Faux faussaires et vrais calomniateurs. La revue “Sub Tuum Præsidium” a le devoir de se rétracter, et tous, nous avons besoin de réfléchir
(Extract de la revue Sodalitium n°57 de mai 2005)
Par M. l’abbé Ricossa
C’est en 1978 que l’abbé Vincent-Marie Zins fut ordonné diacre par Mgr Marcel Lefebvre, à Ecône. Expulsé ensuite du séminaire de la Fraternité Saint-Pie X, il n’a jamais reçu le sacerdoce, mais il est demeuré fidèle aux obligations qui dérivent de l’ordre sacré reçu en son temps. Il publie depuis quelques années à Saint-Léger-en-Charnie une revue sédévacantiste intitulée Sub Tuum Præsidium dont il est l’unique collaborateur. J’ai sur mon bureau trois numéros de sa revue (78-79-80, respectivement de juin, novembre et décembre 2004) entièrement consacrés à combattre la Thèse théologique dite de Cassiciacum du Père M.-L. Guérard des Lauriers, thèse adoptée depuis 1986 par notre revue Sodalitium et par l’Institut Mater Boni Consilii. L’abbé Zins y annonçait la publication de deux autres numéros dédiés à la Thèse et à ce qu’il appelle le “guérardisme”, numéros qui devraient être déjà parus mais qui ne me sont pas parvenus (je ne suis pas abonné à la revue); j’ignore donc le contenu des numéros 81 et 82 (s’ils ont été édités). D’ailleurs, il n’est pas dans les intentions de cet article de répondre aux interminables objections de l’abbé Zins et qui durent depuis des années.
Par contre, il est de mon devoir, par respect pour le bon renom de mon sacerdoce et de la revue que je dirige, de répliquer à une accusation très grave, et tout aussi injustifiée, qui m’est adressée: celle d’être un faussaire. Les lecteurs des deux revues (Sodalitium et Sub Tuum Præsidium) pourront en effet éventuellement discuter librement de la validité de la Thèse de Cassiciacum, comme de toute autre thèse théologique (entre autres celle de l’abbé Zins); peut-être aussi n’arriveront-ils pas à s’y retrouver dans la discussion … Mais l’authenticité ou la fausseté d’un document est facile à constater. A chacun donc de juger qui est le faussaire et qui, éventuellement est le calomniateur. Enfin, de cet épisode, je me permettrai de tirer une leçon utile à tous, et qui dépasse la question à l’origine de cette réflexion.
La grave accusation de Sub Tuum Præsidium
…Se trouve dans le n. 79, septembre 2004, aux pages 9 et 10, au point 15 e). L’auteur écrit: “Un artifice semblable [à un autre attribué à la revue Sous la Bannière, n.d.a.] a été employé dans la revue ‘guérardienne’ Sodalitium, n. 44 (7/1997) [édition française, n.d.a.]. Après avoir cité (note 39, p. 21) un authentique décret du Saint-Office, daté du 13/3/1669, distinguant en des ordinations schismatiques la validité du rite employé du caractère illicite et peccamineux, l’abbé Ricossa cite un pseudo-décret du 6/6/1639 permettant d’absoudre ceux s’étant adressés en raison d’une juste cause à des évêques schismatiques pour des ordres sacrés, avec l’étonnante et contradictoire “justification: puisqu’ils ne pèchent pas en le voulant, suivi de ce commentaire [de l’abbé Ricossa, n.d.a.]: ‘Ce décret n’est plus en vigueur, mais il confirme combien il est faux de dire que le fait de recevoir les ordres d’un acatholique implique, toujours et en soi, un péché de schisme ou d’hérésie…’” (p. 9 de Sub Tuum Præsidium).
Après avoir cité Sodalitium, l’abbé Zins poursuit entre crochets: “Or, parmi les réponses des Sacrées-Congrégations, la collection officielle (Collactanea) de ceux du Saint-Office ne comporte pas celle prétendue [réponse, n.d.a.] à la date indiquée de 1639. Ce que sait l’abbé Ricossa qui, dans une correspondance privée du 4/7/1995, a pu fournir une photocopie d’une page de l’Edition Collactanea pour le vrai décret, mais a usé d’un simple texte tapé à la machine pour le faux!?” (p. 10).
L’abbé Zins, triomphant, peut ainsi appliquer au faussaire (l’abbé Ricossa) le canon 2360 du code de droit canon: “§1. Tous les fabricateurs ou faussaires de lettres, décrets ou rescrits du Siège Apostolique, et ceux qui utilisent en le sachant de tels faux encourent ipso facto une excommunication spécialement réservée au Siège Apostolique. § 2. Les clercs commettant ce délit doivent être en outre soumis à d’autres peines qui peuvent aller jusqu’à la privation du bénéfice, office, dignité et pension ecclésiastiques; les religieux doivent être privés de tous les offices qu’ils ont et de leur voix active ou passive, en plus d’autres peines établies en leurs propres constitutions.” (p. 10 de Sub Tuum Præsidium).
Ne jouissant d’aucune pension, dignité, office et bénéfice ecclésiastiques… je n’ai risqué que l’excommunication! Et le lecteur de Sub Tuum Præsidium, n’ayant pas la possibilité de vérifier les affirmations de l’abbé Zins, aura la certitude que le ‘guérardien’ abbé Ricossa est un faussaire de décrets pontificaux excommunié ou dans la meilleure des hypothèses il nourrira des soupçons à son égard. Il est évident que, si cela était vrai, personne ne pourrait plus avoir confiance en l’abbé Ricossa, ni en tant qu’homme ni en tant que prêtre, ni avoir confiance par conséquent en la revue qu’il dirige. Mais si, par contre, l’accusation est calomnieuse, quelle confiance pourra-t-on avoir désormais dans les écrits de l’abbé Zins contre la Thèse de Cassiciacum ? La “bérésina doctrinale du guérardisme” ne deviendrait-elle pas plutôt la “bérésina morale” de l’abbé Zins ?
Le texte de l’abbé Ricossa mis sous accusation
Voyons maintenant le texte de l’abbé Ricossa mis sous accusation par l’abbé Zins. Ce texte se trouve effectivement dans le n° 44 de l’édition française de Sodalitium, à la note 39 de la page 21. Dans l’édition italienne il s’agit de la note 39, à la p. 29, de l’opuscule: Le Consacrazioni Episcopali nella situazione attuale della Chiesa. Risposta all’articolo di don H. Belmont édité par notre Centro Librario Sodalitium, et toujours en vente actuellement. Pour la question qui nous intéresse, voici ce que dit la “fameuse” note 39 :
“A propos d’évêques sacrés par des acatholiques, voir également le décret du Saint-Office du 13/03/1669 (la consécration est valide mais illicite, ce pour quoi l’évêque doit être dispensé de l’irrégularité et relevé de la suspens a divinis) cf. Collectanea S. Congregationis de Propaganda Fide, vol. I, n. 177, Roma, 1907. Un décret du Saint-Office du 06/06/1639 se montre encore plus large. Il permet de recevoir les ordres sacrés ‘d’Evêques grecs et le plus souvent schismatiques’… s’il existe une cause juste! (“Posse absolvi volentes ex iuxta causa accedere ad espiscopos schismaticos excommunicatos toleratos, cum taliter volendo non peccent”) (Codificazione Canonica Orientale – Fonti, fasc. I, part. I, Typographia Polyglotta Vaticana, 1930, p. 79). Ce décret n’est plus en vigueur, mais il confirme combien il est faux de dire que le fait de recevoir les ordres d’un acatholique implique, toujours et en soi, un péché de schisme ou d’hérésie, comme le prétend l’abbé Zins”.
Ce que Sub Tuum Præsidium a caché à ses lecteurs
Le lecteur de Sodalitium (pas celui de Sub Tuum Præsidium) a maintenant sous les yeux les deux textes, celui de l’abbé
Zins, qui cite l’abbé Ricossa, et celui de l’abbé Ricossa lui-même. Une chose saute aux yeux immédiatement: l’abbé Ricossa avait cité – dans ses moindres détails – la source du décret de 1639 qui, pour l’abbé Zins, serait un faux. Le décret de 1639 – faux? authentique? – se trouverait pour l’abbé Ricossa dans un volume de 1930, imprimé au Vatican, et intitulé Codificazione Canonica Orientale. Fonti. Ce “détail” a été omis par l’abbé Zins. Les lecteurs de Sub Tuum Præsidium l’ignorent. C’est ainsi que l’abbé Zins peut leur expliquer avoir cherché ce décret dans la Collectanea, et ne pas l’avoir trouvé. Donc il s’agit d’un faux! Le problème – pour la bonne foi de l’abbé Zins – réside dans le fait que j’ai indiqué de façon précise la source du décret en question, et que cette source n’est pas la Collectanea, mais le volume Codificazione Canonica Orientale. L’abbé Zins ne l’ignore pas. Ses lecteurs, oui, parce que l’abbé Zins le leur a caché. Si Sub Tuum Præsidium avait cité ma note in extenso, personne n’aurait été surpris du fait que l’abbé Zins n’ait pas trouvé dans un livre un décret qui était indiqué comme se trouvant dans un autre…
La correspondance privée de l’abbé Ricossa. Ne valait-il pas mieux chercher dans une bibliothèque ?
Mais l’abbé Zins n’est pas d’accord avec le décret du Saint-Office de 1639, qui contredit ses certitudes. DONC ce doit être un faux. Un faux de l’abbé Ricossa. Pour en avoir la certitude, le rédacteur unique de Sub Tuum Præsidium aurait dû avoir la patience de chercher, dans une bibliothèque bien fournie le volume indiqué comme source par l’abbé Ricossa. Eh bien non. L’abbé Zins fait appel à la correspondance privée de l’abbé Ricossa avec une tierce personne. Une lettre de 1995 (l’article est de 1997). Dans ladite lettre privée, l’abbé Ricossa n’envoyait pas à son correspondant la photocopie du “vrai” décret, tiré de la Collectanea, mais seulement un texte tapé à la machine du “faux” décret.
Ce détail est exact, mais tant mon correspondant que l’abbé Zins, se sont bien gardés de m’en demander le motif: pour l’abbé Zins tout était clair, évident: le texte du décret, c’est moi, le faussaire “guérardien” qui l’avais inventé et tapé à la machine…
Cet incident me permet de rendre à chacun ce qui lui est dû, en l’occurrence de donner à l’abbé Sanborn ce qui revient à l’abbé Sanborn. Oui, parce que le texte des deux décrets n’est pas le fruit de mes longues recherches (et encore moins de mes inventions), mais il est le fruit des patientes et scrupuleuses recherches du révérend Donald Sanborn (à ce jour, Mgr Sanborn) menées en 1991 à la bibliothèque de l’Université pontificale de Washington, qui me communiqua le résultat de ses études par une lettre du 3 mai 1991. La lettre en question accompagnait un vaste dossier de documents sur le thème des consécrations épiscopales, parmi lesquels figuraient les deux fameux décrets, le “vrai”, photocopié à partir du volume de la Collectanea, et le “faux” (pour l’abbé Zins) seulement tapé à la machine: l’abbé Sanborn, évidemment, n’avait pas pensé à le photocopier. Dans le texte tapé à la machine que m’envoyait l’abbé Sanborn (texte en possession de l’abbé Zins grâce à mon correspondant), la date du décret n’est pas celle du 6 juin 1639, comme je l’ai écrit par erreur, mais du 7 juin 1639: le lendemain.
Un texte faux, inventé, donc, que celui que m’a envoyé l’abbé Sanborn en 1991 et que je cite dans un opuscule de 1997? L’abbé Zins aurait dû vérifier en bibliothèque. Il ne l’a pas fait. C’est moi qui l’ai fait.
Le “faux” décret se trouve effectivement dans la source citée. Nous en avons (et publions) les preuves
Il ne m’a pas été nécessaire de me déplacer. Il m’a suffi de demander à deux amis romains de contrôler à la Bibliothèque de l’Université pontificale grégorienne. Voici la photocopie du frontispice de la Codificazione Canonica Orientale, volume publié par la Sacrée Congrégation Orientale. Et voici les photocopies des pages 79 et 81 avec le décret en question (la page 80 est blanche). Décret authentique, on ne peut plus authentique. Mais alors, calomnie authentique aussi que celle publiée à mon endroit et à l’endroit de Sodalitium par l’abbé Zins.
La gravissime accusation est donc une calomnie qui doit être publiquement rétractée
Étant établi que l’accusation émise par Sub Tuum Præsidium est fausse, il ne reste qu’à rappeler ce qu’enseigne le catéchisme.
Je citerai le grand catéchisme de saint Pie X (Itinéraires, suppl. au n. 143, mai 1970, Chap III: Les commandements qui concernent le prochain. §5.- 8ème commandement, pp. 183-184) :
Qu’est-ce que le mensonge pernicieux ?
Le mensonge pernicieux est l’affirmation d’une chose fausse qui fait tort au prochain.
Quel péché est le mensonge ?
Quand le mensonge est joyeux ou officieux, c’est un péché véniel; mais s’il est pernicieux, c’est un péché mortel si le préjudice causé est grave.
Pour celui qui a péché contre le huitième commandement, suffit-il qu’il s’en confesse?
Pour celui qui a péché contre le huitième commandement, il ne suffit pas qu’il s’en confesse; il est obligé de rétracter ce qu’il a dit de calomnieux contre le prochain, et de réparer du mieux qu’il le peut les dommages qu’il lui a causés.
Que nous ordonne le huitième commandement ?
Le huitième commandement nous ordonne de dire quand il le faut la vérité, et d’interpréter en bien, autant que nous le pouvons, les actions de notre prochain.
Une leçon pour nous tous
Les paroles de saint Pie X m’incitent à laisser le triste épisode dont j’ai parlé jusque-là, pour aborder le problème plus général de la calomnie et de la diffamation.
Il est des revues – même catholiques et même fidèles à la tradition – qui semblent spécialisées en cette façon d’agir, calomniant un peu tout le monde, sans en exclure, récemment encore, notre Institut. Mais le danger de pécher, ou du moins d’errer, menace tout le monde. Je ne me rappelle pas que Sodalitium ait jamais calomnié sciemment quiconque, du moins dans le sens d’attribuer faussement à quelqu’un des paroles jamais dites et des écrits ou actions qu’il n’a jamais commises. Je ne peux cependant pas exclure l’erreur, de même que je ne peux exclure la bonne foi de la revue qui m’a faussement accusé de faux. Le fait est que souvent les passions nous aveuglent et nous portent à considérer comme évident ce qui ne l’est pas, et à violer souvent objectivement la vérité, la justice ou la charité. Je suis donc le premier à présenter mes excuses au cas où j’aurais calomnié quelqu’un et à prier sincèrement que me soient indiquées les erreurs éventuellement commises (non pas dans les idées que nous défendons, mais dans les faits, écrits ou paroles éventuellement attribués faussement à d’autres).
On ne rappelle jamais assez la règle dictée par saint Ignace au début de ses Exercices Spirituels :
“…il faut présupposer que tout homme vraiment chrétien doit être plus disposé à justifier une proposition obscure du prochain qu’à la condamner. S’il ne peut la justifier, qu’il sache de lui comment il la comprend; et s’il la comprend mal, qu’il le corrige avec amour; et si cela ne suffit pas, qu’il cherche tous les moyens convenables pour le mettre dans la voie de la vérité et du salut.” (n° 22).
On nous objectera à cette modération, que le Christ lui-même, les Apôtres et les Evangélistes, les Pères et les Docteurs de l’Eglise, les auteurs catholiques n’ont jamais manqué de polémiquer, et même, âprement, avec les ennemis de Dieu et de l’Eglise. Sans doute. Ils l’ont fait, certes, mais à deux conditions: 1) qu’il s’agisse véritablement d’ennemis de Dieu et de l’Eglise, et non de… nos propres ennemis; 2) et même en ce cas (où il s’agit d’ennemis de Dieu et de l’Eglise), que la vérité soit sauve.
Les controverses, même enflammées, entre catholiques, sur des questions encore librement en discussion, n’ont jamais manqué dans l’histoire de l’Eglise. Naturellement, il n’est pas possible que tous aient raison: dans ces controverses il y a ceux qui avaient ou ont raison, et ceux qui avaient ou ont tort; cependant, tant qu’elle n’a pas considéré comme opportun de se prononcer, l’Eglise a toujours imposé aux adversaires la modération, et elle leur a toujours interdit d’échanger des accusations réciproques d’hérésie ou autres censures (DS 2167, 2679, 3625). Sont demeurées célèbres à ce propos les disputes sur le Précieux Sang entre dominicains et franciscains (DS 1385), celle sur l’Immaculée Conception entre ces mêmes ordres religieux (DS 1426) et résolue seulement avec la définition dogmatique de Pie IX, celle entre dominicains et jésuites, ouverte aujourd’hui encore, sur la Grâce (DS 1997, 1997a, 2510, 2564, 2565), celle sur la nécessité de la contrition (DS 2070), celle, toujours entre dominicains et jésuites, sur les systèmes moraux. Dans tous ces cas il était licite de défendre sa propre opinion théologique, et même de réfuter l’opinion de l’adversaire, en en montrant le danger, mais il n’était pas licite de prévenir le jugement de l’Eglise par des condamnations et des censures.
Quant aux hérétiques, aux schismatiques, ou à leurs adeptes, la doctrine catholique enseigne par contre que l’on peut et doit parfois même tout faire pour les discréditer, même publier leurs défauts; il existe cependant une limite: la vérité. Un auteur, certes peu suspect de libéralisme, Don Felix Sarda y Salvany, écrit en effet dans son œuvre célèbre, Le libéralisme est un péché: “Ainsi donc il convient d’enlever toute autorité et tout crédit au livre, au journal et au discours de l’ennemi, mais il convient aussi, en certains cas, d’en faire autant pour sa personne, oui, pour sa personne qui est incontestablement l’élément principal du combat, comme l’artilleur est l’élément principal de l’artillerie et non la bombe, la poudre ou le canon… Il est donc licite en certains cas de révéler au public ses infamies, de ridiculiser ses habitudes, de traîner son nom dans la boue. (…). Il importe seulement de ne pas mettre le mensonge au service de la justice. Cela non, sous aucun prétexte il ne peut être porté atteinte à la vérité, même d’un iota.” (chap. XXIII).
Il serait bon de ne jamais l’oublier, même dans le feu des polémiques les plus enflammées …
Enfin: acribie
L’acribie, dit le Larousse universel de 1922, est “la qualité de l’érudit qui travaille avec le soin le plus scrupuleux”. L’acribie, dans la question qui a été à l’origine de cet article, aurait consisté de ma part à ne pas me tromper (d’un jour) dans la date du fameux document. L’acribie, pour l’abbé Zins, aurait consisté à consulter en bibliothèque la source citée, avant d’accuser un prêtre de faux; il aurait évité une erreur qui ne fait pas honneur à sa personne et à la thèse qu’il défend. En ce qui concerne Sodalitium, l’acribie a consisté à faire cette diligente recherche que les autres n’ont pas faite, et qu’aujourd’hui nous pouvons publier.
La hâte, la passion, le manque de sérieux, et pis encore d’honnêteté intellectuelle, le manque de discernement et de la capacité d’opérer les distinctions dues, le manque d’objectivité ou d’amour de la vérité… voilà autant d’ennemis d’une acribie saine, ni pédante ni présomptueuse.
Dans les polémiques actuelles qui confrontent les catholiques d’aujourd’hui à tant d’ennemis, l’acribie est importante, d’abord pour rendre hommage à la vérité qui est l’unique charité que l’on doit à l’histoire, mais aussi pour produire des études sérieuses, fiables, convaincantes, qui puissent véritablement faire triompher la bonne cause dans le combat des idées. Nous invitons donc tous les amis qui veulent défendre la Tradition de l’Eglise à pratiquer cette vertu qui, bien que petite, peut faire cependant éviter de grands vices et de grandes sottises.