parlèrent expressément du « Cœur », ne le considérèrent cependant pas comme symbole où emblème d’amour, mais comme figure, image, métaphore des affections de l’âme et donc aussi de l’amour. (…) Dans la blessure du côté les Pères virent la source de l’Église et des sacrements… De leurs considérations théologiques et mystiques naîtra la dévotion aux cinq plaies, à partir de laquelle plus tard se développera la dévotion au Sacré Côté : c’est précisément cette dévotion qui petit à petit révélera aux âmes le Cœur de Jésus et son amour. Historiquement, la blessure du Côté nous apparaît comme la providentielle et logique préparation du culte du Sacré-Cœur » (9).

C’est le Moyen Âge qui marque le début et la constitution de cette dévotion. « Le christianisme désormais victorieux se renforce dans la possession pacifique de son credo et de son culte. C’est le temps des grands théologiens et des grands mystiques médiévaux. Le centre de leurs méditations est encore le Christ Rédempteur, mais ce n’est plus la Divinité qui frappe davantage leur intelligence et leur cœur, mais l’humanité de Jésus Sauveur, spécialement dans ses mystères les plus humains : l’Incarnation et la Passion : « pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? » » (10). Par amour… répondra le dévot du Sacré-Cœur dans les siècles suivants ! Un exemple de cette période nous est donné par saint Anselme († 1109) qui dit : « Le doux Jésus… dans l’ouverture de sa poitrine ; cette ouverture en effet nous révéla les richesses de sa bonté, c’est-à-dire l’amour de son Cœur pour nous » (11). Saint Bonaventure ensuite († 1274) nous offre une idée la plus exacte et la plus complète possible de cette dévotion ; il en donne le double objet, la fin, l’esprit, l’acte propre et plusieurs actes de dévotion, c’est pourquoi il peut être placé parmi les premiers dévots du Sacré-Cœur (l’Église prend chez lui certaines leçons pour l’office de la fête). Ensuite deux mystiques bénédictines sainte Gertrude († 1298) et sainte Mathilde († 1303) rendirent plus chaude cette dévotion au Sacré-Cœur, en y ajoutant une multitude d’exercices pratiques. « Fréquents et très divers sont les actes d’hommage qu’elles adressaient au Cœur de Jésus : innombrables les faveurs très spéciales qu’elles en recevaient : échange du Cœur, repos sur le Cœur divin, enseignements spirituels, et surtout les révélations qui constituent la première « théologie du Sacré-Cœur » » (12). Un vrai précurseur de sainte Marguerite-Marie fut certainement saint Jean Eudes (1601-1680) que l’Église a déclaré « auteur du culte liturgique des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, le Père, le docteur, l’apôtre de ce même culte ». Mais la vraie institutrice, celle qui par mission divine devait répandre dans le monde l’amour pour le Sacré-Cœur, a certainement été sainte Marguerite-Marie Alacoque.

La dévotion au Sacré-Cœur ne fut donc pas découverte où inventée par sainte Marguerite-Marie, la voyante de Paray-le-Monial ; elle existait déjà avant elle, mais n’avait pas encore une large et vive influence sur la masse des fidèles et manquait d’un contenu bien déterminé. Ce fut précisément la charge et la mission spéciale que Dieu confia à sainte Marguerite-Marie : c’est à elle que fut réservé de faire fleurir cette dévotion d’une manière plus manifeste, de l’accréditer avec une quantité de merveilles, de donner lieu à un culte public et universel. Si la dévotion au Sacré-Cœur existait déjà avant sainte Marguerite-Marie, il est toutefois difficile de dire quelle fut l’influence des « précurseurs » sur elle. Avec une grande probabilité, d’après les spécialistes de sa vie, elle n’en lut pas les œuvres et n’en subit aucune influence, c’est pourquoi l’on peut conclure que « la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ a pour auteur Jésus-Christ même. C’est Lui qui l’a révélée ; qui en a commandé l’institution : qui en a expliqué la nature ; qui en a enseigné la pratique ; qui en a prescrit la forme » (13). Sainte Marguerite-Marie fut donc l’apôtre officielle choisie par Jésus pour faire connaître à tous les hommes les abîmes de son amour infini et pour la diffusion de ce culte.

Dans la vie autobiographique de sainte Marguerite-Marie, qu’elle écrivit par obéissance, nous lisons : « Une fois, donc, étant devant le saint Sacrement [le 27 décembre 1673, n.d.a.] me trouvant un peu plus de loisir, car les occupations que l’on me donnait ne m’en laissaient guère, me trouvant toute investie de cette divine présence, mais si fortement, que je m’en oubliai de moi-même et du lieu où j’étais, et je m’abandonnai à ce divin Esprit, livrant mon cœur à la force de son amour. Il me fit reposer fort longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour, et les secrets inexplicables de son sacré Cœur, qu’il m’avait toujours tenus cachés, jusqu’alors qu’il me l’ouvrit pour la première fois, mais d’une manière si effective et sensible qu’il ne me laissa aucun lieu d’en douter, par les effets que cette grâce produisit en moi (…).

Et voici comme il me semble la chose s’être passée. Il me dit : « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen, et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre, et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires nécessaires pour les retirer de l’abîme de perdition ; et je t’ai choisie comme un abîme d’indignité et d’ignorance pour l’accomplissement de ce grand dessein, afin que tout soit fait par moi ». Après il me demanda mon cœur, lequel je le suppliai de prendre, ce qu’il fit, et le mit dans le sien adorable, dans lequel il me le fit voir comme un petit atome qui se consommait dans cette ardente fournaise, d’où en le retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, il le remit dans le lieu où il l’avait pris, en me disant : « Voilà, ma bien aimée, un précieux gage de mon amour, qui renferme dans ton côté une petite étincelle de ses plus vives flammes, pour te servir de cœur et te consommer jusqu’au dernier moment, et dont l’ardeur ne s’éteindra, ni ne pourra trouver de rafraîchissement que quelque peu dans la saignée, dont je marquerai tellement le sang de ma croix, qu’elle t’apportera plus d’humiliation et de souffrance que de soulagement. C’est pourquoi je veux que tu la demandes simplement, tant pour pratiquer ce qui vous est ordonné, que pour te donner la consolation de répandre ton sang sur la croix des humiliations. Et pour marque de la grande grâce que je viens de te faire n’est point une imagination, et qu’elle est le fondement de toutes celles que j’ai encore à te faire, quoique j’aie refermé la plaie de ton côté la douleur t’en restera pour toujours, et si jusqu’à présent tu n’as pris que le nom de mon esclave, je te donne celui de la disciple bien-aimée de mon sacré Cœur ».

Après une faveur si grande, et qui dura un si long espace de temps, pendant lequel je ne savais si j’étais au ciel ou en terre, je demeurai plusieurs jours comme toute embrasée et enivrée, et tellement hors de moi que je ne pouvais en revenir pour dire une parole qu’avec violence, et m’en fallait faire une si grande pour me récréer et pour manger, que je me trouvais au bout de mes forces pour surmonter ma peine ; ce qui me causait une extrême humiliation. Et je ne pouvais dormir, car cette plaie, dont la douleur m’est si précieuse, me cause de si vives ardeurs qu’elle me consomme et me fait brûler toute vive. Et je me sentais une si grande plénitude de Dieu, que je ne pouvais m’exprimer à ma supérieure comme je l’aurais souhaité et fait, quelque peine et confusion que ces grâces me fassent ressentir en les disant, pour ma grande indignité, laquelle m’aurait fait choisir mille fois plutôt de dire mes péchés à tout le monde ; et ce me serait été une grande consolation, si l’on m’avait permis de le faire et de lire tout haut ma confession générale au réfectoire, pour faire voir le grand fonds de corruption qui est en moi, afin que l’on ne m’attribuât rien des grâces que je recevais.


Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690)

Celle dont je viens de parler au sujet de ma douleur de côté m’était renouvelée les premiers vendredis du mois en cette manière : ce sacré Cœur m’était représenté comme un soleil brillant d’une éclatante lumière, dont les rayons tout ardents donnaient à plomb sur mon cœur, qui se sentait d’abord embrasé d’un feu si ardent, qu’il me semblait m’aller réduire en cendres, et c’était particulièrement en ce temps-là que ce divin Maître m’enseignait ce qu’il voulait de moi, et me découvrait les secrets de cet aimable Cœur.

Et une fois, entre les autres, que le saint Sacrement était exposé, après m’être sentie retirée toute au dedans de moi-même par un recueillement extraordinaire de tous mes sens et puissances, Jésus-Christ, mon doux Maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies, brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée Humanité sortaient des flammes de toute part, mais surtout de son adorable poitrine, qui ressemblait une fournaise ; et s’étant ouverte, me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur, qui était la vive source de ces flammes.

Ce fut alors qu’il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur amour, et jusqu’à quel excès il l’avait porté d’aimer les hommes, dont il ne recevait que des ingratitudes et méconnaissances. « Ce qui m’est beaucoup plus sensible », me dit-il, « que tout ce que j’ai souffert en ma Passion ; d’autant que s’ils me rendaient quelque retour d’amour j’estimerai peu tout ce que j’ai fait pour eux, et voudrais, s’il se pouvait, en faire encore davantage mais ils n’ont que des froideurs et du rebut pour tous mes empressements à leur faire du bien. Mais, du moins, donne-moi ce plaisir de suppléer à leurs ingratitudes autant que tu en pourras être capable ». Et lui remontrant mon impuissance, il me répondit : « Tiens, voilà de quoi suppléer à tout ce qui te manque ». Et en même temps, ce divin Cœur s’étant ouvert, il en sortit une flamme si ardente que je pensai en être consommée, car j’en fus toute pénétrée, et ne pouvais plus la soutenir, lorsque je lui demandai d’avoir pitié de ma faiblesse. « Je serai ta force », me dit-il, « ne crains rien, mais sois attentive à ma voix et à ce que je te demande pour te disposer à l’accomplissement de mes desseins. Premièrement, tu me recevras dans le saint Sacrement autant que l’obéissance te le voudra permettre, quelque mortification et humiliation qui t’en doivent arriver, lesquelles tu dois recevoir comme des gages de mon amour. Tu communieras de plus tous les premiers vendredis de chaque mois. Et, toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j’ai bien voulu sentir au jardin des Olives, et laquelle tristesse te réduira, sans que tu la puisses comprendre, à une espèce d’agonie plus rude à supporter que la mort. Et pour m’accompagner dans cette humble prière que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses, tu te lèveras entre onze heures et minuit, pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère, en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l’amertume que je sentais de l’abandon de mes apôtres, qui m’obligea à leur reprocher qu’ils n’avaient pu veiller une heure avec moi, et pendant cette heure tu feras ce que je t’enseignerai. Mais, écoute, ma fille, ne crois pas légèrement à tout esprit et ne t’y fie pas ; car Satan enrage de te décevoir ; c’est pourquoi ne fais rien sans l’approbation de ceux qui te conduisent, afin qu’ayant l’autorité de l’obéissance, il ne te puisse tromper, car il n’a point de pouvoir sur les obéissants » (14). Dans une autre apparition Jésus dit : « Dans l’excès de ma miséricorde, j’ai voulu dans ces derniers temps, manifester aux hommes, les trésors infinis de mon sacré Cœur ». La révélation du Sacré-Cœur a donc pour origine, d’après les paroles mêmes du Seigneur, l’excès de sa miséricorde pour les hommes.

Caractère et fin de la dévotion au Sacré-Cœur

Après avoir lu les consolantes paroles de la révélation du Sacré-Cœur, voyons-en maintenant le caractère. La dévotion au Sacré-Cœur est essentiellement, comme nous l’avons vu, une dévotion d’amour, un culte à l’amour de Dieu. L’amour veut l’amour « celui qui n’aime pas demeure dans la mort » (1 Jn III, 14). Seul celui qui aime donne vraiment tout, parce qu’en aimant il se donne lui même, et le Cœur de Jésus est un cœur humain qui ne demande que de l’amour. Il l’a révélé Lui-même à sainte Mathilde « il ne me manque que le Cœur de l’homme ». En effet étant Dieu Il a tout, rien ne lui manque, rien ne peut lui manquer, il n’y a que le cœur de l’homme qui ayant été créé libre, peut résister à l’amour de Jésus. La dévotion au Sacré-Cœur est la révélation de l’Amour infini de Dieu pour amener l’homme à un échange d’amour. Les Papes en encourageant ce culte au Sacré-Cœur de Jésus ont enseigné cette vérité. Léon XIII disait : « Jésus n’a pas de désir plus ardent que de voir allumé dans les âmes le feu d’amour dont son Cœur est consumé. Allons donc à Celui qui, comme prix de sa charité, ne nous demande rien d’autre qu’une correspondance d’amour » (15). Pie IX dans le bref de béatification de sainte Marguerite-Marie dit : « L’auteur et le consommateur de notre foi, Jésus, n’a rien eu plus en vue que d’exciter dans les âmes des hommes les flammes dont son Cœur brûlait, ainsi que nous le voyons dans l’Évangile en donner l’assurance à ses disciples : « « Je suis venu jeter le feu sur la terre, et quelle est ma volonté sinon qu’il s’allume ? » (Lc XII, 49) ». Or comme moyen d’exciter davantage ce feu de la charité, il a voulu qu’on établit dans son Église la vénération et le culte de son très sacré Cœur, et qu’on le propageât ». Enfin Pie XII dit : « Ce lien très étroit que les Saintes Écritures (« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné », Rom. V, 5) affirment intervenir entre la divine charité, qui doit brûler dans les cœurs des chrétiens, et l’Esprit-Saint, qui est essentiellement Amour, nous dévoile à tous… la nature intime elle-même de ce culte au très saint Cœur de Jésus-Christ. Car, s’il est manifeste que ce culte… requiert de notre part une volonté de nous consacrer à l’amour du divin Rédempteur… de même il est également manifeste, et dans un sens encore plus profond, que ce même culte suppose avant tout que nous rendions amour pour amour à ce divin Amour. En effet, du fait seul de la charité découle cette conséquence que les cœurs des hommes se soumettent pleinement et parfaitement à l’autorité suprême du Seigneur, puisque, en réalité, le sentiment de notre amour s’attache à la volonté divine au point de ne faire qu’un en quelque sorte, selon ce qui est dit : « Celui qui s’unit au Seigneur n’est avec lui qu’un esprit » (1 Cor. VI, 17) » (16).


Le Sacré-Cœur de Jésus apparaissant à sainte Marguerite-Marie

Le Sacré-Cœur veut régner dans le cœur de l’homme parce qu’en en possédant le centre, le moteur de toute activité, il possède tout l’homme. « Mais l’amour ne se conquiert que par l’amour ! En profond connaisseur du cœur humain, Dieu a voulu se conformer à une loi admirable et universelle de psychologie : « Si tu veux être aimé, aime ! » Il pouvait nous imposer de l’aimer : c’était son droit. Mais on ne commande pas à l’amour ! Et alors Dieu a préféré choisir une autre voie, une voie plus conforme à la nature même de l’amour : « Il nous a aimés le premier » (1 Jn IV, 10), « afin que – explique saint Augustin – si nous avions de la difficulté à l’aimer, au moins nous n’hésitions pas à échanger son amour puisqu’il nous aime », parce que de tous les motifs qui poussent à aimer, le plus efficace est celui d’être prévenu dans l’amour. Certainement a le cœur trop dur celui qui ne voulant pas accorder son amour comme don, refuse encore de le donner comme paiement d’une dette. Quand Dieu a voulu rallumer dans le cœur de l’homme, glacé par l’hérésie janséniste, son amour pour lui, il a eu recours à nouveau au moyen le plus abordable et le plus persuasif : lui révéler, une autre fois l’immense amour de son Cœur pour lui. On ne résiste pas à l’amour « l’amour supporte tout » (cf. 1 Cor. XIII, 7). La dévotion au Sacré-Cœur (…) est une admirable chaîne d’or qui lie et serre ensemble le Cœur de Dieu et celui de l’homme. S’il est vrai que la religion est la rencontre de deux cœurs, alors avec raison Pie XI appelle la nôtre « synthèse de toute la religion »… réservée par la Providence pour donner lumière et chaleur à tout le dogme, à toute la morale chrétienne » (17).

Si cet amour « méconnu » et outragé de Dieu est la note dominante de la dévotion au Sacré-Cœur, l’amour de la part de l’homme ne peut être qu’un amour réparateur. L’homme déchu après Adam doit tenir compte de sa condition de pécheur et donc dans une certaine manière, en aimant il entend le dédommager du tort à lui fait, alors que Dieu continue d’aimer l’homme d’un amour de miséricorde. La miséricorde en effet est un mot latin qui signifie un cœur (le Cœur divin) qui se penche sur une misère naturelle (celle de l’homme pécheur). Dans la révélation du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie et dans les demandes qu’il lui fait, la réparation semble se présenter comme le premier et le plus essentiel acte de dévotion. La dévotion au Sacré-Cœur est donc l’Amour de Dieu, qui demande et cherche l’amour réparateur de l’homme.

Pratique de cette dévotion

Comment peut-on pratiquer cette dévotion sans la connaître ? Il est nécessaire de sortir de notre torpeur et de nous approcher de Jésus dans la méditation et la prière, pour avoir « les sentiments qu’avait en lui le Christ Jésus » (Phil. II, 5) et donc de son Sacré-Cœur. Autrement nous mériterions le reproche que le Seigneur Lui-même faisait à la Samaritaine : « vous adorez ce que vous ne connaissez point… » (Jn IV, 22). Ce sera dans le recueillement de la prière et dans l’assistance (ou célébration, pour les prêtres) à la sainte Messe que nous trouverons le Sacré-Cœur. Disce Cor Dei in verbis Dei (apprends le Cœur de Dieu dans la parole de Dieu) dit saint Bernard. Et après l’avoir connu nous pourrons nous conformer à lui, puisque c’est justement à cette conformité que doit tendre la dévotion au Sacré-Cœur.

Si Dieu « nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils » (Rom. VIII, 29) comme dit saint Paul, quelle est l’image du Fils à laquelle tous ceux qui veulent parvenir au salut éternel doivent se conformer, sinon le Sacré-Cœur de Jésus ? En effet le Seigneur Jésus parle ainsi au dévot : « Tous ne peuvent pas imiter mes actions extérieures, faire les miracles que j’ai fait. La diversité des vocations ne permet pas même à tous de suivre mon genre de vie extérieure : mais tous, grands et petits, savants et ignorants, peuvent et doivent imiter les sentiments de mon Cœur, quelle que soit leur condition. Si donc vous voulez vous sauver, il faut que vous deveniez conformes à mon Cœur ; il faut que votre cœur éprouve les mêmes sentiments que le mien. Vous auriez distribué tous vos biens aux pauvres, voué votre corps aux plus rudes austérités, connu tous les mystères, fait des miracles éclatants, si votre cœur ne ressemblait pas au mien, vous ne seriez rien encore, et tout cela vous serait inutile pour l’éternité. C’est sur votre ressemblance avec mon Cœur que vous serez jugé : c’est elle qui fixera votre sort éternel. (…) Ainsi, tout ce que vous faites ne vous servira de rien, si vous ne le faites pas selon mon Cœur. (…) Plus vous conformerez votre cœur à mon Cour, plus vous assurerez votre salut » (18).

En outre ce serait une grave illusion de laisser cette connaissance du Cœur de Jésus qui s’acquiert en se conformant à Lui, à un niveau purement théorique. Saint Jacques (II, 26) en effet nous avertit « que la foi sans les œuvres est morte ». La vraie dévotion au Sacré-Cœur exige une réforme de l’intelligence et une transformation morale.


La première image du Sacré-Cœur, dessinée sur indication de sainte Marguerite-Marie, vénérée de son temps à la Visitation de Paray-le-Monial et conservée à la Visitation de Turin

« Être dévoué au Sacré-Cœur signifie le connaître et le faire connaître, en défendre les droits, en promouvoir le culte, en prêcher les gloires.

Être dévoué au Sacré-Cœur, c’est chercher dans le Cœur physique de Jésus l’amour qui a donné au monde l’Eucharistie ; c’est étudier au pied du tabernacle cette divine charité qui a révélé aux hommes le Sacré-Cœur.

Ce n’est pas tout. Être dévoué au Sacré-Cœur, c’est pratiquer cette dévotion avec l’enthousiasme de l’amour ; si on se contente de la subir avec une sorte de résignation, elle ne produira pas ses fruits ; elle n’est point un feu qui végète sous la cendre, elle est la flamme qui s’élève ardente et joyeuse.

Être dévoué au Sacré-Cœur, c’est vivre sa dévotion. Il ne suffit pas d’aimer le Sacré-Cœur, il est indispensable de vivre avec lui d’une vie intime, dans une douce familiarité, de ne pas faire un pas sans le consulter, de nous cacher en lui, nous, nos talents, nos désirs, afin qu’il soit glorifié dans toutes nos œuvres « il faut qu’il croisse et que je diminue » (Jn III, 30). Il faut en outre étudier ses vertus, celles de sa vie mortelle, celles de sa vie eucharistique, les saisir, les aimer, les pratiquer pour son amour et pour sa gloire, professer pour toutes les paroles sorties de ses lèvres divines le même respect qui nous fait adorer les moindres parcelles de l’Hostie sainte.

Être dévoué au Sacré-Cœur signifie compatir à ses peines et s’adonner au devoir de la réparation d’une manière affective et effective, efficace et constante, intelligente et généreuse, afin d’expier les crimes monstrueux par lesquels ses ennemis insultent son nom, violent ses commandements, profanent son sacrement d’amour et persécutent son Église ; c’est lui offrir des compensations pour les fautes, matériellement moins graves, mais en fait plus douloureuses, commises par tous ceux qui devraient être ses amis.

Être dévoué au Sacré-Cœur signifie accepter les sacrifices les plus pénibles avec visage souriant, conserver la paix et la joie même quand le cœur saigne, chercher en tout et malgré tout sa plus grande gloire. « Celui qui dit le connaître… » – a écrit l’Apôtre de l’amour – et « ne garde pas ses commandements est un menteur… » (1 Jn II, 4).

Être dévoué au Cœur de Jésus veut dire partager son agonie et ses joies, brûler du désir de le faire connaître et d’étendre son règne, de glorifier son nom, de faire sa volonté, de sauver les âmes (…).

Être dévoué au Sacré-Cœur veut dire aimer passionnément la sainte Église, fleur virginale germée dans son sang, et s’unir à elle par l’adhésion parfaite à ses enseignements et la soumission à son chef. C’est aimer la vie intérieure, la vie cachée, le silence, le recueillement, la mortification. C’est aimer les âmes… les aimer toujours dans l’immolation continue, perpétuelle et totale de nos goûts, de nos idées et de notre bien-être » (19).

De ce qui est exposé jusque-là nous pouvons conclure qu’être dévoué au Sacré-Cœur veut dire surtout pratiquer une dévotion réparatrice qu’on peut exprimer par certains actes principaux : dédommager Jésus du déshonneur qui lui est causé et le consoler de la tristesse que lui cause le péché [réparation affective], faire renaître dans le prochain la vie de la grâce par le zèle pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes [réparation effective]. Enfin il faudra expier nos propres péchés et ceux d’autrui, en nous soumettant volontairement à la peine et à la douleur [réparation afflictive]. Le passage de l’un à l’autre degré est facile et spontané. Ce sont les trois anneaux de l’unique chaîne de l’amour, qui d’affective devient efficace et afflictive, c’est-à-dire qui du cœur passe aux œuvres, jusqu’à se consumer dans l’immolation, puisque la foi sans les œuvres serait morte.

Les promesses du Sacré-Cœur. Conclusion

Dans la pratique de la dévotion au Sacré-Cœur les « promesses » que Jésus fit à sainte Marguerite-Marie et à tous les dévots du Sacré-Cœur méritent un propos particulier. Elles constituent un fait singulier et le Seigneur les a certainement voulues pour attirer davantage encore les hommes à son amour infini.

Le Sacré-Cœur en se révélant à sainte Marguerite-Marie ne s’est pas limité à évoquer en général les bienfaits et les fruits merveilleux que la nouvelle dévotion porterait mais voulut les spécifier d’après les besoins des âmes et le fit par les désormais célèbres et consolantes « douze promesses ». La Sainte resta confuse et ravie de tant de bonté et tous les hommes doivent faire comme elle. Je me limiterai ici à rapporter les douze « promesses » du Seigneur, qui feront ensuite l’objet d’une étude et d’un commentaire dans un autre article avec la pratique des neuf premiers vendredis du mois.

Si cet article (qui n’a certainement pas pu traiter de manière exhaustive le sujet) a allumé dans le cœur des lecteurs une étincelle d’ardente charité pour l’amour infini de Dieu, l’auteur s’estimera heureux d’avoir atteint le but qu’il s’était proposé, puisque s’accompliront les paroles de Jésus : « Je suis venu jeter le feu sur la terre, et quelle est ma volonté sinon qu’il s’allume ? » Aimons un peu plus ce Cœur très aimant et faisons-le aimer aux autres, il sera notre consolation dans cette vie et notre récompense dans l’autre…

Sacré-Cœur de Jésus j’ai confiance en vous !

Sacré-Cœur de Jésus, fournaise ardente de charité, rendez mon cœur semblable au vôtre !

Les douze promesses du Sacré-Cœur de Jésus

en faveur des personnes dévouées à son divin Cœur

1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.

2. Je mettrai la paix dans leur famille.

3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.

4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.

5. Je répandrai d’abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.

6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l’océan infini de la miséricorde.

7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.

8. Les âmes ferventes s’élèveront rapidement à une grande perfection.

9. Je bénirai moi-même les maisons où l’image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.

10. Je donnerai aux Prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.

11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, et il n’en sera jamais effacé.

12. Je te promets, dans l’excès de la miséricorde de mon Cœur, que Son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis, neuf fois de suite, la grâce de la pénitence finale, qu’ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir leurs sacrements, et qu’il se rendra leur asile assuré à cette heure dernière.


Notes :

1) Manete in Dilectione mea, Paray-le-Monial 1925, pp. 16-17.

2) Hypostatiquement du grec upostasis = substance = suppositum, sujet existant, donc personne. Union hypostatique indique donc l’union dans la personne de Jésus de la nature divine avec la nature humaine au moyen de l’Incarnation.

3) Pie XII, lettre encyclique Haurietis aquas, du 15 mai 1956, in La Documentation Catholique, Maison de la Bonne Presse, Paris 1956 – Toujours sur le Sacré-Cœur on peut consulter la très belle encyclique de Pie XI Miserentissimus Redemptor noster du 8 mai 1928.

4) Louise M. Claret de la Touche, Le Sacré Cœur et le sacerdoce, Gabriel Beauchesne, Paris 1930, pp. 35-39. Il s’agit d’un livre très beau dont on peut conseiller la lecture même aux laïcs. Les idées pour la méditation quotidienne y sont très nombreuses. On voit qu’il a été écrit par une vraie disciple de l’amour infini.

5) Ibidem, pp. 40-44.

6) Cette apparition eut lieu probablement dans les premiers jours de décembre 1954 quand le Pape était gravement malade, les médecins n’avaient plus laissé d’espoir, et tout le monde catholique priait et offrait des sacrifices pour sa guérison. Alors que Pie XII se trouvait au lit seul dans sa chambre et récitait comme il avait coutume de le faire la belle prière de saint Ignace « Anima Christi » arrivé aux mots « et jube me venire ad Te » il vit le Sacré-Cœur debout à côté de son lit. Le Seigneur le réconforta en lui faisant comprendre que son heure n’était pas encore venue ; en effet la santé de Pie XII à partir de ce moment commença à s’améliorer, et il put reprendre peu à peu toutes ses activités. Le Pape lui-même confia la vision à Mgr Tardini et à Sœur Pascalina. La nouvelle fut révélée au monde entier par l’hebdomadaire « Oggi » en 1955, et ne fut jamais démentie par la salle de presse du Vatican. (Cf. Robert Serrou, « Pie XII le pape roi », Perrin, Paris 1992).

7) M. de la Touche appelle l’Eucharistie et le sacerdoce « création de l’amour infini » et don de la miséricorde du Sacré-Cœur qui « un jour sentit l’Amour Infini déborder de son Cœur ; et, voulant créer un être qui pût continuer son œuvre, subvenir à tous les besoins de l’homme : un être qui pût aider cet homme, le soutenir, l’éclairer, le rapprocher de Dieu, Il créa le prêtre ! » (op. cit. p. 4).

8) Pie XII, Haurietis aquas, op. cit.

9) P. Agostini, S.C.J. « Il Cuore di Gesù – Storia Teologia pratiche promesse ». Studentato delle Missioni, Bologna 1950, pp. 25-26.

10) P. Agostini S.C.J. op. cit, p. 27.

11) Dixième méditation in Migne P. L.158 Col. 762 A. B.

12) P. Agostini S.C.J. op. cit, p. 31.

13) P. de Gallifet Joseph, L’Excellence de la dévotion au Cœur adorable de Jésus-Christ, Veuve Baltasard, Nancy 1745, p. 4. Cité in P. Agostini S.C.J. op. cit.

14) « Vie de Sainte Marguerite-Marie Alacoque écrite par elle-même » in « Vie et œuvres de Sainte Marguerite-Marie Alacoque », Ancienne Librairie Poussielgue, J. de Gigord, Paris 1920, tome II pp. 69-73.

15) Léon XIII, encyclique du 28 juin 1889.

16) Pie XII, Haurietis aquas, op. cit.

17) P. Agostini S.C.J. op. cit, pp. 158-159. Pour la citation de saint Augustin la référence est la suivante : de catechizandis rudibus, c.4 n.7 in R.J. 1589.

18) P. Arnold S.J., Imitation du Sacré Cour de Jésus, Pellion et Marchet Frères Dijon 1883, livre l, chapitre IV.

19) Manete in Dilectione mea, op. cit, pp. 26-28.